Par Rim al-Khatib
Les opérations de la résistance palestinienne dans la ville d’al-Quds se multiplient au moment où la révolte populaire se poursuit dans presque tous les quartiers de la ville occupée. Les autorités de l’occupation ont accentué la répression, les assassinats sont même recommandés par les hautes instances du pouvoir colonial, et les centaines d’arrestations témoignent de la « main de fer » que les sionistes ont promis. L’occupant déclare la guerre aux Maqdissis : des unités de commandos de la Marine terroriste risquent d’intervenir sous le commandement de la police sioniste, qui a refusé la présence de l’armée d’occupation (« chasse gardée ») et le gouvernement colonial a pris la décision d’armer davantage les colons.
Par ailleurs, les tentatives d’ « apaisement » sont aussi creuses que vaines, la communauté internationale voulant mettre fin à la révolte, la nouvelle « intifada » palestinienne. Si l’establishment politique sioniste semble être pris de court et menace une répression de plus en plus féroce, l’Union européenne dénonce verbalement la colonisation tout en promettant qu’elle ne prendrait aucune sanction contre les colonisateurs, et les Etats-Unis accourent pour affirmer que Netanyahu n’a aucunement l’intention de modifier statu quo dans la ville occupée. Mais lequel ? C’est ainsi que les puissances impériales pensent « apaiser » les Palestiniens, c’est-à-dire en réalité tuer leur révolte : par de vaines promesses et des tours de passe-passe qui ne font, en réalité, qu’aviver leur colère et leur montrer le vrai chemin de la libération : les opérations armées, au couteau, à la hache, à la voiture et tout l’attirail domestique peuvent servir à déstabiliser l’occupant. Al-Quds et sa population indiquent le vrai chemin de la libération.
I - Al-Quds occupée : résistance palestinienne
Les Brigades du martyr Abu Ali Mustafa (FPLP) ont revendiqué l’opération ayant entraîné la mort de 4 sionistes à Deir Yassine, au centre « Harnouf ». Les martyrs Ghassan et Uday Abu Jamal, de Jabal al-Mukabber dans al-Quds, ont mené cette opération (communiqué du 18 novembre). L’opération héroïque a été saluée par le Hamas et le mouvement du Jihad islamique enPalestine, mais condamnée par le président Mahmoud Abbas. Le bloc parlementaire du Fateh a cependant salué l’opération, expliquant qu’il s’agit d’une réponse adéquate aux crimes de l’occupation. Suite à l’opération, lessionistes arrêtent 14 membres de la famille des deux combattants (11 membres ont été libérés le lendemain), qui sont cousins, et installent des barrages partout dans la ville. Ils menacent de démolir leurs maisons, comme pour les autres résistants. Les corps des deux martyrs ne sont toujours pas remis à la famille, ce qui a soulevé de nouvelles protestations du quartier Jabal Mukabber.
Réactions internationales à l’opération : dénoncée par les sionistes et impérialistes dans le monde, dont l’Elysée, elle fut également dénoncée par le ministre turc des Affaires étrangères, qui a jugé qu’il ne fallait pas viser des lieux « saints », le premier ministre du Bahreïn et le Pape.
Un « israélien » a été blessé le 16 novembre alors qu’il se trouvait près de Bab al-Amoud dans al-Quds, frappé par un tournevis. La police sioniste s’est alors déployée dans les lieux à la recherche du résistant.
Dans une interview accordée au Centre d’Information palestinien (CPI), Ussama Hamdan, responsable des relations internationales au mouvement Hamas, a répondu aux accusations portées par certains contre « le fait de jeter les Palestiniens » en pâture à l’entité sioniste (les opérations de la résistance à al-Quds), disant que traiter les Palestiniens de la sorte, comme s’ils étaient des machines que l’on pouvait déplacer, c’est ignorer ce qu’est le peuple palestinien et ignorer le sang de la résistance qui coule dans ses veines.
Un communiqué de presse du mouvement du Jihad islamique en Palestine (5 novembre) souligne que la bataille dans al-Quds a commencé, que les masses palestiniennes refusent l’apaisement et que la volonté de « notre peuple est plus forte que la répression et le terrorisme sionistes ». Il appelle à la mobilisation de la nation pour sauver al-Aqsa et al-Quds.
