Françoise Germain-Robin, L’Humanité, jeudi 27 mars 2014
L’intensification de la colonisation et la violence des colons 
menacent l’existence même de ceux qui vivent près des colonies, 
lesquelles s’étendent comme des tentacules étouffant tout  : la vie 
économique, culturelle, familiale, mais aussi la santé physique et 
mentale. Au point que depuis un an Première Urgence et Aide médicale 
internationale (PU-AMI) est intervenu dans les 18
 villages les plus attaqués par les colons pour traiter la «  vraie 
souffrance psychique  » que provoque la violence de ces derniers.
C’est parce que les choses s’aggravent à la vitesse grand V que, 
dérogeant pour la première fois à sa légendaire discrétion, l’ONG a décidé, sous l’égide de l’Iris, d’alerter l’opinion. Alexandre Giraud, responsable des missions de PU-AMI, précise que «  les attaques de colons ont augmenté de 175 % entre 2006 et 2012  ».
 Il donne l’exemple d’Urif, où les paysans sont empêchés d’accéder 
à leurs champs par des colons qui ont incendié les oliveraies et dont 
la dernière distraction consiste à bombarder de pierres l’école du 
village. En toute impunité, comme le montre une vidéo tournée par les 
villageois. «  Nous leur avons fourni des caméras afin de documenter 
les violences subies  », explique Karem Jibran, de B’Tselem.
Dans la vallée du Jourdain, quasi fermée aux Palestiniens, des 
villages entiers, comme Jiftlik, sont sous un ordre de démolition. 
Rachel Gorel, de l’ONG palestinienne Al-Haq, renvoie aux conclusions du rapport de 2013 de l’ONU sur «  la violence des colons et l’impuissance d’Israël à la combattre  ». Elle pointe la responsabilité de l’UE,
 «  qui doit cesser tout commerce avec les colonies  ». Pascal 
Boniface, de l’Iris, appelle en conclusion à exiger l’annulation de la 
circulaire toujours en vigueur de Michèle Alliot-Marie, 
criminalisant le fait d’appeler au boycott.