Miko Peled
The Palestine Chronicle
The Palestine Chronicle
          La réalité continue à donner une gifle à chacun : le sionisme  et la paix sont incompatibles. Je le répète : le sionisme est  incompatible avec la paix.         
Le sionisme a créé un Etat qui veut ne rien avoir à voir avec la paix.
Laissons de côté un instant la question de savoir si la  division historique de la Palestine en deux Etats est ou non une bonne  idée, ce qui est clair, c’est qu’il y a quarante ans, c’était une  solution viable. Aujourd’hui, et alors que les juifs sionistes libéraux  et d’autres revendiquent cette solution, cette division offre un  spectacle triste et pathétique.
En 1967, après que les FDI aient achevé la conquête de  la Palestine, de grands hommes comme le Dr Nahum Goldman,  le Dr  Yishayahu Leibovitch, le général Dr Matti Peled et d’autres  personnalités juives, ont appelé à la création immédiate d’un Etat  palestinien en Cisjordanie et dans la bande de Gaza. Cependant, des  juifs en Israël, en Amérique et ailleurs dans le monde, s’étaient  laissés éblouir par l’éclat messianique de la conquête de l’Israël  historique, subjugués d’entendre des noms bibliques devenus réalité. Des  noms comme Hébron et Bethléhem, Shilo et Bet El, qui tous étaient  placés maintenant à la portée de tous, y compris des juifs libéraux  laïcs pour croire qu’il y avait un Dieu et qu’Il était vraiment de leur  côté.
Peu importe que cette solution où la moitié de la  population ne recevait que 20% de sa patrie historique alors que la  moitié restante recevait le reste avait dès le départ peu de chance de  réussir. Aujourd’hui, la Cisjordanie est truffée de villes, de places  affairistes et de routes nationales construites sur la terre  palestinienne et réservées aux seuls juifs, et les membres du cabinet  israélien discutent ouvertement de transferts de populations, ou plutôt  de transfert de la population non juive. Le niveau de l’oppression et  l’intensité de la violence contre les Palestiniens ont atteint de  nouveaux sommets et les questions qui demandent à être posées sont : qui  exactement va autoriser les Palestiniens à créer leur mini Etat ? Et où  cet Etat va-t-il exister ? Si une chose est sûre dans l’esprit de  chacun, c’est bien qu’Israël n’a aucune intention de lâcher la moindre  partie de l’Israël historique.
Discuter de la solution à deux Etats dans ces conditions  montre une incapacité aiguë à admettre la réalité. Si on s’informe sur  l’histoire du mouvement sioniste et sur les premières années de l’Etat  d’Israël, on comprend alors que se séparer de la moindre partie de  l’Israël historique n’est pas une chose qu’Israël fera. Les juifs  libéraux aux Etats-Unis (voir J Street) et en Israël (voir les sionistes  libéraux comme David Grossman qui a récemment reçu un prix de la paix  en Allemagne), tous, ont soudain réalisé qu’il y avait un problème. Et  tous de prétendre que la solution est la partition et la séparation via  la création d’un Etat minuscule et impuissant pour les Arabes de  Palestine. Et de dire qu’Israël doit être réprimandé pour son traitement  des Palestiniens et ils vont jusqu’à condamner le siège de Gaza. Ce  sont des déclarations très louables qui viennent de sionistes de partout  dans le monde, particulièrement des Etats-Unis où la critique d’Israël  est un péché mortel, mais ce ne sont que des déclarations.
Il existe l’illusion qu’un gouvernement libéral,  audacieux de réflexion, pourrait être instauré en Israël et qu’alors  tout se passera comme les sionistes libéraux le souhaitent. Ils  reprendront là où Rabin et Arafat se sont arrêtés et nous vivrons  l’utopie de la démocratie juive que beaucoup de juifs libéraux veulent  pour Israël. Cette illusion est partagée par des juifs américains, des  sionistes libéraux en Israël, dans le monde et en Occident, où la  culpabilité de deux millénaires de persécutions juives hante la  conscience de beaucoup. Si seulement il y avait de meilleurs dirigeants,  et si seulement ceci et si seulement cela... Mais hélas, la réalité  continue à donner une gifle à chacun : le sionisme et la paix sont  incompatibles. Je le répète : le sionisme est incompatible avec la paix.
Une étude sérieuse de l’histoire de l’Israël  d’aujourd’hui montre que l’émergence de Netanyahu et Lieberman était  parfaitement prévisible. Ils sont les successeurs naturels de David ben  Gurion, Golda Meir et Yitzhak Rabin. En observant la carte politique  d’Israël, on voit bien que les prochains dirigeants sionistes, qu’ils  soient du Parti travailliste, du Likoud, du Meretz ou des partis  nationalistes religieux, ne seront pas différents et ne proposeront  aucun changement. Le problème est le sionisme et la solution est le  démantèlement du cadre sioniste et l’institution d’une démocratie laïque  qui ne fasse aucune discrimination entre les Israéliens et les  Palestiniens. En d’autres termes, aucune nation ne commandera à l’autre,  mais la règle de droit s’imposera à tous et de façon égale.
 Le sionisme a créé un Etat qui veut ne rien avoir à  voir avec la paix ou la réconciliation. Le problème n’est pas Benjamin  Netanyahu et Lieberman, et la solution n’est pas Yossi Beilin ou David  Grossman qui représentent les libéraux sionistes. Le problème est que le  principe de base sur lequel l’Etat juif a été créé, le sionisme, est  vicié.
 Miko Peled est un écrivain israélien et militant pour la paix, il habite San Diego. Son prochain libre, Le fils du Général,  parle de son père, du défunt général et militant pour la paix, Matti  Peled, et de son implication dans le processus de paix  israélo-palestinien. Il a rédigé cet article pour  PalestineChronicle.com.
Son site : http://mikopeled.wordpress.com/
                21 octobre 2010 - The Palestine Chronicle - traduction : JPP