Brian Napoletano - EI
En réponse à l’intense pression politique de nombreuses organisations  sionistes, l’administration de l’Université de Californie, Irvine (UCI) a  récemment décidé de suspendre le droit d’étudiants musulmans  à se  rassembler et à pratiquer ensemble leur culte dans le campus.  
Video  montrant les successives interruptions imposées à l’ambassadeur  israélien - agent de propagande de la politique criminelle de  l’état-voyou qu’il représente - lors de sa tentative de speech à l’UCI
Prétextant que des courriels anonymement "diffusés" au  sein de l’université prouvent que huit membres de l’Union des Etudiants  Musulmans (UEM) étaient responsables d’une manifestation contre  l’ambassadeur israélien Michael Oren lors de sa visite à l’UCI. Le  projet de l’administration de restreindre plus de 250 membres de l’Union  des Etudiants Musulmans pour un an sera effectif dès septembre, et  placera celle-ci sous un examen sévère et un essai disciplinaire si le  groupe étudiant est permis de redemander sa reconnaissance en automne  2011.
Le groupe d’étudiants fait appel de cette interdiction,  affirmant que l’UEM ne soutenait pas cette manifestation, et que les  étudiants arrêtés  pour avoir interrompu le discours d’Oren n’agissaient  pas au nom du groupe. Des membres ont aussi rejeté la décision de l’UCI  d’imposer ce que leur avocat Reem Salahi a décrit comme "rien d’autre  qu’une punition collective" en suspendant un groupe entier sur une  protestation politique.
Faisant référence aux efforts de puissantes  organisations telles que l’Anti-Defamation League et la Zionist  Organization of America, beaucoup affirment que l’UCI permet aux  organisations extérieures de décider comment traiter ses étudiants.  Plusieurs de ces organisations ont publiquement décrit leur projet de  faire pression sur l’administration pour suspendre le groupe  d’étudiants, et ont annoncé leur intention d’entreprendre des  initiatives similaires sur d’autres campus où des étudiants s’organisent  pour la défense des droits palestiniens.
Alors qu’il livre une présentation des relations  israélo-américaines en Février, Oran a été interrompu de nombreuses fois  par des étudiants qui ont été choqués qu’il ne dise rien à propos des  droits de l’homme et parce qu’il a critiqué le rapport Goldstone  commissionné par les Nations Unies. Comme un précédent porte-parole  militaire d’Israël, Oren a, dans les principaux médias, défendu les  invasions sur Gaza et le Liban en 2006, l’opération Plomb Durci en hiver  2008/2009, et a encensé son rôle de parachutiste pendant l’invention  israélienne sur le Liban en 1982. Bien qu’Oren ait tout de même fini la  présentation, l’université a fait arrêter les 11 étudiants qui l’ont  interrompu (huit étaient de l’UCI et trois étaient de l’UC Riverside),  et les huit étudiants de l’UCI ont été par la suite amenés au Bureau des  Affaires Judiciaires de l’université, qui les a informés qu’ils  pourraient avoir à faire face à des poursuites en plus des éventuelles  autres punitions que l’université déciderait d’administrer. Même s’ils  sont tous membres de l’UEM, les étudiants maintiennent que leur  manifestation n’était pas une initiative de l’UEM, et qu’ils agissaient  individuellement (("11 arrestations pour avoir interrompu l’ambassadeur israélien," The Orange County Register, 8 Février 2010).
L’université a publiquement condamné les étudiants qui  ont manifesté et, en réponse aux exigences de la Jewish Federation  Orange County (JFOC) et d’autres organisations, a initié un Examen  Judiciaire Etudiante de l’UEM. Et pendant que cet examen était en cours,  des personnes ont anonymement diffuse des emails et d’autres documents à  la JFOC, au Projet d’Investigation sur le Terrorisme et l’UCI qui a  déclaré avoir piraté le compte email de l’UEM.
