Communiqué de l’Union Juive Française pour la Paix (UJFP), l’Association des Travailleurs Maghrébins de France (ATMF), Immigration Développement Démocratie (IDD) et la Fédération des Tunisiens pour une Citoyenneté des deux Rives (FTCR)
La 166ème mission civile de  la CCIPPP (campagne civile internationale pour la protection du peuple  palestinien) a eu lieu du 23 au 30 octobre et nous sommes rentrés.
Rentrés tout comme nous étions arrivés : après des  contrôles et des humiliations (interrogatoires, palpations corporelles,  attentes de 2 ou 3 heures) visant la plupart des jeunes de notre groupe,  et surtout les jeunes Arabes. Beaucoup d’autres internationaux ont  connu les mêmes vexations. L’Etat d’Israël mène une politique ciblée de  discrimination pour décourager des témoins gênants.
Notre mission était constituée d’un groupe de 28  Français, juifs et arabes, femmes et hommes, jeunes et moins jeunes, de 4  associations laïques :
— Association des Travailleurs Maghrébins de France (ATMF)
— Fédération des Tunisiens pour une Citoyenneté des deux Rives (FTCR)
— Immigration Développement Démocratie (IDD)
— Union Juive Française pour la Paix (UJFP)
Pour le « vivre ensemble dans l’égalité et la justice »,  en France et ailleurs, nos associations françaises juive et arabes ont  tissé des liens de solidarité et de travail entre elles, notamment pour  la justice en Palestine, pour les droits des Palestiniens, contre la  politique coloniale sioniste d’Israël.
Une première mission civile de même nature a déjà eu lieu en 2002.
La mission de 2010 a soudé le groupe dans une belle amitié, avec le but commun de multiplier les contacts afin de témoigner.
Le groupe a participé au Forum Mondial de l’Education à  Ramallah, Al Araqib, Haïfa et Bethléem. Pour cela comme pour le reste,  l’AIC (Centre d’Information Alternative, association à la fois  palestinienne et israélienne) a joué un rôle majeur.
Nous avons participé à la Marche d’ouverture du Forum à  Ramallah et à l’ouverture simultanée dans le village bédouin d’Al Araqib  dans le Négev, et nos ateliers judéo-arabes (« Education, Immigration  et Développement » et « Pour une éducation décolonisante ») ont  rencontré une grande écoute et suscité beaucoup de débats.
Ce qui nous a le plus marqué, c’est que le sionisme a  abouti à un véritable racisme d’Etat, relayé par les colons. Un racisme  permanent, qui ne se cache pas, qui nous a semblé susciter un large  consensus en Israël. Un racisme virulent, « normal », des Israéliens  juifs envers les Palestiniens, mais aussi souvent envers les Juifs  arabes, envers tout ce qui a un faciès du sud ou oriental, envers les  immigrés asiatiques ou africains. Ce renversement de situation - des  Juifs se voulant héritiers du génocide en Europe se transformant en  négationnistes de l’humanité de l’Autre - nous a bouleversés.
De fait, c’est une guerre de basse intensité que nous avons observée.
Le confinement des Palestiniens, l’immobilité imposée,  l’encerclement par les colonies, l’occupation spatiale par les  Israéliens, les incursions des militaires, les comportements  d’humiliation, le Mur, les colons armés, l’omniprésence de l’armée  israélienne ..., tout cela rend invivable la vie des Palestiniens.
Mais en même temps tout est fait pour afficher que c’est  vivable. Des check-points ont disparu : nul besoin d’en avoir, tant les  routes de contournement, tunnels ou ponts rendent impossible la  rencontre des Israéliens avec les Palestiniens. La coexistence est  prétendument affirmée, alors qu’il s’agit d’une normalisation coloniale,  sous étouffoir, des Palestiniens. Le sociocide est en marche.
Mètre carré par mètre carré, les Israéliens volent la  terre et repoussent plus loin les Palestiniens en réduisant leur espace  vital, à l’image des Indiens d’Amérique dans leurs réserves ou des  Aborigènes d’ Australie.
L’israélisation du pays palestinien, la judaïsation de  Jérusalem sont à l’œuvre, avec un mélange de discrétion et de grande  brutalité (comme dans le quartier de Silwan à Jérusalem-Est) peu  perceptibles pour un étranger non averti.
Et n’oublions pas la prison à ciel ouvert de Gaza toujours sous blocus où nous ne sommes pas allés ou le Golan occupé.
La mission est allée à Jérusalem-Est, Tel Aviv, Jénine,  Haïfa, Hébron, Bethléem, Al Araqib, Ramallah, dans les camps de refugiés  ...
Nous avons constaté que la politique spatiale et  discriminatoire d’Israël est destinée à empêcher toute solution juste au  conflit, quelle que soit l’option envisagée. La plupart des  Palestinien-ne-s que nous avons rencontré-e-s ne croient pas ou plus en  la possibilité d’avènement d’un Etat palestinien viable. Et nombre  d’entre eux ont des propos extrêmement durs contre l’Autorité  Palestinienne, perçue comme accompagnant cette politique israélienne.
Les Palestiniens de 48 (ceux qui sont malgré eux  Israéliens) ne supportent plus d’être des citoyens de seconde zone,  encore dotés du droit de vote mais subissant les discriminations  (logement, enseignement, santé, travail, accès à l’eau, villages  interdits régulièrement détruits ...).
Mais tous les Palestiniens résistent. Et persévèrent à  lutter quel que soit l’avenir pour l’égalité des droits, la destruction  du Mur, la restitution des terres, le retour des réfugiés, bref pour une  décolonisation qui rendra au peuple palestinien sa liberté et la  justice.
Et nous avons rencontré des Juifs israéliens qui se  savent bien minoritaires mais avec eux dénoncent les crimes commis en  leur nom. Ils ne veulent pas renoncer à l’espoir d’un Vivre ensemble  dans la Justice.
Tous fondent un grand espoir sur la campagne BDS  (Boycott, Désinvestissement, Sanctions) sous toutes ses formes. Sur le  boycott académique, des universitaires israéliens anticolonialistes  (participant au mouvement "Boycott de l’intérieur") demandent eux-mêmes à  ce que leurs Instituts soient boycottés
Les membres de notre mission populariseront partout, en  France et autant que possible au Maghreb, ce qu’ils ont vu ou entendu et  appelleront à participer activement à la campagne BDS.
Nos quatre organisations sont décidées à approfondir leur travail en commun
Paris, le 4 novembre 2010
FTCR 5, rue de Nantes 75019 Paris – Tél/Fax : 01.40.34.18.15 – ftcr@ftcr.eu