Sabrina Kassa|
C’est aux alentours du 20 juin que le bateau  français pour Gaza devrait larguer les amarres depuis Marseille. Mardi,  à Paris, un grand meeting de soutien a permis de faire un point d’étape  à moins de trois semaines du départ.
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Les traits sont tirés, mais le soulagement se lit sur  les visages des organisateurs de la campagne « Un Bateau pour gaza ». Ce  31 mai, la salle de la bourse du travail  à Paris est pleine et (presque) tous les invités du grand meeting sont  présents. Pierre Laurent (PCF), Clémentine Autain (FASE), Noël Mamère  (EELV), Myriam Martin (NPA), Eric Coquerel  (PG), Jean-Jacques Boislaroussie (Les Alternatifs), Monique Cerisier  Ben Guigua, sénatrice socialiste. C’est le grand rassemblement de la  gauche autour de la cause palestinienne, (avec un engagement certes  timide du PS) et même au-delà, avec la présence de l’éternel trublion  UMP Etienne Pinte. « Dans mon groupe, c’est vrai que je suis isolé, mais  beaucoup n’en pensent pas moins. Et si en automne les Nations Unies  reconnaissent l’Etat palestinien, vous verrez, il y aura beaucoup plus  de gens de droite pour venir en parler... » s’est-il amusé à la tribune.
Depuis janvier 2011, la mobilisation citoyenne autour de  la campagne du « bateau français pour Gaza » avec plus de 1400  initiatives sur tout le territoire national a permis la collecte de 600  000 euros (montant supérieur de l’objectif initial fixé à 500 000).  Cette large mobilisation a été possible grâce au travail collectif (une  première) de quasiment toutes les associations et les collectifs de  solidarité avec la Palestine, à l’exception notable de la CAPJPO.
Depuis quelques semaines, le bateau  français a donc été acheté. Il devrait partir de Marseille vers le 20  juin, mais la délégation française n’est pas encore connue. Elle sera  composée d’élus (cf. l’appel des élus publié le 30 mai sur Rue 89 http://www.rue89.com/2011/05/30/un-...), de journalistes, de personnalités publiques (appel des personnalités publié le 20 mai dans Le Monde et Médiapart http://blogs.mediapart.fr/edition/l...)  et de membres locaux et nationaux de la campagne. Les arbitrages sont  en cours et d’après les organisateurs ce n’est pas simple car il y a peu  de places. Seule une trentaine de personnes pourront monter sur le bateau  français et environ 60 à 80 personnes sur le célèbre bateau  international « Mavi Marmara ». Et de toute façon la liste des noms des  personnalités restera secrète encore un moment « pour leur éviter de  subir trop de pressions » confie Thomas Sommer-Houdeville, de la CCIPPP  et membre très actif de cette campagne. Il était l’année dernière un des  rares français à être de la « Flottille de la liberté », dont le livre  La flottille. Solidarité internationale et piraterie d’Etat au large de  Gaza (http://www.regards.fr/nos-selection...) raconte l’aventure avec brio.
Car la pression, en effet, est forte. Suite à l’annonce  du départ de la flottille début mai, le Ministère français des Affaires  Etrangères a réagit frileusement en déconseillant formellement aux  ressortissants français « d’embarquer sur des navires ayant pour  objectif de briser le blocus maritime imposé sur la bande de Gaza ». Un  sale coup pour les membres de la Campagne qui attendaient un soutien  gouvernemental, « non pas sous la forme d’une protection du bateau par  l’armée, mais l’engagement d’un vrai travail diplomatique pour s’assurer  que les drames de l’année dernière ne se reproduise pas » résume Thomas  Sommer-Houdeville. La fin de non recevoir du Quai d’Orsay ne les a  toutefois pas découragé. Le 23 mai, les membres de la campagne ont  réitéré leur demande de protection de la flottille en insistant sur la  légitimité de la société civile à intervenir. « La Flottille de la  liberté II est une réponse légitime au défaut de volonté politique de la  communauté internationale pour obtenir la fin de ce blocus illégal ».  Précision d’autant plus utile que le gouvernement israélien dans sa peur  viscérale de voir débarquer la flottille n’hésite pas à la diaboliser.
Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a  informé le secrétaire général de l’Onu, Ban Ki-Moon, que ce projet  "était organisé notamment par des extrémistes islamistes afin de monter  une provocation et d’entraîner un affrontement". Et d’annoncer qu’Israël  "était déterminé à prendre des mesures énergiques" pour empêcher cette  flottille d’atteindre Gaza. Pression internationale qui a reçu un assez  bon écho. Le secrétaire général de l’ONU Ban Ki-Moon a même écrit, à la  mi-mai, aux gouvernements des pays méditerranéens pour qu’ils s’opposent  à l’envoi de flottilles car celles-ci risquent, dit-il, d’aboutir à un  « conflit violent ».
Si la campagne n’a pas reçu de soutien de la diplomatie  française, elle a reçu cependant le 27 mai le soutien officiel du  Conseil régional Rhône-Alpes, à la suite d’un vœu déposé par le groupe  Europe-Ecologie – Les Verts. Initiative jugée « historique » par les  élus de la collectivité territoriale et qui pourrait donner des idées à  d’autres. A la fin du meeting du 31 mai, Eric Coquerel a proposé à Pierre Laurent de déposer une motion Front de gauche au Conseil régional Ile-de-France.