14 juin 2011 
Pour qu’une guerre ait lieu, il faut qu’il y ait deux  camps opposés. Il faut également des tiers impliqués, des combats, des  victimes, et deux idéologies qui s’affrontent.
  
Depuis le 11 septembre 2001, tous ces éléments sont  réunis, et l’invasion de l’Afghanistan puis de l’Irak se trouvent être  “de facto” le début de l’invasion du « Monde Arabe », invasion qui n’a  jamais cessé depuis. Si vous regardez les cartes du Maghreb et du  Moyen-Orient d’aujourd’hui, vous constaterez par vous-même que tout  gravite autour d’un seul et même point central, Israël. Il n’est pas  anodin qu’au moment même où le capitalisme se retourne, où les  Palestiniens obtiennent le soutien de nombreux Etats émergents (émergés  ?) et où les pouvoirs de l’Europe et des Etats-Unis déclinent avec la  crise, des révolutions éclatent tout autour de ce point central, et  permettent à ces pays (UE et EU) qui n’ont plus les moyens de leurs  ambitions (le pouvoir et l’argent) de reconquérir ceux-ci au moyen de la  guerre, la force pure, la seule possibilité qu’il leur reste.
  
Car Peu à peu les choses s’éclaircissent, et les camps  se forment : parallèlement à la mobilisation grandissante des peuples  oppressés par leurs gouvernants se mettent en place les rouages d’une  grosse machinerie qui nous conduit peu à peu vers une confrontation  majeure, avec le monde Arabe. Cette confrontation est sans doute le seul  moyen qu’ont trouvé nos gouvernants (bien peu imaginatifs somme toute)  pour faire repartir une économie en panne et conserver leur pouvoir sur  des milliards d’êtres humains. Que cette confrontation soit le fruit  d’un préparation minutieuse ou d’un enchainement malheureux importe  finalement peu car la situation est déjà bien engagée. il suffit pour  s’en convaincre de regarder les faits, car ils expliquent d’eux-mêmes  pourquoi le monde arabe est la cible choisie : c’est le bloc économique  le plus faible du grand échiquier géostratégique. Face à ce grand « Monopoly » qui se joue loin des caméras et aux  ambitions chinoises qui achètent des terres partout, face aux ambitions  de l’Amérique latine dont les ressources sont gigantesques ou celles de  la Russie qui veut encore elle aussi jouer son coup, les Etats-Unis et  l’Europe n’ont d’autre choix que de se soumettre ou de se défendre… en  attaquant plus faible qu’eux. Protégés jusqu’à ce jour par leurs  ressources et leurs régimes politiques, protégés jusqu’à ce jour par la  corruption et les subsides européens et étasuniens, le Maghreb et le  Moyen-Orient sont le seul “ennemi” encore à la portée des Etats-Unis et  de l’Europe : une bonne petite guerre officiellement déclarée ne nuirait  sans doute pas à leurs affaires.
  
L’islamophobie grandissante à l’intérieur de ces deux  imposants candidats est le vecteur « psychologique » choisi pour  distinguer les « gentils » des « méchants ». Ajoutez à cela la crise  économique qui a permis la révolte des peuples oppressés là-bas avec  l’aide de l’Europe et des Etats-Unis, révoltes dont ces mêmes Etats  veulent aujourd’hui profiter pour se poser en défenseurs de la  démocratie, et vous aurez tous les ingrédients pour fabriquer une grosse  bombe dont l’étincelle s’enflammerait… à Jérusalem ?.
  
Pourtant, il n’y a pas si longtemps, et alors que la  crise touchait durement les économies les plus fragiles, la Tunisie,  l’Egypte, la Syrie, la Lybie étaient des alliés proches des  gouvernements européens (ce qui devrait nous interroger sur l’acuité de  ces derniers en matière de politique étrangère ?). Les dictateurs  étaient de très bons hôtes, et personne n’y trouvait rien à redire. Nous  leur vendions des armes, y installions nos usines, et y faisions  commerce constructif. C’est que les entreprises européennes y étaient très bien traitées, et  les dictatures copieusement arrosées par nos soins. Mais avec la crise  et le ralentissement de l’économie mondiale, ce sont comme toujours “les  sous-traitants” qui trinquent en premier : les « colonies financières »  dont les dirigeants sont des pantins déguisés en vice-rois, ont du  rogner encore un peu plus sur les droits et salaires déjà limites de  leurs populations, entrainant ainsi “émeutes de la faim” et révoltes  violentes.
  