Suite à l’opération héroïque menée par le résistant martyr Mohamad Akkari, du camp de She’fat, qui s’est soldée par la mort de deux colons, les forcessionistes ont attaqué le camp et ses habitants, qui ont tenu tête aux forces de l’occupation pendant plusieurs heures. Les jeunes Palestiniens sont parvenus à prendre le contrôle du barrage installé par les sionistes pendant un quart d’heure, lorsque 70 soldats ont pris la fuite à cause des pierres, des cocktails Molotov et des explosifs lancés sur eux. Les affrontements entre les forcessionistes et la population du camp a duré pendant deux jours, et le Croissant Rouge palestinien a indiqué que 37 Palestiniens ont été blessés et 150 asphyxiés par les gaz. Le 19 novembre, les sionistes n’ont pu démolir la maison du martyr Akkari, les habitants du camp de She’fat ont réussi à les bloquer et expulser du camp.
Le Croissant Rouge palestinien a également signalé que 25 Maqdissis ont été blessés et 50 asphyxiés par les gaz dans Wadi al-Joz, At-Tor et Issawiya et l’ancienne ville où se sont déroulés des affrontements entre Palestiniens et forces sionistes.
Une délégation de Maqdissis se rend à Kfar kanna, dans les territoires occupés en 1948, pour les condoléances à la famille du martyr Khayr Eddine Hamdan tombé sous les balles de l’occupant et pour affirmer l’unité de la lutte entre tous les Palestiniens, quelles que soient leurs situations actuelles et leur lieu de résidence.
Les Maqdissis de Shu’fat décident de former des comités de vigilance pour protéger la population contre les agressions des colons.
La population du camp de She’fat refuse la présence du ministre sioniste de l’intérieur à l’intérieur du camp. Des groupes de jeunes protestent et lancent des pierres et des bouteilles vides sur son passage, ce qui l’oblige à s’en aller. Les forces de l’occupation attaquent alors l’école des filles dans le camp et trois jeunes élèves sont asphyxiées par les gaz. (19 novembre)
Les habitants du quartier Batn al-Hawa à Selwan sont parvenus à chasser des colons qui voulaient s’emparer de la maison appartenant à la famille Shuyukhi. Les colons sont revenus avec les policiers de l’entité coloniale, des affrontements ont eu lieu et colons et policiers ont dû s’en aller. (10 novembre).
Le responsable de l’église orthodoxe en Palestine, Hanna Atallah a dénoncé les agressions « israéliennes » contre la mosquée al-Aqsa et considéré que toute agression contre la mosquée est une agression contre l’ensemble du peuple palestinien, et contre son identité, son histoire et son attachement spirituel à la ville d’al-Quds. Il a déploré l’absence de réaction arabe à ces agressions.
II - Al-Quds occupée : asphyxie et purification ethnico-religieuse
Le ministre sioniste Liberman a refusé les critiques internationales relatives à la poursuite de la judaïsation de la ville d’al-Quds : il a réaffirmé l’intention dessionistes d’y poursuivre la colonisation.
La municipalité de l’occupation a posé de nouveaux panneaux de signalisation dans la ville en vue de judaïser les noms des lieux et des sites.
Le comité de planification de la municipalité de l’occupation a entériné le plan de construction de 78 unités de logement colonial à l’est de la ville d’al-Quds, 50 d’entre ces unités dans la colonie située dans Jabal abu Ghnaym et 28 dans la colonie Ramot, au nord de la ville. (19 novembre).
L’occupant sioniste a démoli la maison de Hassan al-Hadra dans Jabal Zaytoun, At-Tour, le 5 novembre.
L’occupant a discuté la possibilité de déporter les « semeurs de trouble » dans la ville d’al-Quds vers la bande de Gaza. Une nouvelle mesure pour poursuivre le nettoyage ethnico-religieux de la ville.
Les forces sionistes ont distribué le 8 novembre des ordres de confiscation de 12.852 dunums (1.285,25 ha) des terrains appartenant au village isolé par le mur de Beit Iksa. Pour le maire de la ville, ces confiscations signifient la mort du village. Le village est isolé de son environnement palestinien depuis 2006 et une porte métallique permet à ses habitants d’y entrer et d’en sortir.
Les autorités sionistes ont décidé de confisquer 66 dunums (6,6 ha) des terrains du village sheikh Saad, au sud-est de la ville, pour des motifs militaires et sécuritaires. La population du village a protesté contre les confiscations en manifestant. Des milliers de dunums avaient déjà été confisqués pour la construction du mur de l’annexion, empêchant la liaison entre le village et Jabal al-Mukabber.
III – Al-Quds occupée : répression
Les colons sionistes exécutent un chauffeur de bus palestinien, originaire d’Abu Dis. Âgé de 32 ans, le martyr Hassan al-Rammouni a été pendu par les colons tard dans la nuit du 16 novembre. Aussitôt, des protestations contre l’occupant et ses forces se sont déroulées dans les quartiers d’At-Tour, Ras al-Amoud et plusieurs autres quartiers de la ville et les forces politiques palestiniennes ont appelé à une grève générale le lundi 17.