En dépit de sa nature hautement suspecte et de sa source  inconnue, Lisa Cornish, présidente de l’Examen Judiciaire et  directeur-cadre de la Maison des Etudiants, a basé ses découvertes  presque exclusivement sur cette "évidence" quand elle a conclu que l’UEM  avait violé des articles du Code de Conduite en "établissant tous les  détails de l’interruption" et ensuite en "couvrant" son engagement en  déclarant que la manifestation n’était pas une activité de l’UEM. Dans  sa lettre du 27 mai aux étudiants, Cornish a dit qu’elle envisageait de  révoquer le groupe le 1er septembre, d’exiger que chaque membre effectue  50 heures de travaux d’intérêt général, et de faire placer le groupe  sous essai disciplinaire pour une année supplémentaire si on l’autorise à  être refonder en automne 2011 ("Lettre aux membres de l’Union des Etudiants Musulmans"  [PDF]). Elle n’a, toutefois, pas fait savoir si l’université a planifié  de déposer plainte contre les huit étudiants qui étaient en réalité  responsables de la manifestation.
Dans l’optique de ces possibles poursuites, l’avocat de  l’UEM Salahi était incapable de parler de la preuve présumée dans le  détail. Cependant, elle a maintenu que les manifestants n’ont pas agi  pour le compte de l’UEM. Elle a également dit que la majorité des  preuves apportées étaient sans fondement, et que la punition de  l’université était tout bonnement inappropriée, déclarant que "tous les  étudiants musulmans du campus ont été sanctionnés pour les actions d’une  minorité. "
Salahi a aussi souligné le rôle central que l’UEM joue  au sen de la communauté étudiante musulmane. Alors que le soutien en  faveur des droits palestiniens est une de ses activités les plus  remarquées, l’UEM a aussi travaillé avec différents groupes étudiants et  culturels sur plusieurs mouvements de justice sociale et sur des  projets de services à la communauté. Au printemps dernier, le Centre  Culturel de l’UCI a reconnu la contribution de l’UEM en lui attribuant  la Récompense de Justice Sociale. Le groupe étudiant a également facilité les prières quotidiennes et  hebdomadaires sur le campus, a donné des cours religieux et organisé des  événements sociaux. Etant donné son importance pour la communauté  étudiante musulmane, plusieurs étudiants sentent que leur droit de  participer à la vie communautaire du campus en tant que musulmans est en  train de s’éroder. Le fraîchement élu président de l’UEM Assad Triana  observe, “priver les étudiants d’un lieu pour se réunir contrevient à  leurs droits protégés par le Premier Amendement et représente un acte de  marginalisation à une époque où les étudiants musulmans et les jeunes  musulmans se sentent assiégés. "
La décision de l’université de suspendre toute l’UEM  soulève les questions des pressions externes éventuelles venant de  célèbres organisations anti-palestiniennes. Husam Ayloush, directeur  exécutif du Conseil des Relations Américano-Islamiques, a déclaré que  l’interruption du discours d’Oren   "n’était rien d’autre qu’une  protestation pacifique et symbolique de la présence de l’ambassadeur  israélien à l’UCI, " suggérant que la réaction de l’université "semble  être politiquement motivée à réduire au silence toute critique pacifique  et légitime des pratiques brutales d’Israël. "
Une grande partie de cette motivation politique venait  d’organisations sionistes très connues comme le JFOC, l’Anti-Defamation  League (ADL) et la Zionist Organization of America (ZOA) - - qui ont  toutes ouvertement exigé que l’université suspende tout le groupe  étudiant après la manifestation de février.
Le JFOC a commencé par attaquer l’UEM pour son  ”antisémitisme” présumé quand le groupe étudiant avait commence à  critique publiquement la politique israélienne près de 10 ans plus tôt.  Le JFOC s’était immédiatement associé à des groupes du campus comme  Hillel pour faire pression sur l’administration et réduire en silence la  critique d’Israël, déclarant que cela intimidait les étudiants juifs.  Le JFOC s’alliait bientôt à l’ADL, qui a commencé à exercer une pression  médiatique et politique sur l’administration pour qu’elle prenne des  décisions contre l’UEM. 
