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lundi 12 septembre 2011

Le sursaut du peuple égyptien : la dignité retrouvée

10 septembre 2011
Des milliers de jeunes égyptiens prennent d’assaut l’ambassade sioniste au Caire : l’ambassadeur s’enfuit sous escorte, les martyrs tombent, les blessés sont par centaines, les chancelleries mondiales s’inquiètent, la crise couve en Egypte, et le monde arabo-musulman bénit l’action courageuse du peuple égyptien et y voit le signe de sa dignité retrouvée, notamment après l’assassinat par l’armée sioniste de plusieurs soldats égyptiens suite à l’opération courageuse d’Um Rashrash (Eilat) en Palestine occupée, il y a quelques semaines.
Les événements ont repris leur cours normal, en Egypte, après la révolution qui a renversé au mois de février dernier le « pharaon », celui qui avait plongé l’Egypte dans une soumission intenable aux puissances occidentales et surtout à l’entité sioniste. Le pouvoir du déchu Moubarak avait livré l’Egypte aux sionistes, comme le pouvoir du Shah avait livré l’Iran aux Etats-Unis. Domination politique, économique et même militaire, l’Egypte fut asphyxiée et pillée, elle fut d’abord et avant tout humiliée. Les accords de Camp David bénis par les Etats-Unis et la prétendue communauté internationale ont placé l’Egypte sous le diktat sioniste, cette Egypte qui avait été la fierté du monde arabo-musulman au temps de Nasser, et avant, au temps des révolutions populaires contre la présence britannique.
C’est cette Egypte, populaire et généreuse, qui a pris d’assaut l’ambassade sioniste, exprimant le vœu de toute la nation arabo-musulmane d’en finir avec les accords humiliants passés avec l’ennemi sioniste. C’est cette Egypte, populaire et nationale, qui s’est soulevé dans un sursaut général, pour dire que la révolution égyptienne ne peut être confisquée ni par les militaires, ni par les puissances occidentales qui cherchent à dévier son parcours, ni par des puissances régionales arabes et musulmanes qui cherchent à la réduire à une pseudo-démocratie parlementaire, placée sous domination impériale.
Le peuple égyptien, fier et courageux, a dit non à la présence des sionistes sur le sol égyptien, car c’est de là que doivent partir les révolutions, n’en déplaise à tous ceux qui jacassent sur d’autres agendas et qui renversent les priorités. Partir de la cause palestinienne et renverser les régimes soumis aux sionistes, doivent demeurer la priorité des révolutionnaires arabes. Le comité de lutte contre le sionisme, en Jordanie, l’a compris et a salué le courage du peuple égyptien, appelant à faire de même à Amman, où se trouve l’ambassade sioniste, et appelant surtout à réclamer le démantèlement de l’accord de Wadi Araba, cet accord qui a entièrement soumis la Jordanie à l’Etat sioniste.
Comme en Iran, le peuple égyptien ne s’est pas contenté de renverser la tête, il est allé au cœur : les révolutionnaires iraniens, il y a trente ans, avaient pris d’assaut l’ambassade américaine, source du mal, et dépouillé tous les documents de ce nœud de vipères qui complotait contre le peuple iranien et les peuples de la région. Aujourd’hui, les jeunes révolutionnaires égyptiens ont pris d’assaut l’ambassade sioniste et semble-t-il, se sont emparés de la pièce qui renferme les documents de l’ambassade. Ce n’est sûrement pas ce qu’avaient prévu les chancelleries occidentales, ni orientales d’ailleurs, lorsqu’elles avaient accepté, à contre-cœur, la chute de Moubarak. Ce n’est pas ce que voulaient les monarchies pétrolières du Golfe ni leurs amis égyptiens qui ont essayé, par tous les moyens, de briser l’élan révolutionnaire des jeunes en suscitant des querelles internes au sein de la société égyptienne.
Malgré de nombreuses différences entre la révolution iranienne il y a trente ans, dirigée par l’imam Khomeiny, et la révolution égyptienne actuelle, nous pouvons relever quelques similitudes : trente ans, jour pour jour, le peuple égyptien renverse, par des manifestations populaires par millions, le pouvoir soutenu par les impérialo-sionistes. Dans les deux cas, les martyrs tombent par centaines, ce qui ne fait que renforcer la combativité du peuple. Dans les deux cas, la chute des dictateurs soulève d’enthousiasme les peuples de la région, qui y voient une nouvelle phase vers la libération de la région, et notamment de la Palestine. Puis c’est l’acte II : en Iran, dès le premier jour, l’ambassade sioniste est remplacée par l’ambassade de la Palestine et, plusieurs mois après, les révolutionnaires poursuivent la marche et attaquent, en Iran, le principal bastion de la contre-révolution et de la soumission (l’ambassade américaine), et en Egypte, un des principaux bastions (l’autre étant l’ambassade américaine) de la soumission.
L’acte II de la révolution égyptienne n’a été fomenté ni par al-Jazeera, ni par al-Arabiya, ni par Qatar, ni par l’Arabie saoudite, ni même par les réseaux Facebook et les associations droits de l’hommistes créées par les ambassades étrangères. C’est le peuple égyptien qui a décidé que l’Egypte doit retrouver sa dignité et laver son honneur.
Fadwa Nassar
Communiqué par l'auteur