Le gouvernement de l’occupation étudie les moyens de réprimer les « lanceurs de pierres » en les privant de leurs assurances familiales, versées par l’occupant dans la ville d’al-Quds : une nouvelle manière de se défaire de sa responsabilité en tant que force occupante.
Les autorités de l’occupation ont l’intention de détruire les maisons des résistants Maqdissis, en mesure « punitive » : la maison familiale de Mohamad Ja’abis, dans Jabal al-Mukabber, celle de la famille de Abdel Rahman Shaloudi, dans Selwan, celle de la famille de Ibrahim Akkari et la maison de la famille du martyr Mu’tazz Higazi. Le père du martyr Mohammad Abu Khdayr a réclamé la destruction des maisons des colons qui ont assassiné son fils. Selon Hassan Khater, spécialiste des questions maqdissies, la destruction des maisons des résistants est une pratique qui date de 1967, mais elle n’a aucun effet sur la volonté de résistance des Maqdissis. En détruisant les maisons, l’entité coloniale poursuit sa politique de nettoyage ethnico-religieuse. Les familles des martyrs Abu Jamal a affirmé par ailleurs que la décision de démolir leurs maisons et de refuser qu’ils soient enterrés dans leurs villes n’a aucun effet sur leur volonté de résistance.
De violents affrontements ont eu lieu contre les forces sionistes, à Jabal al-Mukabber, après l’arrestation de 14 membres de la famille des résistants martyrs de la famille Abou Jamal. Les forces sionistes ont attaqué au gaz la tente de condoléances tenue par la famille. Plusieurs personnes ont suffoqué. A Sour Baher, les affrontements se poursuivent pendant plusieurs jours ; à Bab Hatta, les jeunes ont lancé des pierres contre les policiers de l’occupation qui a arrêté deux personnes. A l’entrée du camp de She’fat, les jeunes ont lancé des explosifs pour feux d’artifice alors que les policiers lançaient les bombes sonores et le gaz.
Les forces de l’occupation font une incursion dans l’hôpital al-Maqassid le 9 novembre, à la recherche de jeunes ayant lancé des pierres sur les sionistes. Elles ont agressé des patients et leurs familles.
Selon Le Club des Prisonniers (Nadi al-Assir) palestinien, 1300 Maqdissis ont été arrêtés depuis le mois de juillet 2014. 40% des Palestiniens arrêtés sont des mineurs. La plupart sont accusés de participation aux affrontements avec la police de l’occupation, de jets de pierres, de cocktails Molotov et d’explosifs pour feux d’artifice.
Le tribunal de l’occupation accuse sheikh Raed Salah d’avoir prononcé un discours « appelant au racisme » à Wadi al-Joz, à al-Quds, il y a quelques années. Le sheikh, dirigeant du mouvement islamique – nord en Palestineoccupée en 48, a fait appel et gagné. Il a commenté l’affaire en disant que les « autorités de l’occupation se font des illusions si elles pensent pouvoir briser notre résilience dans al-Quds et l’intérieur palestinien ».
Le tribunal de l’occupation a condamné Azhar Othman à s’éloigner de la mosquée al-Aqsa pendant deux mois, avec le paiement de 1500 shekels (312€). Hiba Tawil a été condamnée à payer 500 shekels (104€) et Azba Salayma et Ra’ida Abu Hadwan à 1000 shekels (208€).
Les forces de l’occupation ont arrêté deux personnes au cours d’une manifestation de femmes protestant contre l’interdiction faite aux femmes d’entrer dans la mosquée al-Aqsa depuis dix jours (17 novembre).
C’est le FBI américain qui prendra en charge l’enquête sur l’opération héroïque des résistants palestiniens dans la synagogue située à Deir Yassine, et non le Shabak, puisque les colons tués sont américains et britanniques.
IV - Al-Quds occupée : les lieux saints
Sous le titre « le sommet Kerry Netanyahu Abdallah : succès israélien de la séparation de la mosquée al-Aqsa de la ville d’al-Quds », l’étude rédigée par le Centre d’Etudes Atlas explique comment le sommet, qui a éloigné Mahmoud Abbas, comporte plusieurs dangers, le plus grave étant la séparation du statut de la mosquée al-Aqsa de la ville d’al-Quds. Si Netanyahu a accepté, le vendredi suivant le sommet, que la mosquée ouvre ses portes à tous les fidèles sans exception, pour suivre les recommandations du sommet « ne pas changer le statu quo » de la mosquée, il a vite modifié son attitude le lendemain en interdisant aux femmes et aux jeunes d’accéder à la mosquée, et autorisé les colons de la profaner. Pour les sionistes, « ne pas modifier le statu quo » signifie tout juste alléger de temps en temps la répression contre les fidèles de la mosquée. Le plus grave reste cependant d’avoir ignoré toute la ville d’al-Quds, qui subit un nettoyage ethnique et religieux et dont la population autochtone est menacée d’expulsion et de répression. Selon le sommet, la colonisation pourrait se poursuivre, mais il faudrait alléger la répression contre les fidèles, pensant que de telles recommandations pourraient « calmer » les Palestiniens.
