mardi 21 juin 2011 - 07h:10                               
                                                       
  Des bateaux pour Gaza - La "Freedom Ride" d’aujourd’hui 
  Freedom Ride sur Wikipédia
  * Ali Abunimah est l’auteur de One Country, A Bold Proposal to End the Israeli-Palestinian Impasse. Il a contribué à  The Goldstone Report : The Legacy of the Landmark Investigation of the Gaza Conflict. Il est le cofondateur de la publication en ligne The Electronic Intifada et consultant politique auprès de Al-Shabaka, The Palestinian Policy Network.                        
          La célèbre écrivaine et poétesse états-unienne, Alice Walker,  sera, à la fin de ce mois de juin, parmi les 38 personnes à bord de l’Audacity of Hope, le navire de l’organisation US Boat to Gaza qui participe à l’action internationale pour à briser le siège maritime de la bande de Gaza par Israël.         
Alice Walker intervenant à Ramallah, Cisjordanie occupée.
(Photo : Lazar Simeonov/TEDxRamallah)
Dans sa conversation avec Ali Abunimah, Walker fait part de ses réflexions à la veille du départ et de la relation entre la Flottille de la liberté pour Gaza et les  Freedom Rides (Voyages de la Liberté) (*)  pendant le mouvement pour les Droits civiques aux États-Unis, où des  Noirs et des Blancs américains montèrent ensemble à bord d’autocars  inter-États pour faire abolir les lois promouvant la ségrégation  raciale. Les Freedom Riders (Voyageurs de la  liberté) avaient rencontré une extrême violence, entre autres des  incendies de cars, des tentatives de lynchages, de la prison et des  tortures.
Walker - qui a écrit plus de trente livres, son livre phare étant The Color Purple  (La Couleur pourpre -1982, prix Pulitzer 1983) - réfléchit aussi sur sa  récente visite en Cisjordanie occupée, sur le rôle de la danse et de la  joie dans le combat pour la liberté, et sur la situation aux  États-Unis. Son dernier livre, un mémoire, est intitulé The Chicken Chronicles (Chroniques d’un poulet).
Ali Abunimah : Que  ressentez-vous à propos de votre embarquement sur le navire US pour  Gaza ? Etes-vous enthousiaste, avez-vous des craintes ? Quelles sont vos  pensées à cet instant ?
Alice Walker : Je  réfléchis beaucoup. Parce qu’on nous a dit que ce pourrait être un  voyage très dangereux. Et aussi, je me plonge dans la sagesse, les idées  et les mots de ceux qui, dans ma culture, nous ont soutenus à travers  d’autres voyages dangereux. Langston Hughes, Malcom X, Martin Luther  King et Ella Baker, Fanny Lou Hamer, Black Elk, Geronimo, Crazy Horse,  Ida B. Wells, Sojourner Truth, Bob Marley. Cela me fait du bien de me  sentir entourée par tous ces gens qui ont compris l’empire américain et  qui se sont levés contre lui.
AA : Vous avez fait le lien avec les Freedom Rides qui ont eu lieu il y a cinquante ans, en 1961. Pouvez-vous nous en parler ?
AW : Oui, cela veut dire  que nous sommes en train de prendre la relève pour partir là où dans le  monde, des peuples ont besoin de nous, et où nos gouvernements ne  servent à rien sinon, en réalité qu’à détruire.
Juste avant ma première année de collège, les Freedom Riders  sont descendus dans le Sud ; j’habitais la Géorgie où nous subissions  une intense ségrégation dont les Blancs convaincus de leur suprématie  raciale pensaient, avec bien des Noirs aussi, qu’elle allait durer  toujours. Ils étaient devenus extrêmement sûrs d’eux après une centaine  d’années de brutalité et d’assujettissement du peuple noir ; et quand  les Freedom Riders sont descendus, nous ne nous attendions pas à ce qu’ils survivent.
Tout comme nous ne nous attendions pas à ce que Martin  Luther King Jr vive aussi longtemps. Mais nous leur étions très  reconnaissants parce qu’au moins, cela nous assurait que quelqu’un, en  dehors de notre communauté, s’opposait à la répression que nous  endurions chaque jour et cela voulait dire beaucoup pour nous. Cela nous  a remonté le moral, cela nous a donné du courage, nous a donné de  l’espoir.
