Sherine Tadros - Al Jazeera
          « Est-ce que quelqu’un connaît le mot hébreu pour  « occupation » ? a été une question posée par traducteur en hébreu  assigné d’office pour le déroulement du procès.         
Rachel Corrie - Photo : AP
Ainsi avait débuté le procès sur l’assassinat de la  militante américaine Rachel Corrie. La famille de Rachel Corrie a  attendu sept ans pour que ce procès ait lieu.
Aujourd’hui, quelques mois plus tard, nous sommes de  retour au tribunal du district de Haïfa pour entendre le soldat  israélien qui était au volant du bulldozer qui a écrasé Rachel alors que  celle-ci manifestait pacifiquement contre les démolitions de maisons  palestiniennes dans la bande de Gaza, en 2003.
Et l’entendre est tout ce que nous pouvons faire - suite  à une demande inhabituelle, formulée par l’État et acceptée par le  juge, que le conducteur et les autres soldats parlent derrière un écran  opaque pour protéger leur identité (pour « raisons de sécurité » ).
Je ne peux pas vous dire le nom du conducteur (il y a  une obligation de le taire) mais je peux dire que c’est un immigrant  russe en Israël qui, triste ironie, a la même date anniversaire que  Rachel.
Cela a été un témoignage long et pénible, le conducteur  répondant aux questions avec des variations de ce qui était toujours la  même phrase : « Je ne me souviens pas ».
Il disait ne pouvoir même pas se rappeler le moment de  la journée Rachel où été tuée et a il affirmé qu’il ne savait pas quand  il avait renversé Rachel et roulé sur elle avec son bulldozer  Caterpillar de quatre tonnes.
Comme on pouvait s’y attendre, il dit ne pas s’en être  rendu compte quand il a roulé une seconde fois sur Rachel, l’écrasant à  nouveau avec sa lame.
Pour Cindy Corrie, professeur de musique à la retraite  de l’Olympia à Washington, cela a été la plus difficile partie de la  journée : « Entendre l’homme qui a tué ma fille, sans l’ombre d’un  remords dans la voix, dire qu’il ne se souvenait pas quand c’est  arrivé... »
Comme Cindy le dit, même en imaginant qu’il l’ait fait  par erreur, comment peut-il ne pas se rappeler le moment de la journée  où il a tué un jeune fille de 23 ans ?
Outre le fait qu’il a fallu cinq ans pour que commence  le procès, à compter du jour où les parents de Rachel Corrie ont pu  déposer leur plainte - les procédures judiciaires et changements de  dernière minute imposés par les procureurs de l’État d’Israël sont tout  simplement embarrassants pour un pays qui prétend être une démocratie et  pratiquer la règle du droit.
Avec de mauvaises traductions, des dates de procès qui  changent et un juge qui arrête la procédure parce qu’il a pris d’autres  rendez-vous (comme c’est le cas aujourd’hui où la session est raccourcie  de deux heures) le procès a été retardé et tout le monde en est  frustré.
La famille Corrie, les journalistes et les organisations  de défense de droits de l’Homme ont été informés qu’ils pouvaient  entrer dans la salle d’audience à 9 heures du matin.
A 8h15 l’Etat a rempli la salle avec ses  « observateurs », ce qui signifie qu’en dehors de la famille Corrie et  de ses avocats, seuls trois ou quatre journalistes ont été autorisés (et  encore en rotation) a entrer dans la salle du procès pour écouter et  rendre compte de ce qui s’y passait.
J’étais à l’intérieur à peine une demi-heure - juste le  temps d’entendre le conducteur dire qu’il n’avait fait qu’obéir à des  ordres.
Ses supérieurs, dit-il, lui ont donné des instructions  de continuer les démolitions malgré les civils qui protestaient devant  les maisons.
Et c’est là que réside la raison pour laquelle ce procès est si important.
Ce procès ne cherche pas à dénoncer ou à demander des comptes au soldat qui a porté le coup final à Rachel.
La famille Corrie poursuit en justice l’Etat d’Israël,  pour un dédommagement symbolique de un dollar, parce que cet Etat  permet, et même encourage ses soldats à agir en toute impunité.
Qu’ils empêchent un navire d’aide humanitaire de se  rendre à Gaza, ou empêchent dans le cas de Rachel de défendre la maison  d’un expert-comptable palestinien, les soldats israéliens, trop souvent,  agissent avec la dernière des brutalités, ce qui prouve bien qu’ils se  croient au-dessus des lois.
Et, si la famille Corrie perd ce procès, ce sera une  nouvelle preuve que la loi israélienne saura toujours protéger les  assassins.
http://blogs.aljazeera.net/middle-e...Traduction : Info-Palestine.net