Bill Van Auken - WSWS
          Le sénateur républicain en vue Lindsey Graham a annoncé après  les élections de mi-mandat l’intensification des menaces américaines  contre l’Iran en appelant publiquement à une guerre totale qui  « neutraliserait » Téhéran, laissant le pays dans l’incapacité de  résister.         
Irak,  mars 2003 - Troupes américaines d’occupation en pleine mission  militaro-humano-civilisatrice... Le début de l’enfer pour le peuple  irakien.
Graham a fait cette déclaration samedi lors d’une conférence sur la sécurité internationale à Halifax, Canada. « L’endiguement n’est plus à l’ordre du jour, » a-t-il déclaré par rapport au programme nucléaire de l’Iran.
Washington et ses alliés ont accusé Téhéran de  développer son programme nucléaire dans le but de construire une arme.  Le gouvernement iranien a nié de façon constante cette accusation en  insistant pour dire que son programme est uniquement d’usage pacifique et civil.
En employant ce genre de rhétorique de guerre totale qui  était le discours dans les années 1930 en Allemagne, le sénateur  républicain de Caroline du Sud a juré qu’une attaque serait effectuée  « non seulement pour neutraliser son programme nucléaire mais pour  couler sa marine, détruire son armée de l’air et porter un coup décisif à  la garde révolutionnaire. En d’autres termes, neutraliser ce régime. Détruire sa capacité à riposter. »
Graham a ajouté que si en dépit de la défaite des Démocrates lors des élections de la semaine passée, le président Barack Obama  « décide d’être dur avec l’Iran au-delà des sanctions, je pense qu’il  va sentir beaucoup de soutien de la part des Républicains car nous ne  pouvons pas laisser l’Iran développer une arme nucléaire. »
Le sénateur Mark Udall (Démocrate du Colorado), qui  s’était joint à Graham en intervenant devant un forum lors de la  conférence à Halifax, a préconisé le maintien des sanctions contre le  régime en ajoutant toutefois que « toutes les options étaient sur la table, » un euphémisme faisant référence à une agression armée des Etats-Unis.
En prenant la parole lors de la même conférence, le  ministre israélien de la Défense, Ehoud Barak, a décrit l’Iran comme  « une menace majeure pour toute conception d’ordre mondial. » Il a  reproché à Téhéran d’être « déterminé à atteindre une capacité nucléaire  militaire, » qui a-t-il dit « serait la fin de tout régime de  non-prolifération concevable. »
Israël, qui a défié les efforts de non-prolifération de  l’ONU et qui est la seule puissance à détenir l’arme nucléaire dans la  région, a à plusieurs reprises menacé l’Iran d’attaques militaires. Le  mois dernier, le ministre israélien des Finance, Yuval Steinitz, a prôné un blocus maritime - ce qui est un acte de guerre - si Téhéran ne se pliait pas aux exigences de Washington.
Ces dernières menaces sont exprimées une semaine à peine  avant la prochaine série de négociations entre l’Iran et le P5+1 qui  comprend les membres permanents du Conseil de sécurité des Nations unies - la Grande-Bretagne, la France, la Russie et les Etats-Unis - plus l’Allemagne. Les pourparlers devraient avoir lieu à Vienne.
Le triomphe des Républicains aux élections de mi-mandat  infléchira encore davantage à droite la politique étrangère américaine  en intensifiant la menace de guerre contre l’Iran. Ileana Ros-Lehtinen  (Républicaine de Floride) présidera en janvier le Comité des Affaires  étrangères du Parlement. Elle rejette une diplomatie avec l’Iran en  préconisant le type d’embargo économique qu’elle a soutenu de façon  véhémente contre Cuba.
Ros-Lehtinen est également une fervente partisane des  Moudjahidine-e-Khalq (MEK) qui ont affirmé avoir perpétré des attaques  terroristes en Iran et qui ont été désignés par le Département d’Etat  américain comme « organisation terroriste étrangère. »
Près d’un tiers des Républicains de la Chambre des  Représentants a soutenu en juillet dernier la résolution accordant un  soutien explicite à Israël pour qu’il procède à des frappes militaires  contre l’Iran.
Le gouvernement Obama et les démocrates du congrès ont  déjà durci les menaces contre l’Iran. Après avoir fait passer de force  une nouvelle série de sanctions anti iraniennes au Conseil de sécurité  des Nations unies,  le gouvernement a promulgué en juillet dernier une loi prévoyant une  nouvelle série de sanctions unilatérales américaines visant à paralyser l’économie iranienne en accroissant la misère de la population dans le pays de façon à déstabiliser le gouvernement.
Ces sanctions pénalisent les banques et les entreprises  étrangères qui investissent ou qui négocient avec l’Iran en restreignant  leur accès aux marchés américains et en leur supprimant la possibilité  d’accéder aux contrats du gouvernement américain. Ces sanctions ciblent  tout particulièrement le secteur clé de l’énergie en Iran.
