Jean-Louis Pourtet
Israéliens  et Palestiniens ont donné leur accord à la reprise des pourparlers  directs, le 2 septembre à Washington. Le Quartette (Russie, Etats-Unis,  Nations unies et Union européenne) a rappelé son souci d’aboutir à un  règlement des questions liées aux statuts définitifs. Les experts  américains du Proche-0rient émettent des opinions mitigées sur les  chances d’aboutir. Mais à la Maison Blanche, le ton est à l’optimisme.
La Secrétaire d’Etat  américaine, Hillary Clinton, a annoncé que Benyamin Netanyahu et Mahmoud  Abbas ont accepté l’invitation du président Barack Obama, à venir  reprendre, le 2 septembre à Washington, leurs pourparlers directs  interrompus depuis 2008 [1].
John Brennan, le conseiller à la sécurité, a déclaré que  la reprise des pourparlers de paix directs qui vont porter sur  l’ensemble de questions de statut final, engendrait « un grand espoir ».  Il a aussi souligné que les Etats-Unis vont jouer un rôle important  pour faciliter les discussions, afin de parvenir à un accord de paix  global.
Nouvelles synergie
Les commentateurs estiment qu’un face à face entre  Netanyahu et Abbas, avec pour arbitre Obama, peut créer une nouvelle  synergie, mais certains trouvent que le délai d’un an pour parvenir a un  resultat est un peu ambitieux. L’ancien négociateur au Proche-Orient,  Dennis Ross, souligne que le diner du 1er septembre, à la veille du  début des discussions, qui réunira autour du premier ministre israélien  et du président palestinien, le président egyptien et le roi de Jordanie  ainsi que Tony Blair, représentant du Quartet, a pour objet de créer un  climat plus amical.
Aaron Miller, un expert de la région se demande, lui, si  Barack Obama ne prend pas trop de risques.  Pour éviter une crise,  dit-il, il risque d’en créer une autre si les pourparlers achopent sur  les délicates questions de Jérusalem et des réfugiés. Pour cet ancien  diplomate, le président Obama, en s’engageant dans ce processus, va  mériter son prix Nobel.
Persévérance
Hillary Clinton n’a pas caché les difficultés qui  restent à surmonter. Elle a encouragé les deux leaders à faire preuve de  persévérance. Une qualité dont a su faire preuve l’envoyé spécial des  Etats-Unis au Moyen-Orient, George Mitchell, qui n’a cessé de faire la  navette entre les deux camps, au cours des 18 derniers mois, pour  essayer de relancer le processus. Son succès ne pourra que réjouir  l’administration Obama.
Elle souhaitait une reprise des pourparlers directs  avant que n’expire, le 26 septembre, le moratoire sur le gel de la  construction de nouveaux logements en Cisjordanie. Le moratoire avait  été obtenu aux forceps par les Etats-Unis, dans l’espoir de créer un  climat de plus grande confiance entre les deux adversaires.
Défiance de l’opinion publique palestinienne
Avec notre correspondant à Ramallah, Karim Lebhour
Les Palestiniens ont accepté l’invitation américaine  sans enthousiasme. Plusieurs dirigeants de l’OLP ont fait part de leur  scepticisme, au cours d’une longue réunion. Mais ils n’avaient de toute  façon guère le choix. La pression des Etats-Unis n’était plus tenable.
Principale déception, les Palestiniens n’obtiennent pas  de garanties sur l’arrêt de la colonisation. Le comité de l’OLP a  toutefois prévenu que de nouvelles constructions israéliennes seraient  de nature à faire dérailler le processus. En revanche, le quartet a fixé  une durée d’un an à ces discussions, répondant à une demande  palestinienne de ne pas négocier indéfiniment comme ce fut le cas après  Oslo.
Le Hamas a déjà condamné ces négociations, estimant  qu’elles n’aboutiront à aucun résultat. Une défiance déjà largement  partagée par une très large partie de l’opinion et des factions  palestiniennes, qui prévoient l’échec de ce nouveau cycle de  pourparlers.
Les commentateurs israéliens pensent que ces négociations vont échouer
Avec notre correspondant à Jérusalem, Michel Paul
La satisfaction est d’autant plus grande en Israël qu’il  n’est pas question, c’est ce que l’on souligne dans l’entourage du  Premier ministre, de la poursuite du gel de la construction dans les  colonies de peuplement et à Jérusalem-Est. Pour les Israéliens, les  conditions préalables sont importantes dans cette invitation à reprendre  les pourparlers directs avec les Palestiniens. La présidence a publié  un communiqué, peu après l’intervention d’Hillary Clinton. Le Premier  ministre Benyamin Netanyahu accueille favorablement l’invitation des  Etats-Unis à entamer des négociations directes sans conditions  préalables.
On précise qu’il a appelé à tenir des négociations  directes depuis déjà 18 mois. Israël veut conduire des discussions  directes et sérieuses, dit-on. Le ministre de la Défense, Ehud Barak, a  lui aussi dit qu’Israël veut la paix avec la sécurité.Les deux parties  vont devoir prendre des positions courageuses pour parvenir à un accord.
Parvenir à un accord est un défi difficile mais  possible, même si la plupart des commentateurs ici estiment que ces  négociations sont vouées à l’échec. Le mois prochain, la période de gel  de la colonisation décrété pour dix mois, arrive à terme. Les pressions  au sein du Likoud, le parti de M. Netanyahu, devraient être très fortes  pour reprendre les mises en chantier, qui n’ont, en réalité, jamais  cessées.
Sur le terrain, en Cisjordanie, les colons pourraient  reprendre de plus belles les actes de provocations. On se demande quelle  sera la réaction de la droite israélienne lorsque les pourparlers  aborderont les questions ultrasensibles de Jérusalem, du tracé des  frontières et du droit au retour des réfugiés palestiniens.