La ZOA a aussi joint ses forces, et a fait pression sur  différents contacts au sein de l’administration de l’UCI pour suspendre  l’UEM. Par exemple, dans une lettre personnelle au président de  l’université Mark Yudof, le président de la ZOA Morton Klein a condamné  l’UEM de l’UCI ainsi que le Comité pour la Justice en Palestine de  l’université de Santa Cruz, et a accusé les directeurs des deux  universités d’être "extrêmement inefficaces" dans leurs efforts pour  passer sous silence la critique d’Israël. ("Lettre de Mark Yudof, Re : Université d’Irvine and Université de Santa Cruz," 8 Août 2008 [PDF])
Outragée par les manifestations contre Oren, toutes les  organisations sionistes ont virtuellement appelé à la suspension de  l’UEM en février. Bien que la ZOA se soit placée en désaccord avec  plusieurs autres organisations  quand elle a initié un boycott juif de  l’UCI, les différentes factions ont continué à coordonner leur campagne  pour obtenir la suspension du groupe étudiant. La campagne contre l’UEM est devenue si intense que son vice-président,  Hadeer Soliman, l’a décrite comme une attaque hors-la-loi sur "les  droits les plus basiques de la liberté d’association" des étudiants, et a  déclaré que les détracteurs de l’UEM "ne cherchent pas la justice, mais  plutôt la censure. "
Un des protestataires emmenés par la police
Alors que les manifestations contre les agissements  d’Israël sur le peuple palestinien continuent de se multiplier, ses  opposants aux Etats-Unis focalisent plus leur énergie et leurs  ressources à passer sous silence les dissidences dans les campus. Tandis  que les attaques personnelles sur les facultés sont assez communes, la  seule autre fois où un groupe étudiant a rejeté une sanction pour une  protestation politique était quand l’université de Berkeley a  temporairement suspendu son groupe étudiants pour la Justice en  Palestine pendant une enquête en 2002. Comme la porte-parole de l’UEM  Mahdis Kesharavz l’a souligné, la mesure par laquelle l’université a  autorisé des organisations externes à lui dicter les sanctions contre  ses étudiants est à la fois sans précédent et alarmante. "En permettant  une institution extérieure de venir au campus et influencer les  positions étudiantes," expliquait-elle, "l’UCI n’arrive pas à les  protéger et met en place un cadre dangereux."
Cela apparaît être exactement ce que les partisans  d’Israël espèrent, alors que la plupart des organisations impliquées ont  exprimé leur conviction que la suspension de l’UEM aura un impact  significatif sur les autres campus. Dans son communiqué de presse, la  ZOA a déclaré que cette décision  "envoie un message fort aux autres  lycées et universités... rendant évident que le dogmatisme contre les  Juifs et l’Etat hébreu ne sera pas toléré" ("Union des Etudiants Musulmans suspendue à l’Université d’Irvine").  Le coté implicite de ce message est, semble-t-il, qu’on a renoncé à la  prétention aux libertés académiques dans les campus de la nation, et   plus largement que les objections à propos de l’apartheid israélien vont  rencontrer de vives représailles
Décrivant une diffamation de l’université contre les  étudiants musulmans comme une autre "criminalisation du discours  politique arabe et musulman qui a pénétré le système universitaire  américain en opposition aux principes d’égalité raciale et religieuse, "  la campagne américaine pour le Boycott Académique et Culturel d’Israël a  récemment instauré un état de solidarité qui condamne l’attaque de  l’administration sur "le droit à la liberté d’expression" des étudiants  et les a appelés à "restaurer l’intégrité de l’académie" en abrogeant  son interdiction ("Déclaration d’action de condamnation disciplinaire contre Irvine 11 ...," 13 Juin 2010).
La décision de l’UCI de sanctionner un de ses groupes  étudiants pour une protestation politique est une menace directe pour la  liberté académique et le droits des étudiants d’organiser et de parler  librement. Alors que beaucoup d’organisations de droite commencent à  cibler l’académie, des étudiants dans d’autres mouvements de justice  sociale pourraient bientôt se trouver eux-mêmes sous le feu  d’organisations externes. Pendant que la précédente affaire de la  décision de l’UCI pourrait forcer des étudiants à se soumettre, d’autres  pourraient répondre en bâtissant une plus forte solidarité avec les  étudiants engagés dans des combats différents mais liés pour la justice  sociale à la maison comme à l’étranger.
* Brian Napoletano est un  membre de l’Organisation Internationale Socialiste et l’ancien président  des Relations Publiques des Etudiants Universitaires pour la Justice en  Palestine. He a précédemment écrit pour le Palestine Chronicle, MRZine  et Socialist Worker. On peut le joindre par email à  b.napoletano@gmail.com.
14 juillet 2010 - The Electronic Intifada - Vous pouvez consulter cet article à :
http://electronicintifada.net/v2/ar...Traduction de l’anglais : Yazid Slaim
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