AA : J’ai lu récemment sur les Freedom Riders et j’ai été surpris par le si peu de couverture que cet anniversaire a obtenue dans certains de nos grands médias. Peut-être  n’aurais-je pas dû être si surpris. Mais l’une des choses qui m’a  frappé, c’est d’apprendre que l’Administration Kennedy à l’époque  n’était pas favorable aux Freedom Riders, disant que  c’était des provocateurs et qu’ils devraient s’abstenir d’agir comme  ils le faisaient. Et cela m’a frappé car c’était presque le parallèle  avec ce qui se passe aujourd’hui.
AW : Et je pense que c’est ce que nous avons ressenti. Le gouvernement n’a jamais dit, « Oh oui, sortez et manifestez ». Il n’a jamais dit cela. Il a toujours dit, « Nous  ne vous soutiendrons pas, et vous ne devez pas le faire, et c’est une  erreur, et c’est mauvais, et ce n’est pas bon pour vous ». Mais  c’est justement pour cela que vous manifestez. Vous décidez que vous  savez vous-même quoi penser sur ce qui est bien pour vous, et vous y  allez, et vous le faites.
AA : Certains des  - appelons-les les Voyageurs de la liberté pour Gaza  - ont écrit ou prévu d’écrire aux membres du Congrès ou au Département  d’État pour les informer qu’ils envisageaient de participer à ce voyage.  Avez-vous prévu de le faire, ou l’avez-vous déjà fait ?
AW : J’ai écrit aux  sénatrices Barbara Boxer et Diane Feinstein - toutes deux Démocrates en  Californie - et à Barbara Lee, membre de la Chambre des Représentants,  qui sont mes représentantes, pour leur faire savoir ce qui se passait et  leur demander leur soutien, et quelle protection elles pouvaient  offrir.
Mais je l’ai fait parce qu’il m’avait été demandé de le  faire et que cela m’a paru être une bonne idée. Mais je ne prétends pas  croire qu’elles seront toutes efficaces. J’aimerais bien, mais je pense  qu’à un moment donné, dans toutes ces aventures, vous prenez conscience  qu’il faut vous prendre en charge vous-même, que c’est quelque chose que  vous sentez devoir faire, parce que c’est le devoir du monde de le  faire, et que c’est un moyen pour que nos enfants cessent d’être  tourmentés et déformés par la brutalité qu’ils voient infliger à  d’autres enfants, comme eux, partout dans le monde.
AA : Ces  dernières semaines, nous avons vu un certain nombre de manifestations de  réfugiés palestiniens marcher sur les frontières de la Palestine  contrôlées par Israël et des gens se faire abattre par Israël. Les  Israéliens ont déclaré qu’ils se préparaient à arrêter la flottille. Il a  été déployé de gros efforts diplomatiques pour tenter de persuader les  organisateurs de la flottille de ne pas partir. A votre avis, que  va-t-il arriver ? Comment pouvons-nous faire monter les consciences au  point de mobiliser ce même soutien pour la flottille et son objectif de  lever le blocus ?
 AW : Je pense que nous  avons affaire à des gens d’un haut niveau d’irrationalité, pour le dire  vraiment gentiment. Aussi rien ne laisse supposer vraiment que nous  puissions faire quelque chose pour qu’ils arrêtent de faire ce qu’ils  font depuis soixante ans.
La réalité, c’est que nous avons affaire à des gens très  brutaux ; des gens endoctrinés sur une longue période. Et à une armée  qui est manifestement insensible à la souffrance des autres. C’est une  réalité. Aussi, ce serait génial si à The Electronic Intifada, vous faisiez tout votre possible, vous savez, et si d’autres médias animés par des gens de conscience criaient haro sur eux.
Mais en fin de compte, je pense que nous tous qui nous  sommes engagés à être à bord du bateau, nous devons nous interroger au  fond de nous-mêmes, comme l’a fait Martin Luther King Jr en son temps,  alors qu’il était en prison en Alabama, et qu’il écrivit sa Lettre d’une prison de Birmingham.
Il n’avait aucun moyen de savoir ce qui allait lui  arriver, car normalement, il aurait dû être sorti de sa prison en plein  milieu de la nuit et frappé à mort ou lynché ou pendu à un arbre. Il lui  a fallu, de lui-même, admettre que cela était très possible.
