Khaled Amayreh - Al Ahram
          Le dernier projet d’Israël est le nettoyage ethnique sous un  autre nom, rapporte Khaled Amayreh depuis Ramallah.         
          Sionistes fanatiques et voleurs de terres  palestiniennes en Cisjordanie sous occupation qu’ils considère comme  leur "Lebensraum". Nés à New York, en Lituanie ou ailleurs, ils  prétendent dépouiller de leurs terres les légitimes propriétaires  palestiniens.
Comme nouvelle mesure provocatrice visant à encore  réduire les perspectives pour les Palestiniens et à consolider l’emprise  israélienne sur les territoires occupés, Israël a émis de nouveaux  décrets militaires qui permettraient à l’armée d’occupation israélienne  d’expulser des milliers de Palestiniens de leurs maisons et leurs lieux  de résidence en Cisjordanie.
Les nouvelles directives définissent comme « infiltré »  tout Palestinien ou non-Palestinien vivant en Cisjordanie sans disposer  d’une carte d’identité israélienne ou d’un permis spécial délivré par  l’armée israélienne d’occupation.
Ainsi même les Palestiniens nés en Cisjordanie, et qui y  ont toujours vécu mais sans être en possession de papiers israéliens,  seront considérés comme « des infiltrés » pouvant être expulsés à tout  moment.
En outre, selon les nouvelles règles, les contrevenants  feront face à une déportation immédiate ou seront condamnés à purger  jusqu’à sept ans de prison.
Un article sur ces nouvelles règles dans la presse  israélienne de cette semaine, a souligné qu’Israël serait en mesure  d’expulser des dizaines de milliers de Palestiniens. Toutefois,  l’article n’a pas révélé la destination vers laquelle les déportés  potentiels seraient envoyés.
Dans le passé, Israël a déporté de nombreux Palestiniens  vers la Jordanie et le Liban. Cependant, les conditions sont  aujourd’hui considérablement plus difficiles pour Israël pour procéder  de même, étant donné le traité de paix jordano-israélien et la délicate  situation à la frontière israélo-libanaise, en particulier depuis la  guerre de 2006 entre Israël et le Hezbollah [mouvement de la résistance  libanaise].
L’ordre militaire, qui est entré en vigueur mardi,  ciblera principalement des milliers de Palestiniens originaires de la  bande de Gaza et vivant en Cisjordanie.
Il vise également les Palestiniens rapatriés - dont  beaucoup sont mariés à des conjoints originaires de Cisjordanie - qui  ont regagné les territoires occupés à la suite du processus d’Oslo et de  la création de l’Autorité palestinienne [AP].
De plus, il pourrait menacer des militants pacifistes  étrangers qui arrivent en Cisjordanie pour témoigner des violations  israéliennes du droit international et pour encourager la résistance  non-violente contre l’occupation israélienne.
Jusqu’à présent les responsables du gouvernement  israélien se sont abstenus de tout commentaire sur les nouvelles règles,  qu’il s’agisse de les confirmer ou de nier leur existence. Ce silence, selon l’avis des observateurs, peut être  destinés à tester les réactions palestiniennes, arabes et  internationales avant d’appliquer les mesures draconiennes sur le  terrain.
Comme on pouvait s’y attendre, les nouvelles directives  ont été fermement condamnées par les responsables palestiniens et arabes  ainsi que par les groupes de défense des droits humains.
Le Hamas, le mouvement palestinien de la résistance  islamique, a qualifié la mesure de « continuation des opérations de  nettoyage ethnique systématique à l’encontre de notre peuple et qui ont  débuté en 1948 ».
« Au moment où les Juifs commémorent l’Holocauste  allemand, Israël commet un holocauste silencieux contre le peuple  palestinien », a déclaré un porte-parole du Hamas en Cisjordanie - qui  ne voulait pas que son identité soit révélée, apparemment par crainte  d’être arrêté par les Israéliens ou par le régime de l’AP.
Le Hamas et le Fatah se sont engagés à résister  activement à ces nouvelles mesures, disant que refouler les Palestiniens  de leur patrie ancestrale revenait à procéder à un « nettoyage  ethnique ».
