K. Selim - Le Quotidien d’Oran
          Les Etats-Unis et les pays européens n’aiment pas trop que les  pays arabes, soutenus par les pays non alignés, prônent, comme l’année  dernière, une résolution « symbolique » au niveau de l’AIEA demandant à  ce qu’Israël signe le traité de non-prolifération nucléaire.         
Vue satellite des installations nucléaires israéliennes à Dimona
Les agences de presse évoquent une « atmosphère lourde »  à l’ouverture, hier à Vienne, de la 54e assemblée générale de l’Agence  internationale de l’énergie atomique.
En quoi une résolution « non contraignante et purement  symbolique » demandant à Israël de signer le TNP peut-elle troubler le  sommeil de M. Barack Obama et d’autres dirigeants européens ?
Le porte-parole du département d’Etat américain, Phillip  Crowley, n’a pas craint de se moquer de la vérité en affirmant  qu’Israël a pleinement « coopéré avec l’AIEA ». Le plus difficile à  comprendre est son assertion - qui est devenue la ligne des Occidentaux -  selon laquelle il n’existe pas « de bases pour un débat à l’AIEA » sur  l’arsenal nucléaire d’Israël. Où donc pourrait-on discuter de l’arsenal  nucléaire ? Au Capitole ? Au Parlement européen ?
Les responsables américains ont beaucoup d’alliés et  même d’obligés dans le monde arabe, mais ils ne se rendent pas compte  que ces derniers ne peuvent, sous peine de perdre la face, faire  semblant de partager leur drôle de logique. L’esprit censément  « sous-dev » de nos opinions publiques - en général mieux informées que  la moyenne des Américains - est en effet incapable de saisir pourquoi  l’AIEA peut servir de moyen de pression, voire d’alibi pour une guerre  contre l’Iran, et devrait se désintéresser de l’arsenal nucléaire  israélien.
Entre un Etat sur qui pèse des « soupçons » d’avoir une  « intention » de se doter d’une arme nucléaire et un Etat qui en possède  au moins deux cents exemplaires, nos esprits arriérés souffrent d’une  défaillance grave pour s’élever au niveau de la « logique civilisée ».
On doit, selon eux, trouver normal que le DG de l’AIEA,  Yukiyo Amano, tance vertement les Iraniens parce qu’ils ont enlevé  l’agrément à deux inspecteurs qu’ils estiment peu respectueux de la  rigueur professionnelle. M. Amano devient quasiment un héros. On devrait  aussi trouver normal que le « héros » s’aplatisse complètement devant  les Israéliens qui l’ont outrageusement snobé.
C’est indéniable, l’Occident est un territoire de la  raison et on a beaucoup à en apprendre. Mais dès qu’il s’agit d’Israël,  sa raison s’aveugle et exige impérieusement de ses « amis arabes » de  faire les benêts. Trop pour les « amis », qui ont décidé, malgré le  courroux américain, de défendre cette résolution « symbolique et non  contraignante » qui paraît si outrageante à l’Amérique et à l’Europe.
Les Américains sont en train de travailler au « corps »  les délégations des différents pays pour les dissuader de voter la  résolution. C’est de « bonne guerre » ? Soit. Mais est-ce une bonne  guerre pour les amis arabes des Etats-Unis de continuer de faire mine  d’être inquiets du programme nucléaire iranien ?
Les Américains ont, semble-t-il, compris que beaucoup de  gens dans le tiers-monde ne sont pas perméables à la logique des  « civilisés ». Du coup, ils ont mis en avant l’idée que l’adoption de la  résolution mettrait en péril les négociations de paix au Moyen-Orient.  Là aussi, la pertinence de l’argument ne pénètre pas les esprits  réfractaires des gens du Sud. Ils se demandent si Mahmoud Abbas, celui  qui négocie actuellement avec Israël, aurait des bombes nucléaires que  l’AIEA n’a pas vues.
21 septembre 2010 - Le Quotidien d’Oran - Vous pouvez consulter cet article à : 
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