Par Badia Benjelloun
Au centre des US(a), dans l’État du Missouri, près  de la moitié des écoles publiques de la ville de Kansas vont fermer. Le  recteur de l’Académie défend cette décision votée par l’administration  scolaire car elle respecterait le budget alloué de 50 millions de  dollars. Ces écoles concernent des quartiers pauvres majoritairement  noirs. C’est ainsi que se concrétisent les difficultés liées à la crise  économique qui pénalisent d’abord les plus précaires et les plus  démunis.                        
Aucune dépêche des agences de presse  qui ont  repris l’événement ne mentionne que le déficit des États, certes lié à  la récession, a été précipité par les différentes réformes fiscales des  libéraux qui ont exonéré les plus hauts revenus. Ni ne rappelle que dans  le même temps, la Chambre des Représentants a voté la poursuite de l’occupation de l’Afghanistan  et de l’Irak, soit quelques 600 milliards de dollars US en coûts  directs. 
En Palestine, une requête a été déposée auprès de la Haute Cour de  Justice du régime de Tel Aviv ; il s’agit d’une pétition émanant de  colons juifs établis (illégalement, faut-il le rappeler, selon la Loi  Internationale) dans la colonie de Kfar Adumim en Cisjordanie, à l’est  de Jérusalem Est.
Ils  demandent la destruction d’une école construite l’été dernier à  Khan Al Ahmar, village au Sud Est d’Al Quds. Faite de matériaux de  récupération, de sable et de terre, elle permet d’épargner des frais de  transport coûteux, et parfois dangereux, jusqu’aux sites d’Azzariah ou  de Rihah (Jéricho) pour les parents de 90 élèves.
Les associations de colons fondent leur réquisitoire sur l’urgence de ne  pas autoriser les résidents légitimes de ce pays à disposer de leur  terre à leur guise, avec le risque de créer un précédent de ‘fait  accompli’. Les Palestiniens ont fait fi de son statut annexé par les  Autorités coloniales pour des raisons d’expansion naturelle de leur  colonie ! L’administration civile a ordonné la  destruction, la Haute Cour de Justice recommande d’attendre la  fin de l’année scolaire.
L’entité sioniste poursuit implacablement les annexions et le  rétrécissement dunum par dunum, jour après jour, de ce qui reste des  petits confettis palestiniens.
L’enfance est malmenée.Celle des sans-droits.
Des immigrés de force, des déplacés, des colonisés et des occupés.
Dans ces deux cas, il ne s’agit pas de faits divers mais d’une métaphore  qui condense la réalité d’un système capitaliste impérialiste.
Dans l’entité sioniste, le vol des terres des Palestiniens est  virilement accompagné du vol de leur enfance. Les récits abondent  d’enfants réveillés en pleine nuit, sortis de leur lit par les soldats  des Forces de l’Occupation pour être emprisonnés dans des geôles souvent  très éloignées de leur domicile.
Parmi les 11.000 prisonniers politiques palestiniens, figurent en  permanence entre trois cent et quatre cent enfants de moins de 18 ans,  faisant de cet artefact le champion du viol des Conventions  internationales qui protègent les mineurs.
Cette semaine passée, un enfant de 10 ans et son frère âgé de 12 ont été  arrêtés dans ces conditions désormais classiques. Interpellation à leur  domicile dans la vieille ville d’Hébron à deux heures du matin, menace  armée des parents, transport des deux enfants dans des jeeps distinctes,  bandage des yeux, menottage très serré des mains derrière le dos, coups  et tortures psychologiques avec emploi de chiens menaçants, bref la  matrice de ce qui a été développé dans les prisons de la CIA en Irak.  Ces enfants sont accusés d’avoir jeté des pierres sur des soldats, ils  risquent jusqu’à 20 ans de prison (ordre militaire 378).
Dans les cas les plus favorables, ce qui s’est produit ici, les parents doivent payer une amende afin  de récupérer leurs enfants traumatisés à vie par les mauvais  traitements, autre manière de faire financer l’occupation par les  occupés !
Cette brutalité n’est pas exempte d’intentions politiques. Il s’agit de  briser la volonté de résistance des Palestiniens. Emprisonner un enfant,  c’est le fragiliser, l’éloigner de son milieu familial et scolaire,  l’exposer aux mauvais traitements des adultes de droit commun avec  lesquels ils sont souvent mêlés. À la sortie, tous les anciens  prisonniers présentent des troubles de comportement plus ou moins  importants compromettant leur réinsertion sociale et scolaire. 
La monstruosité de l’industrie carcérale aux US(a)  avec deux millions de détenus, soit 25% de la population carcérale dans  le monde, répond quant à elle à des exigences économiques tout à fait  congruentes avec le racisme institutionnel états-unien. 12% des Noirs de  20 à 30 ans sont en prison, ou encore 55% des prisonniers sont des  jeunes Noirs alors que la population noire ne représente que 12% de la  population totale. 
Ici ou là, il nous faut repolitiser les conflits.La lutte des classes emprunte ces formes très concrètes de domination  que les adeptes de la fumeuse théorie de la fin de l’Histoire voudraient  essentialiser en conflits ethniques ou religieux.
http://www.ism-france.org/news/article.php?id=13574&type=analyse&lesujet=Enfants