Aussi, ceux qui vont être sur ces navires, je l’espère,  vont utiliser ces derniers jours - en espérant que ce ne soient pas les  derniers des derniers mais les derniers seulement avant le voyage - pour  décider si cela en vaut la peine : que s’ils ont à perdre la vie, s’ils  ont à souffrir d’une affreuse façon, eh bien, ils sont prêts. Ils sont  prêts comme ils ne le seront jamais.
Une façon de penser qui me plaît par exemple c’est  qu’une tornade peut survenir et m’aspirer hors de ma voiture. Que  quelqu’un peut être enlevé par une inondation subite. Qu’un tsunami peut  vous noyer pendant votre sommeil. Qu’un incendie peut réduire en  cendres toute votre communauté. Ce sont toutes des façons réelles de  sortir de l’existence. Vous pouvez aussi mourir dans les souffrances  d’un cancer.
Donc, il s’agit d’une façon de voir réaliste, car nous  entrons dans une conjoncture où vous ne pouvez pas savoir ce qui va  arriver.
Et c’est pourquoi je me plonge dans ce qu’on dit ceux qui, avant moi, ont connu la même situation et qui ont décidé : « Eh bien, j’aime ce monde. "Je l’aime".  J’aime ces petits enfants. Ils ne méritent pas ce qui leur arrive. Ils  ne méritent pas d’être maltraités ; ils ne méritent pas d’être effrayés.  Je suis un adulte. Je suis un aîné. Donc, comment pourrais-je laisser faire ce qui leur arrive, ne pas résister d’une quelconque façon ? ».
AA : Ce ne sera pas la première fois que vous tentez d’aller en Palestine, ou même que vous vous rendez en Palestine. Vous êtes allée déjà à Gaza et vous avez écrit un petit livre extrêmement beau, Overcoming Speechlessness (Surmonter le mutisme). Nous avons eu l’occasion d’en publier des extraits sur The Electronic Intifada avant sa publication. Et vous êtes allée récemment en Cisjordanie. Qu’avez-vous vécu en Cisjordanie ?
AW : Eh bien, le mur. Le  mur. Quand j’ai vu des extraits du discours de Netanyahu devant les  sénateurs et le Congrès, vu les gens applaudir le Premier ministre  israélien, je me suis simplement demandé s’ils s’étaient déjà tenus dans  l’ombre de ce mur.
Ce mur est une telle insulte à l’âme de l’humanité. Il  est si énorme. Il est si menaçant. Et ils le construisent sous les yeux  des gens, leur volant leur terre par la même occasion ; de sorte que non  seulement ils emmurent une population, mais ils lui prennent sa terre  et ils tirent sur les gens quand ils tentent d’aller travailler sur leur  terre afin d’avoir quelque chose à manger.
C’est un tel crime contre l’âme de l’humanité. Nous ne  pouvons pas supporter cela. Quels êtres humains serions-nous si nous  arrivions à supporter cela ? Nous ne pouvons pas le supporter. Et nous  ne devons pas. Ce fut l’une de mes impressions les plus incroyables,  juste l’énormité du mur, comment cela peut-il exister.
Et il y a autre chose, les colonies. Les colonies sont  énormes. Elles ne ressemblent en rien à ce à quoi je m’attendais. Et il y  en a partout, partout ! Et j’ai réalisé que tout cette longue fiction,  cette comédie appelée processus de paix, n’était qu’une diversion, un  théâtre d’ombres, de façon à ce que les gens ne se rendent pas compte  qu’il n’y aura jamais aucune paix.
 Et c’est toujours pour leur prendre leur terre. La  religion n’a rien à voir avec cela ; ou alors, utilisée comme un  prétexte. A un certain degré, je connaissais tout cela, mais de le voir,  cela a été vraiment une découverte !. Et cela a toujours été comme  cela, depuis le tout début.
Pour le côté positif,  j’ai aimé être avec ce que je considérais être ma tribu. Partout dans  le monde vous avez une tribu, eh bien pour moi, ce sont les poètes et  les écrivains, et les musiciens et les danseurs, et les gens qui, vous  le savez, veulent jouir de cette planète. La planète est là pour qu’on  en jouisse. Ce n’est pas en la bombardant ni en la martyrisant ni en la  forçant à faire ce que vous voulez.