Ces mouvements de contestation auraient très bien pu  être réprimés dans le sang sans n’intéresser personne, si internet et le  formidable appétit de liberté de ses utilisateurs n’avaient pas étalé  au grand jour les massacres perpétrés par les désormais dictateurs.
  
Après avoir proposé leur aide à ces dictateurs « amis »,  ils on voulu faire mine de ne pas comprendre, mais après les nombreuses  “bourdes” ( ou scandales si vous préférez) fortement médiatisées (qui  ont peut-être au passage empêché de plus grands massacres avec l’envoi  des forces de “sécurisation”), les gouvernants européens ont décidé de  “soutenir” les partisans de la révolution. Mais pas n’importe comment :  en soutenant les manifestants, les gouvernements réclameront bien sûr  des compensations : les millions d’euros dépensés pour la  “reconstruction”, pour les interventions de “sécurisation” ou de  “protection des civils” ne seront certainement pas versés en vain. D’une  manière ou d’une autre, ils seront récupérés.
  
Et puis pourquoi ne pas profiter de ces évènements pour  aller plus loin ? Partant du principe que les dictateurs sont à mettre  dehors, alors pourquoi ne pas aider “tous” leurs peuples à se libérer ?  Ce serait là l’aboutissement du très fumeux concept de “guerre  préventive” : en s’accordant sur le fait que tous les dirigeants arabes  sont susceptibles de massacrer leurs populations si elles se révoltent,  alors pourquoi ne pas les faire « dégager » dès maintenant ?
  
Car en protégeant ainsi les révolutionnaires, les  Etats-Unis et l’Europe s’accordent un futur droit de regard sur  l’installation des nouveaux dirigeants. Et cela même si les révolutions  sont justes et légitimes, et partent d’une véritable prise de conscience  démocratique de la part des peuples opprimés : elles sont organisées et  développées par des Etats qui ne mènent en réalité rien d’autre qu’une  guerre d’invasion du Monde Arabe, en attendant la déclaration de guerre  officielle.
  
Si on rapproche maintenant cette situation du problème  israélo-palestinien, on voit bien à quel point la nouvelle politique des  Palestiniens pousse les Etats-Unis et leurs alliés à des prises de  position radicales : l’aveu public d’un soutien sans faille à Israël  face aux revendications indépendantistes des Palestiniens à l’ONU  signifierait pour le Monde Arabe une déclaration d’hostilité considérée comme injustifiée, et même injuste. De quoi mettre le feu aux poudres. La guerre a donc sans doute déjà commencé, mais comme nous sommes les  envahisseurs, nous n’en subissons pas encore les effets. Mais les pays  envahis le savent eux, il n’y a qu’à regarder les effets des  “libérations” Irakienne ou Afghane : Des malformations anormalement  élevées chez les enfants nés après la “libération”, en Afrique des  maladies liées aux récoltes de minerais dans des conditions quasi  esclavagistes…
  
La guerre a commencé, et personne ne veut encore nous la  montrer : on se bat en sous-main pour la direction du FMI, on achète le  maximum de terres en Afrique ou ailleurs, on se bat pour l’eau et le  pétrole, on envahit peu à peu tous les espaces possibles pour préparer à  la “grande confrontation ultime”, celle que tous  attendent en la  redoutant, celle qu’ils préparent pour l’éviter tout en la provoquant.
  
En accueillant pas les immigrés qu’on dit par ailleurs  défendre, en stigmatisant les Arabes et tous les Musulmans depuis le 11  septembre, tous les pays du monde se sont engagés dans une guerre qui ne  dit pas son nom. Les nouvelles technologies de l’information sont en  passe de devenir un enjeu majeur pour la liberté, et la vérité. Seuls  relais des horreurs réelles et véritables d’une guerre qui a déjà fait  des dizaines de milliers de victimes, internet et ses réseaux ne doivent  pas tomber sous le contrôle des futurs tyrans. Une fois transformés en «  télécrans », nous deviendrons alors incapables de distinguer le vrai du  faux : la guerre continuelle tant redoutée par Orwell sera alors  possible.
Caleb Irri