31 janvier 2011
Janie GosselinLa Presse
(Jérusalem) Le monde a les yeux  tournés vers l'Égypte. Israël en particulier a des raisons de suivre la  situation de près. Un changement de régime pourrait avoir des  conséquences graves sur les relations entre les deux pays, en «paix  froide» depuis plus de 30 ans.
«Nous  suivons avec attention les événements qui se déroulent en Égypte et dans  notre région», a dit hier le premier ministre israélien Benyamin  Nétanyahou, dans un premier commentaire public depuis le début des  manifestations en Égypte.
 Comme plusieurs autres pays, l'État hébreu a maintenu son ambassade fermée au Caire  hier et a rapatrié des dizaines de ses ressortissants, dont les  familles de ses diplomates. L'armée israélienne a renforcé son  dispositif de surveillance à la frontière avec son voisin.
 L'Égypte est un des rares alliés d'Israël dans la région. C'est le  premier pays arabe à avoir conclu un accord de paix avec son voisin, en  1979, en échange de la restitution de territoires conquis par l'armée  israélienne en 1967. On qualifie de «froide» la paix entre les deux pays  parce qu'elle se limite surtout à des relations diplomatiques.
 Hosni Moubarak joue un rôle dans la région. Il a notamment servi  d'intermédiaire entre les Israéliens et les Palestiniens dans les  pourparlers de paix. Le président de l'Autorité palestinienne, Mahmoud Abbas, a par ailleurs exprimé sa «solidarité avec le président égyptien» samedi.
 Un remplaçant?
 «Personne ne sait qui remplacerait Moubarak, souligne le professeur Yaacov Bar-Siman-Tov,  de l'Université hébraïque de Jérusalem. En diplomatie, on préfère  habituellement un régime stable, même s'il est antidémocratique, à un  gouvernement instable.»
 La principale crainte d'Israël reste que les Frères musulmans, mouvement islamiste, prennent le pouvoir au Caire. Les relations entre les deux pays risqueraient alors d'être rompues.
 «Les Frères musulmans sont autant l'ennemi d'Israël que du régime (en place). S'ils prenaient le pouvoir, cela  constituerait un changement dramatique dans toute la région avec le  risque que l'instabilité ne s'étende à d'autres pays», a déclaré à l'AFP  l'ex-ministre de la Défense Shaul Mofaz, en référence notamment à la Jordanie et aux zones autonomes palestiniennes en Cisjordanie.
 Les conséquences d'un changement de pouvoir sont aussi à craindre dans la bande de Gaza.
 L'Égypte partage une frontière d'environ une douzaine de kilomètres avec  le territoire palestinien. Dans un communiqué, l'armée israélienne a  annoncé qu'elle se préparait «à la possibilité que des organisations  terroristes tirent avantage des troubles en Égypte pour envoyer des  armes dans la bande de Gaza».
Avec l'Agence France-PresseLien