Pierre Beylau - Le Point
Les  Palestiniens veulent proclamer unilatéralement leur État et le faire  reconnaître par l’ONU. Les Américains et les Européens sont embarrassés.
L’automne risque d’être chaud  au Proche-Orient. Mahmoud Abbas a réaffirmé mercredi 27 juillet sa  volonté de faire admettre l’État de Palestine aux Nations unies. Une  procédure qui passe par le Conseil de sécurité. Les États-Unis ont déjà  fait savoir qu’ils opposeraient leur veto. Mais à l’Assemblée générale  de l’ONU, réunie à New York pour sa 66e session à partir du 25  septembre, une très large majorité de pays - sans doute les deux tiers -  est prête à voter une résolution reconnaissant l’État palestinien.
Même si un tel texte n’aurait en principe aucune valeur  juridique, il pourrait fournir à l’Autorité palestinienne une légitimité  internationale justifiant la proclamation unilatérale de  l’indépendance. Le gouvernement israélien a menacé, dans ce cas,  d’annexer purement et simplement les blocs de colonies implantées en  Cisjordanie. Un casus belli pour les Palestiniens. Certains échafaudent  déjà des scénarios catastrophes : une flambée de violence dans les  territoires, un dangereux coup de froid dans les relations d’Israël avec  l’Égypte et la Turquie. Une crise majeure au beau milieu des grandes  fêtes juives de Roch Hachana (le nouvel an) et du Kippour.
La politique du fait accompli
Le pire n’est jamais sûr et les pompiers de la  diplomatie s’activent pour tenter de circonscrire l’incendie. Barack  Obama, qui, lors de son discours du Caire, a voulu refonder la politique  arabe des États-Unis, souhaite éviter d’apparaître comme un adversaire  des Palestiniens. Mais il doit ménager un Congrès très pro-israélien.  Alain Juppé suggère de désamorcer la machine infernale en organisant une  conférence des pays donateurs à la Palestine qui pourrait se  transformer en conférence de la paix. Tout le monde tente de jeter des  seaux d’eau sur le brasier, mais sans disposer de véritable agenda pour  une solution.
Car l’équation semble insoluble. Côté israélien : un  gouvernement intransigeant qui n’a nullement l’intention de bouger et  mise sur la politique du fait accompli. Il y a désormais 300 000 colons  en Cisjordanie sans compter les 200 000 Israéliens résidant à  Jérusalem-est annexée. Les appels d’offres pour 336 nouveaux logements  vont être lancés. Côté palestinien : Gaza contrôlée par le Hamas et une  Autorité palestinienne à la légitimité flageolante. Les prochaines  élections municipales en octobre, premier scrutin depuis 2006, ne  pourront se tenir qu’en Cisjordanie. Si l’on ajoute à cela un contexte  régional des plus instable (chaos en Syrie, incertitudes en Égypte), les  perspectives ne sont pas au beau fixe dans l’Orient compliqué...