Cisjordanie - 1 avril 2011
Par Yousef
Lorsque j'ai entendu, le 12 mars, l'horrible nouvelle que cinq colons israéliens avaient été assassinés chez eux dans la colonie d'Itamar, je savais que ce n'était qu'une question d'heures avant qu'un mauvais article décrive les meurtres comme la fin d'une "accalmie de la violence" ou la fin d'un "calme relatif" depuis une attaque près d'Hébron, l'été dernier, au cours de laquelle quatre colons israéliens avaient été tués.
A l'époque, le Washington Post avait publié un éditorial disant que l'attaque mettait fin à "trois ans de paix" dans la région, éditorial auquel nous avions répondu sur ce site.
Je suppose donc qu'il ne faut pas être autrement surpris que Janine Zacharia, du Washington Post, ouvre la voie en affichant une ignorance complète de la situation qu'elle est censée couvrir, ou un parti-pris manifeste pro-Israël (ou les deux).
Voici l'article de Zacharia du 13 mars et l'extrait important :
"Le quotidien israélien Ha'aretz, citant une enquête préliminaire, a rapporté que les enfants étaient âgés de 11 ans, 3 ans et 3 mois. Le journal dit aussi qu'une autre fille de 12 ans et deux de ses plus jeunes frères ont réussi à s'échapper. L'attaque a brisé un calme relatif qui a prévalu en Cisjordanie ces derniers mois, tandis que les forces de la sécurité palestinienne assurent un contrôle plus strict dans les territoires où Israël les autorise à opérer, et que les forces israéliennes et palestiniennes coordonnent le travail sécuritaire.
En août dernier, quatre colons juifs avaient été tués dans une fusillade en Cisjordanie ."
La chronologie de Zacharia est probablement représentative de la couverture de ces événements dans la plupart des grands médias, malheureusement. On livre aux lecteurs américains ou aux consommateurs des principaux médias un message simple et clair : des Israéliens sont tués à 6 mois d'intervalle et entretemps, tout était calme.
Le problème est que pour Zacharia et beaucoup des médias, un "calme relatif" signifie qu'aucun Israélien n'a été attaqué, blessé ou tué, et ignore l'occupation et la violence continuelle contre les Palestiniens.
Dans cette période de "calme relatif", le groupe israélien pour les droits de l'homme B'Tselem a recensé qu'au moins 41 Palestiniens ont été tués par les forces israéliennes dans le territoire palestinien occupé. Parmi eux, Omar Qawasmeh, le civil palestinien de 66 ans qui a été massacré dans son lit alors qu'il dormait et que deux civils Palestiniens d'une vingtaine d'années, non armés, avait été assassinés au même checkpoint en moins d'une semaine.
Le fait que ces articles puissent décrire les meurtres de dizaines de Palestiniens par des soldats israéliens comme un "calme relatif" et les trouver complètement inintéressants est dégoûtant en soi. Pourtant, ce n'est qu'une partie de l'histoire.
Les lecteurs savent peut-être qu'un de nos projets de recherche en cours, au Centre Palestine, est de recenser et d'analyser la violence coloniale israélienne contre les civils palestiniens. L'automne dernier, nous avons fait une présentation détaillée de ces données qui mettent en lumière une facette de l'occupation presque jamais abordée.
L'analyse couvre des données de janvier 2009 à août 2010 et comprend plus de 1000 cas de violence de colons. Depuis lors, nous avons entrepris le codage d'une période beaucoup plus importante qui couvrira 6 années et nous permettra d'en comprendre plus sur l'histoire et la trajectoire de la violence des colons israéliens. Ce sera l'analyse la plus complète sur la violence coloniale que je connaisse. J'espérais faire une présentation actualisée couvrant ces nouvelles données pour cet automne, cependant, compte tenu de la récente flambée de violence des colons israéliens, nous avons accéléré le projet et nous ferons la présentation au printemps prochain.