Selon un article de David Sanger paru la semaine passée dans le New York Times,  même si l’Iran devait participer la semaine prochaine aux négociations à  Vienne, Washington n’engagerait pas de négociations sérieuses. Son  principal objectif motivant sa participation est de voir « si une  nouvelle série exceptionnellement vastes de sanctions économiques  modifierait le calcul nucléaire de l’Iran. »
L’article explique que la nouvelle proposition  américaine est « même encore plus coûteuse qu’un marché que le dirigeant  suprême du pays, l’ayatollah Ali Khamenei, avait refusé l’année  dernière. » Elle nécessiterait que l’Iran stoppe la production d’énergie  nucléaire et abandonne plus de deux-tiers d’uranium en plus qu’il n’est  stipulé dans l’accord conclu à titre d’essai lors des pourparlers d’il y  a un an.
L’article du Times dit que Washington croit que  jusque-là on « n’a pas obtenu grand-chose » pour ce qui est des  sanctions « ce qui a déclenché une discussion à la Maison Blanche  quant à la question de savoir s’il serait utile ou contre-productif  s’il [Obama] parlait plus ouvertement des options militaires ».
Dennis Ross, le conseiller spécial d’Obama sur les Affaires du Proche-Orient, a eu un discours identique lors d’une allocution  prononcée le 25 octobre à l’occasion d’une conférence du Comité  américain des affaires publiques d’Israël, le principal groupe de  pression américain pro Israël.
Après s’être vanté que les sanctions américaines avaient  provoqué une importante crise économique, de l’inflation et du chômage  en Iran, Ross a soulevé la menace implicite d’une guerre : « Finalement  nous espérons que la forte pression à laquelle l’Iran est confrontée  aujourd’hui l’obligera à adopter une autre attitude. La porte de la diplomatie reste ouverte et nous recherchons bien sûr une solution pacifique  à notre conflit avec l’Iran. Mais si l’Iran devait poursuivre son  attitude défiante en dépit de son isolement grandissant et des dommages  causés à son économie, ses dirigeants devraient écouter attentivement le  président Obama qui a souvent dit, « nous sommes déterminé à empêcher  que l’Iran obtienne l’arme nucléaire. »
L’appel, peut-être le plus glaçant, à une escalade de la menace militaire contre l’Iran se trouve dans une rubrique intitulée « La relance par la guerre ? », écrite la veille des élections de mi-mandat par le chroniqueur du Washington Post, David Broder, le soi-disant « doyen des chroniqueurs politiques de Washington. »
Se plaignant de ce que l’aggravation de la crise  économique est en train de créer une « situation décourageante » pour  espérer qu’Obama remporte un deuxième mandat en 2012, Broder, un  partisan servile du président démocrate, a imaginé deux scénarios à  l’aide desquels ce défi pourrait être surmonté. Le premier est l’espoir  vain que la crise économique sera surmontée par une relance économique.  Broder conclut que « le marché ira où il doit aller » et qu’un tel  résultat n’était pas fiable.
Il suggère une autre solution fondée sur l’histoire tumultueuse du 20ème siècle.
« Rappelez-vous FDR [Franklin Delano Roosevelt]  et la grande dépression, » écrit-il. « Qu’est-ce qui a finalement  résolu cette crise économique ? La Seconde guerre mondiale. »
« Et c’est là qu’Obama pourrait réussir. Recueillant un  fort soutien des Républicains au Congrès s’il défie les ambitions de  l’Iran de devenir une puissance nucléaire, il peut passer une grande  partie de 2011 et 2012 à orchestrer une épreuve de force avec les  mollahs. Ceci l’aidera politiquement parce que le parti d’opposition  l’encouragera dans ce sens. Et, à mesure que la tension va monter et que nous accélérerons les préparatifs de guerre, l’économie s’améliorera. »
Et voilà où l’on en est : une modeste proposition pour  relancer l’économie et gagner la campagne pour un second mandat, au prix  de la mort de centaine de milliers sinon de millions de personnes.
Ce qui sous-tend de telles propositions sanguinaires ne  sont pas seulement les cyniques calculs politiques de l’un ou de l’autre  des deux partis américains droitiers pro-impérialistes mais plutôt le  déclin historique du capitalisme américain et la plus profonde crise du  système capitaliste mondial depuis la Grande dépression des années 1930.
Ces deux partis souscrivent au militarisme. Ceci reflète  le consensus, au sein de l’élite dirigeante, que le capitalisme  américain est en mesure de compenser son déclin économique par le  recours à la force militaire pour établir l’hégémonie américaine dans  les régions riches en énergie et géo-stratégiquement cruciales du  Moyen-Orient et d’Asie centrale.
Les paroles de Broder et des Républicains ainsi que les  actions du gouvernement Obama soulignent la menace d’une nouvelle guerre  qui sera bien plus sanglante et qui impliquera le danger d’une  conflagration mondiale.
                19 novembre 2010 - World Socialist Web Site - Vous pouvez consulter cet article à : 
http://www.wsws.org/francais/News/2...
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