Kharroubi Habib - Le Quotidien d’Oran
Si les militants du Hezbollah, dont l’implantation au Sud Liban est un  secret de Polichinelle, avaient, en lieu et place des soldats de l’armée  libanaise, fait le coup de feu contre l’unité militaire israélienne qui  a provoqué l’incident près du village d’Aadaissé, à la frontière  libano-israélienne, nul doute que cela aurait déclenché un enchaînement  d’attaques et de ripostes entre les deux belligérants, menant à la  confrontation généralisée. Et c’est le climat propice à une telle  confrontation qu’Israël cherche à instaurer depuis plusieurs mois.
 Mais il aurait fallu, pour qu’Israël y parvienne, que  le cheikh Hassan Nasrallah et la direction du Hezbollah fassent son jeu  en s’engageant dans la surenchère du bellicisme à laquelle ils ont été  poussés par différentes déclarations et affirmations des autorités  civiles et militaires sionistes. Sauf que le Hezbollah a éventé le piège  dans lequel l’ennemi sioniste a tenté de le faire tomber.
 Pour ce qui concerne l’incident de mardi, ses militants  ont laissé l’armée régulière libanaise faire front à la provocation  israélienne. Façon de prouver à l’opinion mondiale que le Hezbollah  respecte la résolution 1701 du Conseil de sécurité de l’ONU, stipulant  que la seule force armée à avoir droit de cité au Sud Liban est l’armée  gouvernementale libanaise.
 D’une manière générale, depuis la fin de la guerre qui  l’a opposé à Israël en 2006, le Hezbollah fait preuve d’une retenue dont  seul l’Etat hébreu et son allié américain ne veulent pas reconnaître la  sagesse. Cette conduite de la formation du cheikh Hassan Nasrallah ne  lui est pas dictée par le souci de complaire à ses ennemis de  l’extérieur, mais par celui de ne pas plonger inconsidérément à nouveau  le Liban dans une confrontation avec Israël, qui n’attend que cela pour  effacer l’humiliation que la résistance du Hezbollah lui a infligée en  2006.
 Hassan Nasrallah n’est pas un brasseur de vent : il dit  ce qu’il fait et fait ce qu’il dit. Il s’est engagé à ne rien faire qui  contraindrait le peuple libanais à subir la cruauté d’une nouvelle  guerre. Mais pas au prix qu’Israël et ses alliés, tant à l’extérieur  qu’à l’intérieur, voudraient voir payer le Hezbollah. C’est-à-dire sa  disparition pure et simple de la scène nationale libanaise et régionale.
 Dans un discours prononcé mardi soir à l’occasion du  quatrième anniversaire de la fin de la guerre de 2006, Nasrallah a mis  en garde sur le fait que la retenue du Hezbollah n’est nullement signe  de sa faiblesse. Il a surtout fait comprendre qu’il n’est pas dupe de ce  que ses ennemis voudraient que le Hezbollah fasse pour offrir le  prétexte à Israël d’engager une nouvelle aventure militaire contre lui.
 Ce que l’agression israélienne près du village  d’Aadaissé a donné à voir, c’est que l’armée libanaise n’est plus dans  la posture de subir sans réagir. Entre elle et le Hezbollah, il y a  convergence sur le devoir de résistance à l’expansionnisme de l’ennemi  israélien.