Jonathan Cook
Israël a entamé une longue démarche pour  être admis au sein de l’OCDE [1]
Un club exclusif des pays les  plus développés du monde est disposé à  admettre Israël comme membre  bien qu’un document interne confidentiel indique,  qu’ainsi   sera  approuvée l’occupation  illégale  par  Israël des territoires  palestiniens et syriens. Israël  a été informé que son accession à  l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) est   quasi  assurée quand les 30 Etats membres se réuniront  en Mai. Mais  un projet de rapport de l’OCDE reconnait  qu’Israël n’a pas rempli  une  des conditions principales de l’organisation sur la  fourniture de  données précises et transparentes sur son activité économique.
L’information fournie par Israël,  note le  rapport,  inclut non seulement l’activité économique de ses citoyens  à  l’intérieur de ses frontières reconnues  mais également celle des colons  juifs qui vivent dans les territoires occupés de Jérusalem est, de la  Cisjordanie et du Golan en violation du droit international. L’accession  d’Israël à l’OCDE dans de  telles conditions menace d’embarrasser  sévèrement plusieurs des Etats membres de l’organisation,  particulièrement ceux qui sont membres de  l’Union européenne  et qui  ont publiquement déclaré ne pas vouloir  se rendre complices de  l’occupation.
Le rapport de l’OCDE propose que ces difficultés légales  soient  évitées en demandant à Israël de produire de nouvelles  statistiques dans l’année suivant son accession en excluant  la  population des colons – bien que ,  comme un fonctionnaire d’OCDE l’a   admis, Israël ait la capacité ,après être devenu membre, d’opposer  son  veto à  une telle demande. « L’OCDE semble être ainsi déterminée à  admettre  Israël  et elle se prépare  à  dissimuler les crimes  de  l’occupation » a dit Shir Hever, un économiste basé à Jérusalem. Israël a  fait du lobbying  pendant presque 20 années pour entrer à l’OCDE,  organisation fondée en 1961 pour que les démocraties industrialisées  riches  se rencontrent et  coordonnent leurs politiques économiques et  sociales. Elle (l’OCDE) inclut les Etats-Unis et la majeure partie de  l’Europe. « Les avantages financiers sont relativement modestes, mais  c’est un  grand prestige d’y être admis » a dit M. Hever. Le « Israël a  travaillé très dur pour obtenir son admission parce qu’il croit que  l’accession conférera la  légitimité internationale à l’occupation. »
Plusieurs pays avec un niveau de développement plus bas  qu’Israël ont été déjà acceptés, y compris la Turquie, le Mexique et la  République Tchèque. Les précédents  rejets d’Israël  pense-t-on  généralement, étaient largement dus au fait que  beaucoup d’états  étaient mal à l’aise   pour admettre Israël  alors qu’il occupait les  territoires palestiniens de Jérusalem est, Gaza et la Cisjordanie et les  Hauteurs du Golan  appartenant à la Syrie. Cependant, Israël a été en  2007 formellement invité à ouvrir  des négociations  pour  l’adhésion  après une action intense de Stanley Fischer, le gouverneur de la banque  de l’Israël. On s’attend à ce que l’adhésion apporte la stabilité  financière à l’économie de l’Israël, attire l’investissement et réduise  la prime du risque de pays.
Le secrétaire général de l’OCDE, Angel Gurria, est venu  en visite en janvier,  et après un examen de l’économie d’Israël, il a   laissé entendre  que l’admission cette année était certaine. Cependant, un projet de rapport coulé par le comité de l’OCDE sur les  statistiques, établi  le mois dernier après leur examen, montre qu’il ya   des problèmes majeurs dans les données présentées par l’Israël. Selon  ses règles, l’OCDE prend en compte l’activité économique en dehors des  frontières reconnues  d’un état candidat dans des cas très limités,  comme celui  des transferts de fonds des travailleurs migrants. Mais  étant donné que ce statut ne s’applique pas aux colons illégaux vivant  dans les territoires occupés, le comité de l’OCDE dit  que soit les  colons sont exclus des données soit toutes les personnes vivant  dans  les territoires -  y compris les  Palestiniens – sont incluses.
« Israël a été rejeté parce qu’il a toujours refusé,  même dans ses propres données internes, de  différencier Israël et les  territoires occupés » a dit M. Hever. Jérusalem est et le Golan ont été  annexés par Israël en violation du droit international.