Donc, quels cas de violence des colons y a-t-il eu pendant la période de "calme relatif" décrite par Zacharia ? Il y a eu, en fait, plus de 300 cas de violence de colons pendant cette période, qui ont laissé plus de 85 palestiniens non armés blessés, 4 morts et des dommages aux biens inestimables (dont des milliers d'oliviers et d'amandiers brulés ou déracinés). Parmi ces événements, il a eu plus de 26 cas d'incendies criminels, 59 destructions de bien, 32 attaques physiques, 20 tirs, 60 jets de pierre et 23 vols. Il y a eu aussi 10 cas d'attaques par voiture où des colons ont renversé des civils palestiniens, dont 2 enfants de 5 et 11 ans à Hébron, un homme de 85 ans à Salfit et cette horrible action filmée à Jérusalem.
Les attaques sont parties des colonies de Adora, Ariel, Ateret, Bat Ayin, Beit El, Beitar Elit, Bracha, Dulip, Efrat, Eli, Eli Zehav, Elkana, Elon Moreh, Haggai, Halamish, Harsina, Havat Gilad, Immanuel, Itamar, Kaida, Karmei Tzur, Karmel, Karnei Shomron, Kedumim, Maale Mikhmas, Maon, Maskiyot, Neve Daniel, Rehalim, Revava, Shama, Shuvot Rachel, Shilo, Sussia, Talmon, Kfar Tappuah, Yaki, Yash Adam and Yitzhar.
Elles ont été dirigées contre 79 villes et villages palestiniens différents, dans les districts de Cisjordanie ... et ceci seulement sur les 6 derniers mois.
Si ces 6 mois peuvent être décrits comme un "calme relatif", on peut vraiment se demander quelle somme de violence contre les civils palestiniens pourrait être considérée comme marquante par les grands médias !
Dans un monde où tout est relatif, il semble que la grande presse américaine a décidé que les vies des Palestiniens sont relativement sans valeur comparées aux vies israéliennes. Mais c'est aussi un monde où les médias traditionnels perdent de leur emprise sur le contrôle de la narration et les informations qui contredisent directement le journalisme défaillant sont disponibles au bout des doigts de chacun.
Nous continuerons à faire notre part pour vous apporter cette information, en particulier sur la violence des colons, et nous espérons que vous la partagerez avec d'autres qui, sinon, seraient induits en erreur par des grands médias relativement sans valeur.
Je suppose donc qu'il ne faut pas être autrement surpris que Janine Zacharia, du Washington Post, ouvre la voie en affichant une ignorance complète de la situation qu'elle est censée couvrir, ou un parti-pris manifeste pro-Israël (ou les deux).
Voici l'article de Zacharia du 13 mars et l'extrait important :
"Le quotidien israélien Ha'aretz, citant une enquête préliminaire, a rapporté que les enfants étaient âgés de 11 ans, 3 ans et 3 mois. Le journal dit aussi qu'une autre fille de 12 ans et deux de ses plus jeunes frères ont réussi à s'échapper. L'attaque a brisé un calme relatif qui a prévalu en Cisjordanie ces derniers mois, tandis que les forces de la sécurité palestinienne assurent un contrôle plus strict dans les territoires où Israël les autorise à opérer, et que les forces israéliennes et palestiniennes coordonnent le travail sécuritaire.
En août dernier, quatre colons juifs avaient été tués dans une fusillade en Cisjordanie ."
La chronologie de Zacharia est probablement représentative de la couverture de ces événements dans la plupart des grands médias, malheureusement. On livre aux lecteurs américains ou aux consommateurs des principaux médias un message simple et clair : des Israéliens sont tués à 6 mois d'intervalle et entretemps, tout était calme.
Le problème est que pour Zacharia et beaucoup des médias, un "calme relatif" signifie qu'aucun Israélien n'a été attaqué, blessé ou tué, et ignore l'occupation et la violence continuelle contre les Palestiniens.