AA : Il y a une belle scène dans Overcoming Speechlessness , quand vous décrivez la danse à Gaza. Vous parlez de façon très éloquente du rôle la danse.
AW : Oui, c’est juste que  nous ne devons jamais oublier la vivacité et l’allégresse de ce monde,  son naturel pour la danse, quand il est libre de les manifester  lui-même. C’est important pour montrer aux enfants qu’ils n’ont pas à  continuer à vivre indéfiniment dans la peur, et que notre planète est  vraiment gracieuse, et belle.
Quand nous circulions en Cisjordanie, on nous montrait  tous ces terrains où les Israéliens avaient arraché des oliviers. Il y  avait des hectares et des hectares de souches calcinées. J’en ai pleuré  parce que ces arbres étaient innocents ; tout ce qu’ils avaient fait  c’était d’être là, à nous donner ce qu’ils avaient : nous tirions un  profit de leur existence, et que quelqu’un ait pu en arracher, ne  serait-ce qu’un seul, sans en être désolé est pénible.
Alors, en arracher deux millions et demi ! Je déteste  croire qu’une âme puisse ne serait-ce que penser que cela n’est rien.  Qui cela peut-il être ? La Terre est pour la joie, et la danse en est  une grande part. Et vous dansez avec la nature. La nature danse  toujours. Si vous n’êtes pas en train de la harceler, de la tuer ou de  la mutiler, la nature danse. C’est ce que font les feuilles quand le  vent souffle entre elles. Nous vivons dans un univers magique  magnifique. Et l’abîmer simplement en croyant que nous pourrions à un  moment aller au paradis ou trouver une autre planète, est ridicule.
AA : Vous avez fait le lien entre le combat pour la justice et la liberté en Palestine, et les Freedom Riders,  et vous vous êtes souvent exprimée sur l’importance de ce lien entre  ces combats. Pouvez-vous nous faire part de la façon dont vous voyez la  situation aux États-Unis actuellement. Quelle est notre situation ? Pour  quoi combattons-nous ici ? Contre quoi nous sommes-nous levés ? Que  sommes-nous censés faire ? Nous avons une élection qui va arriver, et je  ne vous demande pas nécessairement ce que vous pensez à propos de cette  élection, mais n’est-elle pas supposée être un moment politique fort ?  Nous battons-nous ici pour les bonnes causes ?
AW : Je crois que nous  devrions travailler à approfondir et à faire prendre conscience de ce  que nous voyons s’épanouir dans le Wisconsin et l’Ohio, dans certaines  luttes du mouvement syndical. La lutte pour avoir des syndicats et une  représentation, pour l’emploi, les salaires et les avantages.
Mais la sensibilisation doit porter également sur ce que  nous avons pratiquement perdu dans notre pays et auquel nous devrions  penser non seulement pour sauver la démocratie, mais le pays lui-même.  Sur une protection véritable de la Terre, de notre sol ravagé par les  forages pétroliers et gaziers, les mines de charbon et tous ces autres  travaux invasifs pour le profit. Il faudra des millions d’années avant  que nous retrouvions notre sol arable. Bien avant de retrouver l’eau  pure que nous avons l’habitude d’avoir partout en abondance.
L’élection qui arrive, je pense qu’elle sera indécente si elle exige un milliard de dollars, rien que pour les Démocrates,  pour réélire le président. Si j’étais le Président Obama, je parlerais à  la nation, et je lui dirais : Vous savez quoi ? Je n’ai pas eu le temps  d’amasser l’argent pour la réélection. Si vous me voulez encore, c’est à  vous de me rappeler. Je suis trop occupé à travailler sur les nombreux  problèmes de l’Amérique. Le logement, les guerres, les catastrophes  économiques, le changement de climat, les tornades, etc.  Oui, c’est  cela que je ferais. Je ne passerais pas un seul jour ni cent, à essayer  de me faire réélire. Cette position nous forcerait, nous les Américains,  à nous prendre en charge et je pense que nous en sommes capables.