L’institution al-Aqsa pour le Waqf et le Patrimoine a dévoilé l’intention de l’occupant d’ouvrir au public les souterrains qu’il a fait creuser et les larges salles se trouvant à 20 mètres sous la partie occidentale de la mosquée al-Aqsa, sous le lieu musulman connu par le nom du waqf Hammam al-Ayn.
Malgré le sommet tripartite à Amman, les associations des colons appellent à envahir la mosquée al-Aqsa le lundi 17 novembre.
Suite aux opérations de la résistance contre la présence coloniale dans al-Quds et la mosquée al-Aqsa, des voix se sont élevées parmi les sionistesréclamant la fin des incursions dans la mosquée (le rabbin principal et la police), pour ne pas susciter la colère des musulmans (10 novembre).
300 soldats de l’occupation ont profané la mosquée le mercredi 5 novembre et attaqué les fidèles qui se trouvaient à l’intérieur de la mosquée al-Qibali, qui fait partie de la mosquée al-Aqsa. Le département des Awqaf a considéré que c’est la première fois que l’armée arrive à l’intérieur de la mosquée al-Qibali et du minbar de Salaheddine, qui avait été incendié en 1969.
L’occupant a l’intention d’installer des barrières électroniques pour entrer dans la mosquée al-Aqsa, comme il l’a fait pour la mosquée al-Ibrahimi dans la ville d’al-Khalil. Il prend pour exemple le Vatican, a-t-il dit, comme si le Vatican était un pays occupé.
V - Al-Quds occupée : solidarité
Une campagne initiée par des associations maqdissies « Paie un dinar tu sauves un Maqdissi » a été lancée pour riposter à la campagne sioniste« Paie un dollar tu tues un Arabe ». Cette campagne a été soutenue par plusieurs personnalités politiques palestiniennes qui y voient une manière de soutenir la population maqdissie qui a été abandonnée par les régimes arabes et musulmans. Les associations maqdissies concernées par cette campagne : Femmes pour al-Quds, Forum de Bayt al-Maqdis, l’association orthodoxe et le comité populaire pour la défense d’al-Quds.
Les camps de réfugiés palestiniens au Liban se mobilisent pour le soutien à la résistance dans la ville d’al-Quds, et dénoncent le silence médiatique arabe et international en ce qui concerne la répression et la poursuite de la colonisation. Par ailleurs, plusieurs associations féminines, libanaises et palestiniennes, se sont rassemblées devant le siège de l’ESCWA (représentation ONU) pour affirmer leur solidarité avec les Maqdissis.
Plusieurs associations palestiniennes agissant en Europe dans le cadre du « Congrès des Palestiniens d’Europe » ont décidé de mener une semaine de solidarité avec al-Quds et al-Aqsa, à Bruxelles, Berlin, Londres, Vienne, Hambourg et Paris.
En soutien à la résistance maqdissie, l’Institution internationale al-Quds a déclaré, dans un communiqué, que les opérations successives contre la présence « israélienne » dans la ville occupée d’al-Quds sont une riposte naturelle aux crimes systématiques de l’occupation.
En Jordanie, « L’association contre le sionisme et le racisme » a organisé son sit-in hebdomadaire devant l’ambassade sioniste (réclamant sa fermeture) en hommage à l’arabité de la ville d’al-Quds et à la résistance de sa population. De nombreux rassemblements ont eu lieu à Amman et d’autres villes en soutien à la mosquée al-Aqsa.
En Turquie, des manifestations et rassemblements ont réuni des milliers de personnes pour dénoncer la profanation de la mosquée al-Aqsa et soutenir la résistance palestinienne.
En France, la campagne « Save al-Aqsa » commence à mobiliser les diverses associations et individus pour une grande journée de solidarité, le 29 novembre, avec la mosquée al-Aqsa, symbole de l’occupation de laPalestine. Cette campagne « fait le lien naturel entre les guerres de destruction en cours et de morcellement de la oumma et le souci de l’Occident d’assurer la sécurité et la suprématie militaire de l’entité sioniste ».