Salam Fayyad, premier ministre de l’AP [de Ramallah] et  soutenu par l’Occident, a déclaré que les nouvelles mesures étaient en  contradiction avec le droit international ainsi qu’avec les décisions du  Conseil de sécurité des Nations unies qui condamnent les déportations  forcées. « Il est clair que ces mesures prises par Israël tentent  d’approfondir l’emprise de l’occupation en Cisjordanie et de faciliter  les saisies de terres par les Israéliens. »
L’officiel de l’AP, Saeb Ereikat, a qualifié  l’initiative israélienne « d’agression contre les Palestiniens et  d’affront aux principes les plus fondamentaux des droits de l’homme. Les  Palestiniens sont transformés en criminels dans leurs propres  demeures. »
Mahmoud Abbas, le président de moins en moins  communicatif de l’AP, a jusqu’à présent gardé le silence, sous prétexte  de peut-être soulever la question avec la communauté internationale par  la voie diplomatique.
L’administration Obama et l’Union européenne n’ont pas  réagi aux nouvelles provocations israéliennes en Cisjordanie.
Un porte-parole du gouvernement jordanien a déclaré  cette semaine qu’Israël avait assuré la Jordanie que la nouvelle  directive n’entrerait pas en vigueur. Toutefois, il n’y a pas eu de  confirmation du contenu de la déclaration du porte-parole jordanien,  soit par Israël soit par l’Autorité palestinienne.
Le secrétaire général La Ligue arabe,  Amr Moussa, a  également condamné les nouvelles mesures israéliennes, affirmant « qu’il  est difficile d’établir la paix dans la région en raison du  comportement d’Israël. Nous rejetons cette mesure et nous demandons à la  communauté internationale d’assumer ses responsabilités. » M. Moussa a  indiqué qu’une réunion de la Ligue arabe allait discuter de la  situation.
Le mois dernier, la Ligue arabe a tenu une sommet à  Syrte, en Libye, qui a porté sur la cause palestinienne et les  provocations israéliennes, dont la judaïsation de Jérusalem-Est et  l’expansion continue des colonies juives. Mais le résultat de la réunion  a été assez unanimement considéré comme médiocre et inefficace, un  certain nombre d’alliés régionaux des Etats-Unis faisant pression pour  l’adoption par les participants de résolutions très conciliantes qui  permettraient la poursuite du « processus de paix » sous la houlette des  Etats-Unis.
La très répressive directive israélienne, qui d’après  les militants des droits de l’homme, revient à une déclaration de guerre  contre le développement démographique palestinien, a aussi été dénoncée  par 10 organisations israéliennes de défense des droits civiques et  humains. Ces organisations ont exhorté le ministre de la défense Ehud  Barak à annuler les nouveaux décrets.
Ces groupes ont estimé que les ordres militaires en  question étaient si vagues et si généraux que pratiquement tous les  habitants de Cisjordanie étaient potentiellement dans une situation à  risque. Ils ont fait valoir que les instructions militaires ne  définissaient quels permis étaient nécessaires pour éviter l’expulsion.
Cette nouvelle menace de nettoyage ethnique contre les  Palestiniens en Cisjordanie coïncide avec l’anniversaire commémoratif de  l’Holocauste en Israël, un rituel annuel destiné à extorquer de la  sympathie au reste du monde et surtout à détourner l’attention des  crimes israéliens contre les Palestiniens, comme les attaques brutales  de l’an passé contre la bande de Gaza.
Certaines critiques d’Israël font la comparaison de  l’approche israélienne contre les Palestiniens - dont la politique de  déportation - avec la politique de l’Allemagne nazie et au fameux  « Lebensraum » [terme allemand pour « espace vital »], une doctrine qui a  prévalu en Allemagne au début du 20ème siècle et qui voulait dire que  le pays avait besoin de nouvelles terres pour s’y développer, notamment  vers l’est.
Cette notion de « Lebensraum » est devenue une  motivation importante dans l’agression territoriale allemande après  1937. Israël se réfère de plus en plus à la Cisjordanie, occupée par  l’armée israélienne en 1967, comme « Eretz Israël » [la terre d’Israël].  Parfois, le même terme est appliqué à la Jordanie dont certains  dirigeants juifs parlent comme de « la terre orientale d’Israël ».
                23 avril 2010 - Al-Ahram Weekly - Vous pouvez consulter cet  article à : 
http://weekly.ahram.org.eg/2010/994...
Traduction : Naguib
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Traduction : Naguib