Nicolas Falez
Sur fond de blocage du processus de paix israélo-palestinien, rencontre avec Hussam Khader, dirigeant local du Fatah (à Naplouse), qui dénonce l’attitude d’Israël et critique la stratégie de l’Autorité palestinienne.
« Je suis engagé dans la révolution palestinienne depuis l’âge de 14 ans. J’ai passé la moitié de ma vie  en prison. J’ai été arrêté 24 fois et mon dernier séjour en prison a  duré six ans », Ainsi se présente Hussam Khader né en 1961 dans une  famille de réfugiés palestiniens originaires de Jaffa. Cheveux et  moustache argentés, Hussam Khader vit toujours dans le camp de réfugiés  de Balata, aux portes de Naplouse (nord de la Cisjordanie). Son parcours est celui d’un militant de terrain et d’un dirigeant local du Fatah, le parti de Yasser Arafat et de Mahmoud Abbas.  Hussam Khader était député du Parlement palestinien au moment de sa  dernière arrestation, en 2003, pendant la seconde Intifada. Condamné par  un tribunal israélien, il fut libéré en 2009 et dirige aujourd’hui le  Comité pour la défense des réfugiés palestiniens.
Hussam Khader ne mâche pas ses mots lorsqu’on lui  demande ce qu’il pense de la stratégie actuelle de l’Autorité  palestinienne. « Je pense qu’Abou Mazen [Mahmoud Abbas] n’aurait jamais  dû cesser de négocier », lance Hussam Khader à propos de la position du  président palestinien qui refuse de reprendre les discussions avec les  Israéliens sans nouveau moratoire sur la construction dans les colonies.  Le dirigeant local du Fatah fustige l’actuelle équipe de négociateurs  palestiniens : « Ils n’ont pas de vision politique. Ils n’ont pas  vraiment d’expérience et ils sont victimes de leurs propres slogans  qu’ils brandissent lors des négociations ».
Lutte armée
Hussam Khader ne se dit pas favorable à la lutte armée  mais il estime que la direction palestinienne n’a pas à barrer la route  aux groupes qui choisiraient cette voie. « Un jour nous nous  réveillerons et il y aura un soulèvement, prédit cet enfant terrible du Fatah  selon lequel Israël pousse le peuple palestinien vers cette extrémité.  Ils nourrissent l’extrémisme au sein du peuple palestinien. Et je ne  parle pas seulement du Hamas et du Jihad islamique mais aussi d’al-Qaïda qui attend son heure. Israël paiera un prix très élevé pour sa politique sur le terrain… ».
Hussam Khader pense qu’aucune avancée n’est possible  avec l’actuel gouvernement israélien. Et il ne croit pas non plus aux  efforts des Etats-Unis et de leur président pour relancer le processus  de paix israélo-palestinien. « Obama ne proposera rien, ne fera rien,  assure le cadre palestinien, son mandat va se terminer et il perdra les  élections… et nous devrons discuter avec un nouveau président. C’est  l’une des raisons de notre échec : nous les Palestiniens nous attendons  toujours les élections israéliennes et américaines Et nous bâtissons nos  rêves sur les résultats que nous attendons ».
Pessimisme également à propos des tentatives de rapprochement entre le Fatah et le Hamas,  divisés depuis que le mouvement islamiste a pris le contrôle de la  bande de Gaza en juin 2007. Selon Hussam Khader la réconciliation ne  peut pas intervenir dans les prochaines années les deux factions  palestiniennes rivales étant désormais sur des trajectoires très  éloignées : « L’Autorité palestinienne ne prendra jamais le risque de  mécontenter les Etats–Unis… et le Hamas ne prendra jamais le risque de  froisser l’Iran » explique Hussam Khader qui blâme les dirigeants de  l’Autorité palestinienne tout autant que ceux du Hamas.