K. Selim  - Le Quotidien d’Oran
          Quel est le but de la nouvelle tournée de l’émissaire américain  George Mitchell au Proche-Orient, alors qu’Israël répète à qui veut  bien l’entendre qu’il n’y aura pas de pause dans la colonisation des  territoires occupés et entreprend une des plus vastes opérations  d’épuration ethnique de ces dernières années ?         
 La mission de Mitchell n’est pas destinée à convaincre Israël de changer  d’avis mais de l’assurer de l’indéfectible soutien américain à sa  « sécurité ». Cela a été dit par l’émissaire américain et on le croit  volontiers. La seconde partie de la déclaration de l’émissaire d’Obama  est que les Etats-Unis veulent la « création d’un Etat palestinien ».
 Peu de gens censés au Proche-Orient prennent au sérieux  cette assertion. Il suffit pour s’en rendre compte de voir comment  Israël parvient à imposer aux Etats-Unis ses priorités, à savoir  bombarder l’Iran et menacer la Syrie. L’entrain dont fait preuve  l’administration américaine à satisfaire les désirs israéliens n’a pas  d’égal.
 A quoi sert donc la nouvelle visite de George Mitchell  au Proche-Orient ? A défendre les intérêts d’Israël, assurément ! Et à  intimer l’ordre à Mahmoud Abbas d’entrer à nouveau dans le « processus »  sans fin de négociation. Le chef de l’Autorité palestinienne, à la  légitimité fortement contestée, s’est vu contraint ces dernières  semaines, pour des raisons de pudeur élémentaire, de refuser de  reprendre les vaines discussions avec Israël.
 La nouvelle tournée de Mitchell, représentant d’une  administration sans aucun courage vis-à-vis d’Israël et de son puissant  lobby, n’a qu’un seul but : dire à M. Mahmoud Abbas que la période de  pudeur doit prendre fin. Et bien entendu, il arguera des incitations que  les Etats de la région, si peu « modérés » en matière de libre  expression de leur population, pour le contraindre à entrer dans un  processus destiné à servir d’alibi.
 En cas d’agression contre l’Iran - c’est dans l’air -,  il vaut mieux donner l’impression aux opinions de la région que les  Etats-Unis sont sérieusement engagés dans un processus de solution pour  les Palestiniens.
 Le plus remarquable est que les Etats arabes à  l’alignement sans modération ne sont même pas à même de faire dans la  plate « realpolitik » et d’obtenir une quelconque contrepartie à un  soutien à une agression contre l’Iran. Au contraire, les Etats-Unis vont  sonner la mobilisation pour amener les Etats arabes de la région à voir  comme un grandiose « pas en avant » la proposition israélienne de  création d’un « Etat palestinien avec des frontières provisoires ».
 Voilà le misérable appât qui est offert pour amener  Mahmoud Abbas et les autres dirigeants de la région à entrer dans un  processus dont l’aspect mystificateur est connu depuis des années. Il ne  faut pas être grand stratège pour comprendre que « l’Etat aux  frontières provisoires » le restera définitivement et que les policiers  de Ramallah seront chargés de veiller à la permanence d’un système  d’apartheid soutenu par les démocraties occidentales.
 Si M. Abbas entre dans cette énième supercherie, il se  transformera définitivement - et pour l’histoire - en prévôt en charge  de veiller au silence des bantoustans palestiniens. 
                24 avril 2010 - Le  Quotidien d’Oran - Editorial