Saed Bannoura
“L’idée est de mettre les Palestiniens au régime, pas de les faire mourir de faim.”
Le document révèle la  politique délibérée du gouvernement israélien dans son calcul  froid des  besoins alimentaires de la population de Gaza quand les quantités de  nourriture que le gouvernement  israélien autorisent à entrer sont  calculées au minimum pour maintenir la population en vie à un  niveau de  quasi-famine.
Ceci illustre la déclaration de certains responsables israéliens qui disent “mettre les gens de Gaza au régime” [1].
En 2007, quand Israël lança le blocus total de Gaza, Dov  Weisglass, conseiller du Premier ministre Ehud Olmert, déclara  clairement : “l’idée est de mettre les Palestiniens au régime, pas de  les faire mourir de faim.” Les documents qui viennent d’être révélés  contiennent les  équations utilisées par le gouvernement israélien pour  calculer le montant exact de nourriture, carburants et autres biens  essentiels nécessaires pour arriver précisément à ce résultat.
Ces documents sont encore plus troublants, selon les  militants des droits humains, si l’on considère le fait que près de la  moitié des habitants de Gaza sont des enfants de moins de 18 ans. Cela  veut dire qu’Israël a délibérément contraint  des centaines de milliers  d’enfants à la sous-alimentation en violation directe du droit  international et de la quatrième  Convention de Genève.
La publication de ces documents affaiblit très  sérieusement l’affirmation israélienne souvent répétée selon laquelle le  blocus est en place pour “des raisons de sécurité,  puisque ils  apportent des preuves de la politique délibérée et systématique de  punition collective infligée à toute la population de Gaza.
Le directeur de Gisha a déclaré à propos de la  publication des documents : "Israël a interdit le glucose pour les  biscuits et le fuel nécessaire à l’approvisionnement régulier en  électricité -paralysant ainsi la vie normale à Gaza et entâchant le  caractère moral de l’Etat d’Israël. Je déplore d’avoir à dire que les  éléments principaux de cette politique sont toujours en place."
Dans la déclaration qui accompagnait la publication de  ces documents, Gisha affirme : Les documents révèlent que l’Etat a approuve “une politique de réduction  délibérée” des biens de première nécessité dans la bande de Gaza  (section h.4, page 5*). Ainsi, par exemple, Israël a limité  l’approvisionnement en fuel nécessaire à la centrale, perturbant ainsi  la distribution d’eau et d’électricité. L’Etat a “abaissé le niveau d’avertissement” (section g.2, page 5) qui  avertit à l’avance du manque prévu de certains produits, mais dans le  même temps il a approuvé le défaut d’avertissement  si le bien en  question était soumis à la politique de “réduction délibérée”. De plus, l’Etat a rehaussé “la ligne rouge” au dessus de laquelle même  les les produits humanitaires de base  pouvaient être bloqués, même  s’ils manquaient (section g.1, page 5).  Dans une lettre à Gisha, l’Etat  affirma qu’en pratique il n’avait pas donné l’autorisation de réduire  les “produits de base” au-dessous du “niveau d’avertissement abaissé”,  sans définir ce qu’étaient les “produits de base”.
Selon le commentateur Richard Silverstein : "Si l’on  observe la  liste des produits autorisés à l’importation, on se rend  compte que ce sont les seuls produits autorisés. En d’autres termes, si  un produit n’est pas sur la liste, il est interdit. Par exemple, il y a  une liste d’épices autorisées : le poivre noir, la soupe lyophilisée, le  sésame, la cannelle, l’anis, la camomille, la sauge.
Désolé pour le cumin, le basilique, le laurier, la  cardamome, les mélanges d’épices, les piments, l’ail, les clous de  girofle, le thym, l’origan, le poivre de Cayenne, le carraway, la  coriandre fraîche. Pas sur la liste. Vous n’êtes pas des épices dont les  Palestiniens peuvent disposer, selon un idiot de l’IDF. Et les tomates,  les pommes de terre, les concombres, les laitues, les jouets, le verre,  la peinture et les chaussures. Vous pouvez les oublier ! Du luxe, tous,  ou alors un danger sécuritaire."
Malgré la nature préoccupante des documents, qui  montrent une volonté calculée de sous-alimentation délibérée d’une  population toute entière, aucun grand média n’a rapporté cette histoire.
Le texte complet des documents révélés et la requête  déposée par Gisha au nom de la Loi sur la Liberté d’Information se  trouvent sur le site de  Gisha
[1]  c’est le sinistre Dov Weisglass, ancien conseiller du non regretté  ex-général-Premier ministre moribond Sharon qui le premier annonçait  cette intention, tout comme il affirmait dès 2004 vouloir mettre “dans  le formol” toute perspective de négociation de paix, par le plan  unilatéral de “désengagement de Gaza” de 2005