Adoptée par le Parlement européen ce jeudi  17 juin à une très large majorité (470 votes pour, 56 votes contre et 56  abstentions)
Le Parlement européen,
A. considérant que l’opération militaire menée par  Israël dans les eaux internationales, le 31 mai 2010, contre une  flottille d’aide humanitaire en route pour Gaza a entraîné la mort de  neuf civils et blessé 38 civils ainsi que sept soldats israéliens,
B. considérant que les points d’entrée et de sortie à la  frontière de Gaza sont fermés depuis juin 2007, après que le Hamas eut  pris militairement le pouvoir, et que l’embargo sur la circulation des  personnes et des marchandises a accru la pauvreté, paralysé la  reconstruction et étouffé l’économie dans la bande de Gaza, entraînant  la création d’un marché noir généralisé contrôlé par le Hamas, entre  autres ; considérant que ce blocus n’a pas abouti à la libération de  Gilad Shalit, escomptée par les autorités israéliennes et maintes fois  réclamée par le Parlement européen ; considérant que ce blocus n’a pas  atteint son objectif, qui était de porter un coup aux extrémistes, et  que, dans la mesure où il touche plus particulièrement les groupes les  plus vulnérables de la population, il a conduit à une radicalisation  croissante,
C. considérant que d’après les déclarations antérieures  des organes des Nations unies, le blocus de la bande de Gaza représente  une sanction collective qui est contraire au droit humanitaire  international,
D. considérant que 80 % des habitants de Gaza sont  tributaires de l’aide alimentaire, que plus de 60 % sont touchés par  l’insécurité alimentaire, que le chômage avoisine les 50 % et que la  situation sanitaire et environnementale s’est sérieusement dégradée,
E. considérant que 3 600 camions d’aide alimentaire  seulement sont entrés à Gaza au cours des trois premiers mois de  l’année, contre 36 000 au cours du premier trimestre de 2007, et que 80  produits seulement sont autorisés à entrer à Gaza alors que l’Office de  secours et de travaux des Nations unies pour les réfugiés de Palestine  dans le Proche-Orient (UNRWA) estime que 6 000 produits sont nécessaires  pour satisfaire les besoins humanitaires essentiels,
F. considérant que les Territoires palestiniens sont,  parmi les pays tiers, le principal bénéficiaire des fonds de l’Union et  que cette aide a joué une rôle important dans les efforts visant à  atténuer la catastrophe humanitaire dans la bande de Gaza ; considérant  que l’Union européenne continue à fournir une aide humanitaire  essentielle dans la bande de Gaza, notamment par le canal de l’UNRWA,
G. considérant que la solution reposant sur deux États  reste le fondement essentiel d’une paix durable entre Israéliens et  Palestiniens et qu’il importe dès lors d’éviter toute initiative  unilatérale de nature à compromettre cette perspective ; considérant que  les pourparlers de proximité en cours pourraient déboucher sur la  reprise de négociations de paix directes en vue de mettre en place un  État palestinien viable, cohabitant dans la paix et la sécurité avec  l’État d’Israël,
H. considérant que, jusqu’ici, le Hamas continue de  faire obstacle à l’entrée à Gaza de la cargaison humanitaire de la  flottille,
1. présente ses condoléances aux familles des victimes ;
2. condamne l’attaque contre la flottille dans les eaux  internationales, qui constitue une violation du droit international ;
3. demande que soit rapidement menée une enquête  internationale et impartiale sur cette attaque ; insiste pour que les  principes de responsabilisation et de responsabilité soient respectés et  invite instamment la haute représentante/vice-présidente et les États  membres de l’Union à faire en sorte que toutes les mesures appropriées  soient prises pour que cette demande produise ses effets ;
4. invite instamment Israël à lever immédiatement le  blocus de Gaza, ayant entraîné une catastrophe humanitaire et une  radicalisation croissante qui devient une source d’insécurité pour  Israël et pour toute la région ;
5. demande que toutes les attaques contre Israël cessent  immédiatement et avertit que ceux qui les commettent doivent assumer  pleinement leur responsabilité ;
6. invite instamment la haute  représentante/vice-présidente et les États membres de l’Union européenne  à prendre des mesures pour assurer l’ouverture durable de tous les  points de passage à destination et en provenance de Gaza, y compris le  port de Gaza, avec un contrôle international adéquat de l’utilisation  finale, afin de permettre la circulation sans entrave des produits  humanitaires et commerciaux nécessaires à la construction et à une  économie autonome, de même que les mouvements monétaires et la libre  circulation des personnes ;
7. invite instamment la haute  représentante/vice-présidente à prendre immédiatement l’initiative en  soumettant au Quatuor un plan de l’Union européenne en vue de lever le  blocus de Gaza et d’aborder les préoccupations d’Israël en matière de  sécurité en assurant le contrôle international des points de passage, y  compris en réévaluant le mandat de la mission d’assistance à la  frontière de l’Union européenne (EU-BAM), avec éventuellement une  dimension maritime, ainsi qu’en réactivant cette mission et en déployant  une force navale internationale pour surveiller le rivage de Gaza ;