« L’OCDE traite Israël comme s’il avait sept millions de  citoyens quand, en réalité, il en  a 11 millions de sujets, dont quatre  millions sont des Palestiniens vivant sous occupation » a dit M. Hever.   « S’ils étaient inclus dans les données soumises à l’OCDE, l’admission   d’Israël devrait être refusée en raison des énormes disparités dans la  richesse. »
Meron Benvenisti, un ancien adjoint au maire de  Jérusalem,  a remarqué  récemment qu’il y avait un rapport de 20 contre 1  entre le produit intérieur brut par habitant d’un israélien  et  celui  d’un palestinien de Gaza. Mais plutôt que de conclure qu’Israël n’est  pas parvenu à  satisfaire aux critères d’entrée dans l’organisation, le  comité propose un contournement : Israël peut être accepté dans   l’organisation et disposer d’une année pour soumettre de nouvelles  données en  excluant les colons.
Tim Davis, un fonctionnaire d’OCDE au  comité de  statistiques à Paris, a dit qu’il ne pourrait pas présenter ses  observations sur le rapport parce que son contenu était confidentiel  mais  a convenu que rien ne pourrait empêcher  Israël  de ne pas tenir  cet engagement  dans le futur. « Dans un cas semblable, on ne peut  pratiquement rien faire. Nous travaillons sur la base de la coopération,  pas de la pression. »
On rapporte que Israël a  échoué sur d’autres critères   d’entrée, y compris sur la corruption et  sur les violations de  copyright.
L’OCDE a exigé des Etats membres qu’ils  s’attaquent  à  la  corruption depuis qu’elle a approuvé une convention contre la  corruption en 1997. Israël, cependant, a été rangé l’année dernière au   trente-deuxième rang dans un classement important sur la corruption,  concernant en grande partie les 6 milliards de dollars  de chiffre  d’affaires de l’industrie d’armement  du pays.
Les sociétés d’armement  d’Europe et des USA ont menacé  de faire capoter la demande d’adhésion  d’Israël à l’OCDE  s’il ne met  pas de l’ordre dans ses pratiques. Israël est censé également violer des  droits de propriété intellectuels, encore en l’infraction avec les  règles d’OCDE. Les USA et les sociétés suisses ont accusé Israël de ne  pas respecter les règles de commercialisation au plan international des  médicaments  produits par sa plus grande compagnie pharmaceutiques,  Teva.
La candidature  d’Israël à  l’OCDE est refusée par les  chefs de sa minorité arabe, un cinquième de la population. Le mois  dernier le Haut Comité de suivi, principal représentant de cette  minorité, a demandé à  l’OCDE de rejeter Israël.  Il a précisé que la  moitié des citoyens arabes d’Israël vivent au-dessous du seuil de  pauvreté, un taux trois fois plus élevé que parmi les juifs israéliens,  et qu’en moyenne les  citoyens arabes moyens gagnent des salaires qui  sont inférieurs d’un tiers à ceux des juifs. Mohamed Zeidan, chef  du  comité, a imputé les disparités dans la richesse à ce qu’il a appelé  « les politiques racistes et discriminatoires » d’Israël.
Un autre rapport de l’OCDE, publié en janvier, a montré  que, même sur la base des chiffres d’Israël excluant  les Palestiniens,  si on l’acceptait, Israël aurait  toujours les écarts sociaux   les plus  importants de tous les Etats membres de l’organisation.
Nazareth, le 8 mars 2010
[1]  L’OCDE compte trente pays membres : Allemagne, Australie, Autriche, Belgique, Canada, Corée, Danemark,  Espagne, Etats-Unis, Finlande, France, Grèce, Hongrie, Irlande, Islande,  Italie, Japon, Luxembourg, Mexique, Norvège, Nouvelle-Zélande,  Pays-Bas, Pologne, Portugal, République slovaque, République tchèque,  Royaume-Uni, Suède, Suisse, Turquie.
Vingt de ces pays sont devenus membres le 14  décembre 1960, lors de la signature de la Convention relative à  l’Organisation. Les autres ont adhéré à l’OCDE au fil des ans.
Dans un protocole additionnel à la Convention de  l’OCDE, les pays signataires décidaient que la Communauté européenne, à  travers la Commission européenne, « participait aux travaux de l’OCDE ».  Cette participation va bien au-delà de l’octroi d’un simple statut  d’observateur et lui accorde en fait un statut de quasi-membre.
Jonathan  Cook est un écrivain   et journaliste basé à Nazareth, Israël. Ses derniers livres sont   « Israël et le choc des civilisations : L’Irak, l’Iran et le plan pour  refaire le Moyen-Orient » (Pluton Press) et « la Palestine en voie de  disparition : les expérimentations  israéliennes  sur le désespoir  humain » (Zed Books). Son site Web est www.jkcook.net.
publié par The National - 2010-03-08 www.thenational.ae
et en français (avec une longue introduction à lire sur  l’article source) par Mondialisation.ca, Le 13 mars 2010 http://www.mondialisation.ca/index.... traduit par COMAGUER, (Au fil des jours, no 62)