Khaled Amayreh -Al Ahram
         Un accord a enfin été trouvé pour un échange de prisonniers, 
cet accord étant largement considéré comme une victoire pour le Hamas, 
écrit Khaled Amayreh depuis la Palestine sous occupation.
        
Mars 2008 : une offensive israélienne sur la bande de Gaza fait plus d’une centaine de morts palestiniens
Ayant perdu tout espoir de sauver ou de libérer par des 
moyens militaires Gilad Shalit, le soldat israélien captif, Israël a 
finalement décidé d’accepter presque toutes les conditions du Hamas pour
 un échange de prisonniers qui verra les prisons israéliennes se vider 
de plus de 1000 prisonniers palestiniens, hommes, femmes et enfants.
Dans une réunion d’urgence qui a duré plusieurs heures 
mardi soir, le cabinet israélien a approuvé l’échange de prisonniers a 
une large majorité, avec seulement trois ministres votant contre la 
transaction. Le chef du Shin Bet en Israël (Agence israélienne de 
sécurité intérieure) Yoram Cohen, a été forcé d’accepter l’accord, 
apparemment parce qu’il n’y avait aucun autre moyen de ramener Shalit 
chez lui.
Plus tôt, le Premier ministre israélien Benyamin 
Netanyahu avait déclaré qu’un accord avec le Hamas avait été trouvé et 
que Shalit serait de retour à son domicile dans les prochains jours.
S’exprimant au cours d’une autre session urgente de son 
cabinet, Netanyahu a dit qu’il y avait une fenêtre d’opportunité pour la
 libération de Shalit et que le gouvernement avait décidé de la saisir.
Agir autrement, a-t-il ajouté, et à la lumière des 
« tempêtes » soufflant à travers le monde arabe, aurait pu signifier 
que, « Shalit [pouvait] ne jamais revenir. »
Netanyahou a apparemment fait allusion au Printemps arabe et l’effondrement des régimes pro-israéliens en Egypte et en Tunisie.
Des responsables du Hamas dans la bande de Gaza et à l’étranger ont confirmé la conclusion d’un accord d’échange avec Israël.
A Damas, le chef du Hamas, Khaled Meshaal, a révélé les 
détails de l’accord tant attendu. Il a déclaré lors d’une conférence de 
presse rapidement convoquée dans la capitale syrienne que l’accord 
d’échange prévoyait la libération de 1000 prisonniers de sexe masculin 
et de 27 femmes également détenues.
Il a aussi souligné que l’accord verrait libérés des 
prisonniers condamnés à plusieurs peines de prison à vie et originaires 
de Jérusalem et de la communauté arabe en Israël.
Meshaal a ajouté que la transaction serait réalisée en 
deux temps, d’abord avec le transfert de Shalit en dehors de la bande de
 Gaza et qui coïnciderait avec la libération de 450 prisonniers 
palestiniens, et ensuite avec la libération du reste des prisonniers une
 fois Shalit en Israël .
Meshaal a salué le peuple de Gaza pour ses sacrifices et
 a également remercié l’Egypte, la Turquie, la Syrie et l’Allemagne pour
 le rôle positif qu’ils ont joué dans la conclusion de l’accord.
Ce mercredi [13 octobre], des responsables israéliens 
ont nié que les chefs de la résistance comme le leader du Fatah Marwan 
Al-Barghouti, le secrétaire général du Front Populaire pour la 
Libération de la Palestine (FPLP) Ahmed Saadat,  et le commandant 
militaire du Hamas, Abdallah Barghouthi, feront partie des libérés. On 
ne sait pas si Abbas El-Sayed et Abdel-Salam Abul-Haija seront également
 exclus. Israël a dit qu’il publierait bientôt les noms de tous les 
prisonniers devant être libérés.
Abou Ubaida, un leader de la résistance islamique à 
Gaza, a déclaré à Al-Jazeera mardi soir que l’accord était une victoire 
historique pour le Hamas et les autres organisations de la résistance 
palestinienne. « C’est une grande victoire pour le peuple palestinien. 
