Nicolas Falez  
Les services secrets israéliens ont un nouveau chef. Tamir Pardo a été choisi pour succéder à Meir Dagan  qui a occupé le poste pendant 8 ans. Durant cette période, l’ombre du  Mossad a plané sur une série d’assassinats de dirigeants du Hezbollah  libanais et du Hamas palestinien. Beaucoup de spéculations ont également eu cours sur le rôle des services israéliens dans la lutte souterraine contre le programme nucléaire de l’Iran.
Il s’appelle Tamir Pardo et  il a 57 ans. Son nom, son visage, son âge et sa situation familiale  sortent de l’ombre car le Premier Ministre israélien Benyamin Netanyahu  vient de le nommer à la tête du Mossad, littéralement « l’Institut »,  l’agence des services secrets israéliens. Jusqu’à cette nomination, la  presse l’appelait « T », première lettre de son prénom, car le Mossad  cache l’identité de ses agents et de ses cadres. Mais pas celle de son  numéro un.
Tamir Pardo a servi dans l’une des plus prestigieuses  unités israéliennes, Sayyeret Matkal qui a compté dans ses rangs  l’actuel Premier ministre Benyamin Netanyahu et son frère Yonathan (mort pendant le raid sur Entebbe en 1976) ainsi que le ministre de la Défense Ehud Barak.  Tamir Pardo a ensuite intégré le Mossad en 1980 et en a gravi tous les  échelons. « T » a servi comme numéro deux de l’agence, avant de la  quitter en 2009. Puis d’être finalement rappelé pour en prendre la  direction.
L’héritage Dagan
Tamir Pardo succède à Meir Dagan, avec lequel il a donc étroitement collaboré ces dernières années. Né il y a 65 ans en URSS, Meir Dagan  a dirigé le Mossad pendant 8 ans. A l’heure du bilan, un épais mystère  entoure toujours les opérations menées sous sa direction. Le Mossad  a-t-il fourni les informations ayant abouti au raid aérien sur  l’installation secrète syrienne (peut-être nucléaire) d’Al Kibar en  septembre 2007 ? L’agence dirigée par Meir Dagan se cache-t-elle  derrière l’assassinat du chef militaire du Hezbollah libanais, Imad  Moughnyeh, tué dans l’explosion de sa voiture à Damas en 2008 ? L’Etat  hébreu n’a admis aucune de ces opérations, pas plus qu’il n’a revendiqué  l’assassinat de Mahmoud Al Mabrouh, cadre du Hamas palestinien,  retrouvé mort dans sa chambre d’hôtel à Dubai en janvier 2010. L’affaire  a eu des conséquences embarrassantes pour Israël. Plusieurs pays, dont  la France, ont dénoncé l’usurpation de passeports appartenant à certains  de leurs ressortissants. Des identités « volées » pour servir de  couverture au commando auteur de l’assassinat. Suite à cette affaire, la  Grande-Bretagne et l’Australie ont chacune expulsé un diplomate  israélien…
Guerre secrète
A la tête du Mossad, Tamir Pardo hérite du dossier du nucléaire iranien. Israël considère qu’un Iran doté de la bombe atomique constituerait une menace pour son existence. Pendant ses années à la direction des services secrets israéliens, Meir Dagan  a-t-il permis à son pays de gagner du temps ? Là encore, la réponse est  à mettre au conditionnel mais les télégrammes diplomatiques récemment  divulgués par WikiLeaks donnent une indication. L’un des documents  mentionne le plan « en cinq points » de Meir Dagan contre l’Iran nucléaire. L’un des chapitres (non détaillé dans le document divulgué) s’intitule « actions secrètes ». Le jour  où le Premier ministre israélien annonçait la nomination d’un nouveau  chef pour le Mossad, un scientifique nucléaire iranien de haut-rang  périssait dans l’explosion de sa voiture à Téhéran. Et le président  iranien Ahmadinejad admettait publiquement que les installations  nucléaires de son pays avaient été touchées par un virus informatique  (Stunxnet). Mais rien ne confirme aujourd’hui une quelconque implication  du Mossad.