Rami Almeghari - The Electronic Intifada 
          Une équipe féminine de tennis de table quittera Gaza en  direction de la Jordanie pour prendre part au tournoi Arabe  international de tennis de table, prévu pour le mois d’octobre.         
Sur  la photo : l’équipe féminine gazaouie de tennis de table avec son  entraineur et les administrateurs. (Shadi Alqarra / The Electronic  Intifada )
Le groupe qui se compose de quatre sportives solides  s’apprête à effectuer son premier voyage depuis les  mesures de  fermeture strictes et sévères imposées par Israël en 2007.
Ce tournoi est un évènement annuel, organisé par la  Fédération Arabe de Tennis de Table. S’agissant de l’équipe de Gaza, le  départ prévu intervient alors que les autorités égyptiennes aient permis  un léger assouplissement des conditions sévères établies au niveau du  Passage frontalier de Rafah. En effet, ce dernier est l’unique moyen de  quitter la Bande de Gaza, en dehors de ceux qui se trouvent entre le  territoire côtier et Israël.
En me rapprochant de l’équipe qui se s’entrainait à  Al-Jazeera, le Club Sportif de Gaza, j’ai rencontré Ruba al-Zubaidi, une  maman de deux enfants et âgée de 31 ans. Elle a raconté à The Electronic Intifada : « Quand  j’étais encore une enfant, mon père ne cessait de nous encourager à  jouer au tennis de table ; il nous a même acheté une table de tennis  pour pouvoir jouer à la maison ».
Elle ajoute, non sans un ton de gaieté : « En 1991,  alors que l’Irak était en guerre, l’occupation israélienne avait  interdit à toute la population de Gaza de mettre le nez dehors. Nous  étions donc enfermés dans nos maisons, mais ce fut une belle occasion  pour moi de pratiquer mon sport favori ». Et c’est en 1996-1997 que  commençait la carrière sportive internationale d’Al-Zubaidi, lorsqu’elle  représentait les universités palestiniennes au championnat organisé en  Jordanie.
Originaire de Deir al-Balah, une ville du centre de la  Bande de Gaza, Al-Zubaidi souligne que malgré le conservatisme croissant  à Gaza, les femmes doivent quand même pratiquer et s‘investir dans le  sport.
La sportive fait remarquer que les gens sont ceux qui  établissent et fixent les us et coutumes dans une société donnée. A cet  égard, elle note : « Comme vous pouvez le constater, mon mari n’a émis  aucune objection par rapport à mon sport favori, et il m’autorise à le  pratiquer. Il existe entre nous un respect mutuel. Franchement, les  femmes à Gaza ne doivent plus être marginalisées. C’est déjà assez que  nous vivions sous le siège ».
Cesser d’ignorer l’égalité des droits
Al-Zubaidi souhaite que sa fille de dix ans suive ses  pas et se mette à pratiquer le sport jeune. L’athlète  reconnait : « J’espère que la chance croise son chemin afin qu’elle  puisse, comme moi, pratiquer ses activités favorites, pourvu que notre  communauté cesse d’ignorer l’égalité des droits et chances entre les  femmes et les hommes ».
Parmi les membres de l’équipe, Hadeel Saba. Originaire  de Gaza City, et du haut de ses 13 ans, Hadeel est la plus jeune du  groupe. Elle a fait ses premiers mouvements de jeu au sein de  l’Association des Jeunes Chrétiens de Gaza.
Quant à Reem al-Zaeem, 23 ans, diplômée en informatique,  et qui partage le même enthousiasme que ses coéquipières, elle  raconte : « J’ai commencé ma carrière e jouant au lycée, puis à  l’université. Nous avons commencé nos entrainements dans ce club il y a  cinq semaines et nous avons hâte à prendre part au prochain concours ».
