Publié le  23-06-2010 
                   Deux avocats belges, Me  Georges-Henri Beauthier et Alexis Deswaef, ont annoncé, mercredi 23  juin, à Bruxelles, le dépôt d’une plainte pour crimes contre l’humanité  et crimes de guerre à l’encontre de 14 dirigeants politiques et  militaires israéliens. Elle vise des actes commis à la fin 2008 et au  début 2009 à Gaza, lors de l’opération militaire "Plomb durci".
(AP/David Silverman)
"La plainte cite, entre autres, Ehoud Olmert, Tzipi  Livni et Ehoud Barak, respectivement premier ministre, ministre des  affaires étrangères et ministre de la défense à l’époque des faits. Le  vice-ministre de la défense et ancien général de Tsahal, Matan Vilnaï,  est également cité, ainsi que divers hauts responsables de l’armée et  des services de renseignement.
Agissant notamment pour le compte d’un médecin belge  d’origine palestinienne, Anouar Rashid Saïd El-Okka et ses deux frères,  dont les champs de fruits et d’oliviers ont été intentionnellement  détruits et brûlés au phosphore, les deux avocats s’appuient sur les  dispositions de loi belge en matière de compétence universelle.
Leur plainte vise aussi le bombardement de la mosquée  Al-Maqadmah, à proximité du camp de réfugiés de Jabaliya. Seize civils,  dont des enfants, avaient été tués lors d’une attaque censée viser des  militants du Hamas. Les avocats belges représentent 13 victimes,  blessées ou qui ont perdu un proche.
CRITÈRE DE "RATTACHEMENT"
Me Beauthier et Deswaef déposent au parquet fédéral  belge un document très fouillé de 70 pages, reprenant, entre autres, les  conclusions d’un rapport des Nations unies (la "mission Goldstone") sur  les violences commises à Gaza. Il invite la justice belge à se saisir  de leur plainte étant donné que "la Palestine n’étant pas reconnue comme  Etat, son appareil judiciaire ne permet pas de telles poursuites".
Quant aux juridictions israéliennes, "elles ne  présentent pas les qualités d’indépendance, d’impartialité et d’équité,  telles qu’exigées par le droit international des droits de l’homme",  note le texte.
Ce n’est pas la première fois que la justice belge est  confrontée à une plainte concernant Israël. En 2001, des Palestiniens et  des Libanais avaient tenté de faire juger l’ancien premier ministre  Ariel Sharon pour les massacres des camps de Sabra et Chatila, en 1982.  L’affaire avait tourné à l’incident diplomatique et la Belgique avait,  dans la foulée, décidé de restreindre la portée de sa loi de compétence  universelle. Celle-ci prévoit désormais un critère de "rattachement", à  savoir l’implication directe d’un citoyen belge. Ce critère est rempli  dans le cas présent, le docteur El-Okka possédant la nationalité belge.
Les biens que ce dernier possédait avec ses deux frères  ont été entièrement dévastés, et son puits d’eau rendu inutilisable,  alors que les cultures visées constituaient les seules ressources de sa  famille, dans la région d’El-Zeytoun au sud-est de Gaza. Selon ses  avocats, la région ne comportait aucun combattant palestinien et aucune  arme n’y était stockée."
Jean-Pierre Stroobants
CAPJPO-EuroPalestine