Le       premier ministre israélien devrait s’en frotter les mains :       le revers électoral du président américain Barack Obama, à       mi-mandat, arrange bien ses affaires. En effet, la reprise       de contrôle de la Chambre des représentants par le Parti       républicain donne un répit à Benyamin Netanyahu. Car les       Républicains sont considérés comme les meilleurs alliés       d’Israël aux Etats-Unis. Parmi eux se trouvent des       inconditionnels qui refusent toute pression sur l’Etat       hébreu pour faire avancer le processus de paix. A commencer       par celle qui devrait prendre la tête de la puissante       commission des affaires étrangères à la Chambre des       représentants, Ileana Ros-Lehtinen, une partisane de       Tel-Aviv qui s’oppose à tout soutien américain à l’Autorité       palestinienne et à l’Agence de l’Onu pour l’assistance aux       réfugiés palestiniens (UNRWA). En tant que membre dudit       comité, elle avait exhorté l’administration américaine de       cesser de condamner Israël à propos de la poursuite de la       colonisation.       
            Politiquement affaibli, le chef de la Maison Blanche aurait       une marge de manœuvre réduite pour exercer des pressions sur       l’Etat hébreu en vue de lui arracher des concessions dans le       processus de paix avec les Palestiniens, notamment le gel de       la colonisation juive en Cisjordanie et à Jérusalem-Est.      
            La nouvelle majorité républicaine à la Chambre des       représentants devrait certes chercher à mettre des bâtons       dans les roues de l’administration Obama concernant sa       politique étrangère, y compris au Proche-Orient. Elle ne       devrait pas soutenir que Washington exerce des pressions sur       l’Etat hébreu. Il faut cependant noter que le Congrès en       général, Chambre de représentants et Sénat réunis, joue       d’habitude un rôle mineur en politique étrangère, qui reste       la chasse gardée du chef de l’exécutif. D’autre part, le       Congrès actuel est, avant tout, préoccupé par les       difficultés économiques des Etats-Unis, notamment les       questions du chômage et des dépenses publiques, qui ont       dominé la campagne électorale des candidats, alors que les       dossiers de politique étrangère étaient presque absents.       Enfin, le président américain détient suffisamment de       pouvoir pour contrer les initiatives ou la résistance des       hommes du Congrès du camp adverse. On se souvient qu’en       1995, le Congrès avait voté une résolution soutenant le       transfert de l’ambassade américaine à Jérusalem occupée, et       que le président d’alors, Bill Clinton, usant de ses       prérogatives et invoquant la sécurité nationale américaine,       a refusé d’appliquer la décision des députés.
            Ceci dit, Obama ne dispose finalement pas d’un temps infini,       il aura principalement une année pendant laquelle il devra       user de son influence, notamment auprès des Israéliens, pour       remettre sur les rails les négociations de paix avec les       Palestiniens. Passé ce délai, il sera probablement absorbé       dans sa dernière année de mandat par la campagne pour sa       propre réélection. Une période peu propice à exercer des       pressions sur l’Etat juif. Mais Obama aura devant lui un       Netanyahu qui est passé maître dans l’art de perdre du temps       : il a réussi pendant plus d’un an à mettre en échec les       pressions d’Obama et à faire sombrer les négociations de       paix dans des palabres interminables.
Dr Hicham Mourad