A ce titre, elle n’omet pas de souligner le rôle  encourageant joué par sa famille pour soutenir ses efforts. Elle  reconnait : « Les traditions de notre société ne tolèrent pas notre  implication dans ce type d’activités, mais ma propre famille m’a été  d’un soutien très précieux et m’a encouragée à jouer au tennis de table  librement et sans entraves », et d’ajouter : « Mon souhait le plus cher,  si Dieu le Veut, est de pouvoir, dans l’avenir, représenter la  Palestine dans d’autres compétitions à l’échelle planétaire ». La quatrième coéquipière est âgée de 28 ans et s’appelle Yasmine Eliyan.
Pour sa part, l’entraineur de l’équipe, Khamis al-Habet  aspire à ce que le sport féminin à Gaza jouisse de meilleures  conditions. « Actuellement, explique-t-il, l’équipe s’entraine seulement  deux heures, trois fois par semaine. C’est pourquoi, j’ai entrepris des  contacts avec le club sportif égyptien d’Al-Ahly pour savoir s’il y a  une possibilité d’accueillir mon équipe pendant quatre jours durant  lesquels, elles seront soumises à des entrainements intensifs avant le  début des championnats ».
Il conclut : « C’est la première fois que notre équipe  participe à un championnat international. Nos sportives auront sans  doute à jouer contre de redoutables et très efficaces joueuses  chinoises ».
Encourager l’athlétisme féminin à Gaza
L’histoire du sport retiendra les noms des pionnières  gazaouies, à l’instar de Sanna Abubkheet. Elle était la première et  seule femme dans un groupe de trois athlètes qui a représenté la  Palestine aux Jeux Olympiques d’Athènes de 2004.
A l’époque, les souffrances de l’athlète avaient fait  les unes des journaux du monde entier. Elle était contrainte de  s’entrainer dans les conditions les plus sévères, sans sponsors et avec  une seule paire de souliers de course et vêtue d’un survêtement long  pour couper court aux critiques et reproches des gens de la ville.  Aujourd’hui, les conditions demeurent les mêmes et les mentalités  inchangées puisque les femmes athlètes se heurtent toujours à beaucoup  de barrières.
Le Club Sportif d’Al-Jazeera a été fondé en 2007 par un  groupe d’hommes d’affaires locaux et est agrée par le Ministère de la  jeunesse et des sports, contrôlé par le parti du Hamas. Dans ce cadre, The Electronic Intifada s’est dirigé vers le directeur du club, lui-même un ancien athlète bien connu à Gaza.
Ali al-Nazli a évoqué le développement du sport féminin  dans le territoire, affirmant que l’athlétisme féminin dans la Bande de  Gaza a été confiné et restreint dans des endroits fermés comme les  salles de gym et certains clubs ou  associations féminines. Ainsi, à  cause des normes sociales conservatrices établies à Gaza, les femmes ne  doivent pas pratiquer le sport, encore moins s’entrainer en public.
Il poursuit : « Nous nous réjouissons d’être le tout  premier club de Gaza a avoir pris cette initiative. Durant les deux  dernières années, nous avons organisé plusieurs activités sportives,  comme les cours de natation dans des espaces fermés. Nous avons aussi  veillé à ce que les femmes soient entrainées par des femmes, et nous  avons réussi à entrainer plus de 150 femmes, tous âges confondus ».
A présent, confirme al-Nazli, le club a reçu  l’approbation du Ministère de la jeunesse et des sports quant aux  activités du club consacrées aux femmes. Il s’enorgueillit  d’avouer : « Nous avons réussi à briser les obstacles et barrières qui  entravent l’émancipation du sport féminin  à Gaza ».
De retour chez l’équipe, Ruba al-Zubaidi et ses  coéquipières ne se laissent pas décourager par les défis qui les  attendent, car le dessein est bien plus significatif : « Nous sommes  fières de prendre part à un tel championnat, et réussir à sortir du  blocus israélien imposé à Gaza ».
* Rami Almeghari est journaliste et conférencier universitaire vivant dans la bande de Gaza.
Vous pouvez le contacter à : rami_almeghari@hotmail.com.
26 septembre 2011 - The Electronic Intifada - Vous pouvez consulter cet article à : 
http://electronicintifada.net/conte...Traduction de l’anglais : Niha