Nous dédions cet aboutissement aux martyrs, dont le cheikh Ahmed 
Yassine. » Il a expliqué qu’Israël avait été contraint d’accepter 
pratiquement toutes les demandes et les conditions du mouvement Hamas.
Selon l’accord, toutes les femmes et tous les enfants prisonniers seront libérés.
Un porte-parole de la résistance à Gaza, Abu Mujahed, a 
attribué le succès de l’accord à « la résilience et la détermination 
sans faille de la résistance à veiller à ce que toutes nos demandes 
soient satisfaites. Et cela n’a pas été facile, mais finalement nous 
sommes proches d’avoir obtenu ce que nous voulions », a-t-il ajouté.
Abu Mujahed met en avant que les combattants 
palestiniens pour la liberté savaient qu’Israël devrait être forcé à un 
accord. « Israël ne comprend que ce langage-là. » Il a également indiqué
 que l’accord stipulait qu’Israël satisfasse toutes les revendications 
des prisonniers palestiniens en grève de la faim dans les prisons 
israéliennes en signe de protestation contre l’aggravation des 
conditions de détention.
L’Egypte a en fait joué un rôle clé dans la conclusion 
et la finalisation de la transaction. Un responsable égyptien a été cité
 comme disant que « après 64 mois de négociations difficiles, nous avons
 pu terminer la transaction. C’était une tâche très difficile, qui 
impliquait des heures et des heures de négociations. »
Les responsables égyptiens ont également déclaré que 
l’accord comprenait la libération d’ Ilan Grapel, l’espion israélien 
présumé.
Coïncidant avec l’annonce de l’accord, une autre percée 
du côté israélo-égyptien est survenue quand le ministre israélien de la 
Défense Ehud Barak a annoncé que les deux pays avaient mené une enquête 
conjointe sur la mort de six Egyptiens tués par des tirs israéliens le 
18 août. Barak est allé encore plus loin en disant la volonté de son 
gouvernement de présenter des excuses pour les meurtres.
Ces meurtres, qui ont créé de fortes tensions entre 
Israël et le Caire, se sont produits alors que les troupes israéliennes 
poursuivaient [en territoire égyptien] un certain nombre d’hommes armés à
 l’origine d’une série d’attaques qui ont tué huit Israéliens.
Au cours des délibérations menant à l’acceptation par 
Israël de l’accord d’échange, Netanyahu aurait dit à ses ministres qu’à 
défaut d’approuver la transaction, tous les efforts pour récupérer de 
Shalit seraient perdus. « Si le gouvernement ne parvient pas à approuver
 l’accord, la libération de Shalit pourrait tomber à l’eau, et ce pour 
de nombreuses années. »
Netanyahu a parlé de « puissantes tempêtes » planant sur
 le monde arabe, qui selon lui rendraient le sauvetage de Shalit peu 
probable si le gouvernement ne saisit pas cette occasion.
L’accord est largement considéré comme un grand 
encouragement moral et politique pour le Hamas. Il est également 
susceptible de contribuer à améliorer les relations entre le Hamas et le
 Caire.
Par ailleurs, de nombreux Palestiniens estiment que 
l’accord sera particulièrement favorable pour faire avancer la 
réconciliation nationale entre le Fatah et le Hamas.
Les combattants du Hamas, avec des combattants de deux 
autres groupes plus petits, la Résistance Populaire et l’Armée de 
l’Islam, avaient pris part à une opération militaire à travers la 
frontière le 25 Juin 2006, au cours de laquelle Gilad Shalit avait été 
capturé.
Les responsables israéliens et la plupart des médias ont
 depuis utilisé l’épithète trompeuse de « kidnappé » en faisant 
référence à Gilad Shalit, ignorant le fait qu’il avait été fait 
prisonnier sur le champ de bataille.
Israël a essayé en vain un certain nombre de fois de 
localiser Shalit, y compris durant ses agressions à grande échelle 
contre la bande de Gaza au cours desquelles plusieurs milliers de 
Palestiniens ont perdu la vie.
13 octobre 2011 - Al Ahram Weekly - Vous pouvez consulter cet article à : 
http://weekly.ahram.org.eg/2011/106...Traduction : al-Mukhtar