Pierre Barbancey
Le Premier ministre israélien parle de  dialoguer
 avec les Palestiniens tout en continuant
 de les exproprier à  Jérusalem-Est. Les Américains voient Ehoud Barak comme un challenger.
Si le Proche-Orient a peu  occupé le devant de la scène médiatique ces dernières semaines, ce n’est  pas parce qu’il ne se passe rien. Ainsi, malgré les injonctions  internationales, l’expropriation des Palestiniens du quartier de Sheikh  Jarrah, à Jérusalem-Est, se poursuit. C’est bien ce qu’a dit et redit  Benjamin Netanyahou qui peut ainsi tester la volonté internationale de  faire respecter le droit. Les colons israéliens et leurs représentants  se sentent les coudées franches et multiplient les opérations coup de  poing contre les paysans palestiniens de Cisjordanie et même, c’est  assez nouveau, contre les Palestiniens de 1948, c’est-à-dire ceux ayant  la nationalité israélienne et vivant dans le quartier de Jaffa, ville  [palestinienne] à part entière avant 1948 et aujourd’hui annexée à  Tel-Aviv.
Mitchell propose des pourparlers  indirects
Du côté diplomatique, l’émissaire américain au  Proche-Orient, George Mitchell, était sur place la semaine dernière et,  après quelques navettes, a fait des propositions [1]dont on peut  franchement mettre en doute le sérieux. Il aurait proposé une relance  des négociations fondée sur la participation des Palestiniens à des  pourparlers indirects dans un premier temps. En échange de ces  négociations dites de proximité, les États-Unis auraient offert de  s’engager verbalement à dénoncer publiquement le camp qui compromettrait  ces pourparlers (sic). Il n’en fallait pas plus pour Benjamin  Netanyahou qui s’est cru autorisé à dire « avoir entendu avec plaisir »  que le président de l’Autorité palestinienne serait « (…) disposé à  renouer les fils du dialogue. Je serais très heureux si cela pouvait se  matérialiser la semaine prochaine ». Une allusion à la rencontre  annoncée entre le premier ministre israélien et le président égyptien,  Hosni Moubarak et qui devrait se tenir lundi à Charm el-Cheikh, sur les  bords de la mer Rouge. Or, jusqu’à présent, rien n’indique que la  partie palestinienne soit disposée à reprendre des pourparlers, dans la  mesure où la demande d’arrêt de la colonisation israélienne à  Jérusalem-Est n’est absolument pas respectée. Mais pour Netanyahou, la  partie est maintenant serrée. Si les pressions officielles semblent  inexistantes, en interne elles sont fortes, des deux côtés.
les Ultranationalistes se sentent  renforcés
Le Premier ministre israélien doit ainsi composer avec  son parti, le Likoud, dont les plus ultras se sont sentis renforcés par  l’attitude adoptée par Netanyahou. Le Comité central du Likoud se  réunit aujourd’hui, à Tel-Aviv. Il espère obtenir un amendement à la  charte du parti, qui permettrait de reporter la tenue d’élections  internes pour les postes clefs des institutions du Likoud. Un report qui  pourrait lui sauver la mise, talonné qu’il est par son aile  ultranationaliste, incarnée par Moshé Feiglin.
Le danger vient aussi de son gouvernement. Les États  Unis, échaudés par l’attitude de Netanyahou, pourraient tenter de le  déstabiliser, voire le faire tomber politiquement. Leur cheval de Troie  ne serait autre qu’Ehoud Barak, actuel ministre de la Défense,  travailliste, qui poursuivrait la même politique mais avec plus de  finesse. Il vient d’être adoubé, à Washington, par la secrétaire d’État,  Hillary Clinton. Celle-ci a posé devant les photographes avec Barak et a  salué « une conversation excellente, très constructive, positive ».
publié par l’Humanité le 29 avril
ajout de note : C. Léostic, Afps