8. rappelle que, même si l’Union est disposée à  prolonger son assistance aux Palestiniens, cet engagement n’est pas à  durée indéterminée et souligne que, si l’aide humanitaire doit demeurer  inconditionnelle, l’Union doit jouer un rôle politique débouchant sur  des résultats concrets en vue de la création d’un État palestinien  viable, qui soient conformes à l’importance de son aide financière ainsi  qu’à son poids économique dans la région ;
9. exprime son soutien aux pourparlers de proximité  entre Israël et l’Autorité palestinienne et souligne la nécessité de les  poursuivre en vue de la reprise de négociations directes ;
10. est convaincu qu’il est nécessaire et urgent de  procéder à une réforme approfondie de la politique de l’Union à l’égard  du Proche-Orient afin de jouer un rôle politique décisif et cohérent,  avec des moyens diplomatiques efficaces, dans l’intérêt de la paix et de  la sécurité dans cette région voisine qui revêt un intérêt stratégique  vital pour l’Union européenne ; estime que cette réforme doit s’étendre à  toutes les politiques de l’Union, y compris, entre autres, la politique  commerciale et la politique de développement ;
11. salue le travail accompli par l’UNRWA et, conscient  du goulet d’étranglement financier auquel cette agence sera confrontée  avant la fin de l’année, demande à la communauté internationale des  donateurs de tenir les engagements pris et d’augmenter encore ses  contributions ;
12. fait observer que les événements récents ont  sérieusement détérioré les relations entre la Turquie et Israël ;  encourage le gouvernement turc à axer ses efforts diplomatiques et  politiques sur des mesures visant à adoucir le sort de la population  palestinienne et à contribuer au processus de paix au Proche-Orient ;
13. se félicite de la récente ouverture du point de  passage de Rafah par les autorités égyptiennes ;
14. demande la libération immédiate du sergent israélien  Gilad Shalit qui a été enlevé par le Hamas sur le sol israélien le 25  juin 2006 et qui, depuis, est détenu au secret à Gaza ;
15. invite instamment le Conseil à prendre les mesures  nécessaires pour convoquer sans délai le Conseil d’association UE-Israël  afin de discuter de la situation actuelle ;
16. engage également le Conseil à prendre les mesures  nécessaires pour convoquer le comité mixte UE-Autorité palestinienne ;
17. charge son Président de transmettre la présente  résolution au Conseil, à la Commission, à la haute représentante de  l’Union pour les affaires étrangères et la politique de sécurité, aux  gouvernements et aux parlements des États membres, au Secrétaire général  des Nations unies, à l’envoyé du Quatuor au Proche‑Orient, au  Secrétaire général de la Ligue des États arabes, au gouvernement  israélien, à la Knesset, au Président de l’Autorité palestinienne, au  Conseil législatif palestinien, au gouvernement et au parlement turcs  ainsi qu’au gouvernement et au parlement égyptiens. [1]
[1] voir aussi la déclaration de  l’eurodéputé communiste P.  Le Hyaric :
Patrick Le Hyaric à Catherine Ashton : Vous avez les moyens d’agir pour Gaza, alors des actes maintenant !
Un débat a eu lieu mercredi 16 juin au Parlement  européen à propos de l’attaque de la flottille humanitaire et du blocus  de Gaza. A cette occasion, j’ai interpellé Catherine Ashton, la Haute  représentante de l’Union européenne pour les affaires étrangères. Voici  mon intervention :
Cela fait trop longtemps que les institutions  internationales, y compris les organes européens, font des vœux,  utilisent les mêmes mots, les mêmes bonnes intentions proclamées sans  actes clairs pour la sécurité, la paix et l’existence d’un Etat  palestinien dans les frontières de 1967.
Il faut maintenant des actes nets et forts de  l’Union européenne.
Il y a eu un acte de piratage au sens du droit  international dans les eaux internationales contre un convoi  humanitaire.
Ce n’est pas en laissant faire cette mascarade  d’enquête où le criminel crée lui-même son propre tribunal qui fera  avancer quoi que ce soit.
Ce n’est pas non plus en se satisfaisant d’un vague  projet d’allègement de cet impitoyable blocus que le processus de paix  et l’indispensable souveraineté des peuples avancera.  C’est la levée du  blocus que nous devons exiger et obtenir.
Vous avez des outils pour cela.  Oui, Madame la  Haute Représentante, créons des missions de supervision européenne  associées à d’autres Etats aux points de passage terrestre et maritime.
Suspendez l’accord d’association entre l’Union  européenne et Israël tant que le blocus ne sera pas levé et que la  colonisation se poursuivra.
Faites cesser les importations de produits des  colonies israéliennes en Cisjordanie.
Cessons les coopérations en matière de technologies  militaires et cessons les ventes d’armes à Israël.
Enfin, qui fera une enquête sur les européens qui  ont été tabassés dans les prisons israéliennes ?
Un dernier mot, je souhaiterais que notre parlement  demande l’arrêt des menaces qui frappent la députée de la Knesset  Haneen Zoabi.
Vous avez les moyens d’agir, alors, Madame Ashton,  des actes maintenant. http://patricklehyaric.net/2010/06/....
communiqué par la Plateforme des  Ong françaises pour la Palestine
ajout de note : C. Léostic, Afps