Maroua Aouad
Israël doit ouvrir les sept points de passage existant entre son territoire et la bande de Gaza pour permettre le passage de toutes les marchandises dont ses habitants ont besoin, estime Mahmoud Abbas.
Le président palestinien a tenu ces propos après avoir rencontré à Charm el Cheikh, sur la mer Rouge, le président égyptien Hosni Moubarak, qui redoute qu’Israël veuille se débarrasser sur lui de ses obligations humanitaires à Gaza.
Un peu plus tôt, le ministre israélien des Affaires sociales, Isaac Herzog, avait annoncé qu’Israël étudiait les moyens d’assouplir son blocus imposé à Gaza depuis la prise de pouvoir du Hamas, il y a trois ans, estimant qu’il nuisait à son image dans le monde [1].
Un responsable israélien a déclaré que le Premier ministre, Benjamin Netanyahu, réunirait mercredi le gouvernement pour examiner l’élargissement de la liste des marchandises autorités à entrer à Gaza par les postes israéliens [2].
L’Etat juif [3] subit des pressions de la communauté internationale en faveur d’un tel allègement depuis l’abordage sanglant par la marine israélienne, le 31 mai, d’une flottille d’aide qui tentait de forcer le blocus.
DES RAISONS DE SÉCURITÉ
Mahmoud Abbas a demandé à être associé à tout assouplissement du blocus.
"Notre gouvernement est le représentant légitime des Palestiniens de Cisjordanie et de la bande de Gaza", a-t-il souligné dans une interview publiée lundi par le journal Al Ayyam.
"Donc, toute mesure du côté de la partie israélienne ou de la communauté internationale doit passer par ce gouvernement."
L’Egypte a rouvert partiellement son seul passage avec Gaza au niveau de la ville de Rafah après l’abordage israélien, qui a fait neuf mort parmi des militants turcs pro-palestiniens, mais elle continue de filtrer les cargaisons, en invoquant des raisons de sécurité.
L’Egypte s’est notamment alarmée de propos tenus dimanche par le ministre israélien des Transports, Yisraël Katz, qui s’est prononcé pour l’acheminement de tout le trafic civil pour Gaza via le seul point de passage de Rafah.
De source militaire égyptienne, on soupçonne Israël de vouloir se défausser définitivement sur l’Egypte de ses obligations humanitaires envers la population de Gaza, une hypothèse qui éloignerait les perspectives d’un Etat palestinien à la fois sur ce territoire et en Cisjordanie, avec Jérusalem comme capitale.
[1] c’est aussi que les pressions commencent à payer. Boycott citoyen ou syndical- voir les dockers norvégiens après les Suédois-désinvestissement ou sanctions des Etats c’est ce qui imposera à Israël de respecter le droit et d’accepter la paix. Voir Hassane Zerrouky dans l’Humanité Pressions européennes et arabe sur Israël. Al Qods al Arabi ne partage pas son analyse de la réaction de la Ligue arabe : La Ligue arabe est un peu longue à la détente
[2] c’est l’ONU qui va théoriquement assurer l’entrée des produits d’aide humanitaire de la Flottille de la Liberté. Voir le Monde avec Afp L’ONU accepte de livrer à Gaza la cargaison de la flottille
[3] Etat juif, ou hébreu comme il est écrit dans l’article du Monde joint ici, est un terme repris de façon érronnée par de nombreux journalistes. Il s’agit de la dénomination que les autorités israéliennes veulent faire accréditer car elle validerait leur prétention à ce qu’Israël soit l’Etat des juifs pour les juifs, à l’exclusion de ses autres habitants, notamment les 20 % qui sont des Palestiniens n’ayant pas été victimes du nettoyage ethnique de 1947-48 et ensuite)
Marc Delteil pour le service français, édité par Gilles Trequesser
Reuters , relayé par Yahoo
notes : C. Léostic, Afps