Dans cette période de "calme relatif", le groupe israélien pour les droits de l'homme B'Tselem a recensé qu'au moins 41 Palestiniens ont été tués par les forces israéliennes dans le territoire palestinien occupé. Parmi eux, Omar Qawasmeh, le civil palestinien de 66 ans qui a été massacré dans son lit alors qu'il dormait et que deux civils Palestiniens d'une vingtaine d'années, non armés, avait été assassinés au même checkpoint en moins d'une semaine.
Le fait que ces articles puissent décrire les meurtres de dizaines de Palestiniens par des soldats israéliens comme un "calme relatif" et les trouver complètement inintéressants est dégoûtant en soi. Pourtant, ce n'est qu'une partie de l'histoire.
Les lecteurs savent peut-être qu'un de nos projets de recherche en cours, au Centre Palestine, est de recenser et d'analyser la violence coloniale israélienne contre les civils palestiniens. L'automne dernier, nous avons fait une présentation détaillée de ces données qui mettent en lumière une facette de l'occupation presque jamais abordée.
L'analyse couvre des données de janvier 2009 à août 2010 et comprend plus de 1000 cas de violence de colons. Depuis lors, nous avons entrepris le codage d'une période beaucoup plus importante qui couvrira 6 années et nous permettra d'en comprendre plus sur l'histoire et la trajectoire de la violence des colons israéliens. Ce sera l'analyse la plus complète sur la violence coloniale que je connaisse. J'espérais faire une présentation actualisée couvrant ces nouvelles données pour cet automne, cependant, compte tenu de la récente flambée de violence des colons israéliens, nous avons accéléré le projet et nous ferons la présentation au printemps prochain.
Donc, quels cas de violence des colons y a-t-il eu pendant la période de "calme relatif" décrite par Zacharia ? Il y a eu, en fait, plus de 300 cas de violence de colons pendant cette période, qui ont laissé plus de 85 palestiniens non armés blessés, 4 morts et des dommages aux biens inestimables (dont des milliers d'oliviers et d'amandiers brulés ou déracinés). Parmi ces événements, il a eu plus de 26 cas d'incendies criminels, 59 destructions de bien, 32 attaques physiques, 20 tirs, 60 jets de pierre et 23 vols. Il y a eu aussi 10 cas d'attaques par voiture où des colons ont renversé des civils palestiniens, dont 2 enfants de 5 et 11 ans à Hébron, un homme de 85 ans à Salfit et cette horrible action filmée à Jérusalem.
Les attaques sont parties des colonies de Adora, Ariel, Ateret, Bat Ayin, Beit El, Beitar Elit, Bracha, Dulip, Efrat, Eli, Eli Zehav, Elkana, Elon Moreh, Haggai, Halamish, Harsina, Havat Gilad, Immanuel, Itamar, Kaida, Karmei Tzur, Karmel, Karnei Shomron, Kedumim, Maale Mikhmas, Maon, Maskiyot, Neve Daniel, Rehalim, Revava, Shama, Shuvot Rachel, Shilo, Sussia, Talmon, Kfar Tappuah, Yaki, Yash Adam and Yitzhar.
Elles ont été dirigées contre 79 villes et villages palestiniens différents, dans les districts de Cisjordanie ... et ceci seulement sur les 6 derniers mois.
Si ces 6 mois peuvent être décrits comme un "calme relatif", on peut vraiment se demander quelle somme de violence contre les civils palestiniens pourrait être considérée comme marquante par les grands médias !
Dans un monde où tout est relatif, il semble que la grande presse américaine a décidé que les vies des Palestiniens sont relativement sans valeur comparées aux vies israéliennes. Mais c'est aussi un monde où les médias traditionnels perdent de leur emprise sur le contrôle de la narration et les informations qui contredisent directement le journalisme défaillant sont disponibles au bout des doigts de chacun.
Nous continuerons à faire notre part pour vous apporter cette information, en particulier sur la violence des colons, et nous espérons que vous la partagerez avec d'autres qui, sinon, seraient induits en erreur par des grands médias relativement sans valeur.
Source : The Jerusalem Fund
Traduction : MR pour ISM