Je crois que quand on en arrive à avoir besoin de tant  d’argent pour une élection, rien ne peut plus vous faire croire que vous  êtes en démocratie. Parce qu’un pauvre, ou même quelqu’un de la classe  moyenne, n’a guère l’occasion d’entreprendre quoi que ce soit, sans une  injection massive de l’argent des grosses sociétés, comme nous voyons  que cela se passe. Je pense donc que beaucoup d’entre nous se sentent  complètement abandonnés. Nous avions espéré beaucoup mieux d’Obama, même  si nous comprenons que ce n’est qu’une simple personne et qu’il a été  aspiré par une machine implacable dans ses exigences et ce qu’elle  entend faire sur la planète. Mais il va nous manquer. Nous regretterons  l’espoir que nous avons eu et le sentiment d’avoir quelqu’un qui  pouvait, réellement, se soucier de nous. C’est un moment intéressant  pour moi aussi, personnellement. Mon affection et ma compassion pour  Obama et sa famille sont inconditionnels, mais pas mon soutien pour sa  carrière politique.
J’ai été très troublée par son discours devant l’AIPAC  (Comité aux Affaires publiques israélo-américaines), il n’a pas parlé  des enfants palestiniens. Il n’a pas parlé des enfants musulmans. Et,  vous savez, j’aime tous les enfants. Je me dis, en fait, que je ne peux  pas, et je n’ai jamais pu, distinguer un enfant juif d’un enfant  musulman. C’est inquiétant à un niveau très, très, profond.  Qu’est-ce  que cela veut dire de choisir un enfant plutôt qu’un autre ? Non  seulement cela, mais je porte aussi toujours dans mon cœur l’image de  l’enfant palestinien, en général un tout petit garçon, lançant une  pierre sur un char d’assaut israélien qui doit lui paraître plus haut  qu’un autobus à impériale et qui aurait pu démolir la maison de sa  famille, avec certains des siens à l’intérieur.
Qui se tient au côté de ce petit garçon ? Sommes-nous  censés l’ignorer, ignorer son courage et sa douleur ? refuser de voir à  quel point il est digne d’admiration et de compassion ? Je ne le peux  pas.
AA : En  vous écoutant, il me vient à l’esprit à quel point beaucoup des choses  qui sont dites sur ceux qui agissent pour la justice en Palestine, tant  par l’État israélien que par certains de ses partisans dans notre pays, à  quel point ces choses sont diffamatoires, et cruelles, et malavisées.  Et dénuées d’empathie. Est-ce que cela vous arrive aussi ? Ne  craignez-vous pas d’être qualifiée de toutes sortes de noms pour  entreprendre ce voyage, là où il conduit ?
AW : Eh bien oui, j’ai été  qualifiée de certaines choses déjà. Nous sommes dans le Sud - je  remercie Dieu pour ma culture dans le Sud, dans le Sud noir -,  l’une de  nos expressions courantes quand nous abordons un mot affreux par lequel  on a été appelé est « On m’a traité de tout sauf d’enfant de Dieu ». Et cela nous protège. J’ai été traitée de tout sauf d’enfant de Dieu. Et enfant de Dieu, c’est ce que je suis. Et c’est à peu près ma situation.
Mon Dieu n’est pas un Dieu religieux. Mon Dieu, c’est la  nature, mon Dieu c’est tout ce qui est. C’est cela Dieu. Tout est Dieu.  Je suis un enfant de cela. Et ainsi les gens se sentiront libres  d’exprimer cependant leur lien avec moi, ce qui pourrait bien être plus  la façon dont ils se voient eux-mêmes, que celle dont je les vois. Car  comme je sais que je suis un enfant de Dieu, je sais qu’ils le sont  aussi, quelle que soit la folie dans laquelle ils peuvent s’être  engagés.
AA : Je  sais que beaucoup de gens retirent inspiration et espoir de la décision  que vous avez prise et de votre volonté d’entreprendre ce voyage. Et  vous allez, et tous ceux qui seront avec vous sur le bateau américain,  et sur les autres bateaux, emmener avec vous leur affection et leur  soutien.
AW : Eh bien, il y a  toujours quelque chose à faire pour les gens dans ce pays. Aussi  longtemps qu’ils remplissent leurs engagements dans notre responsabilité  mutuelle et qu’ils sont fidèles à ce qu’ils doivent faire, alors nous  avons une chance.
AA : Je vous remercie beaucoup, Alice.
(*) Voir aussi :
                17 juin 2011 - The Electronic Intifada - traduction : JPP