Joharah Baker - Uruknet
          Il y a une vérité absolue qui ne peut être réfutée en ce qui  nous concerne ici en Palestine : Israël contrôle quasiment tous les  aspects de notre vie, écrit Joharah Baker.         
L’occupant israélien veut quotidiennement et en toute occasion humilier les Palestiniens. Mais qui perd sa dignité ?
Peu importe comment nous essayons de contourner cette  réalité, de l’atténuer ou de la voir sous un "angle différent" c’est la  vérité et c’est la principale raison pour laquelle aucun accord partiel  ne tiendra jamais.
Il suffit de voyager dans les Territoires Occupés pour  voir à quel point c’est vrai. Pendant le Eid Al Fitr -les vacances  musulmanes qui suivent le mois de Ramadan- le checkpoint de Qalandiya  entre Ramallah et Jérusalem (qui a été installé il y a peu de temps)  était complètement engorgé. Les gens mettaient littéralement deux, trois  ou quatre heures pour traverser le barrage, parce que Israël avait  décidé de bloquer tout le trafic qui allait de Ramallah à Jérusalem. Peu  importe que les gens aient des projets, aient besoin de rentrer  retrouver leurs enfants et leurs parents, ou dans le pire des cas,  d’aller à l’hôpital.
A la grille en fer ouverte dans le mur de séparation de  Qaladiya, se tenait un groupe de jeunes soldats israéliens avec leurs  fusils armés qui regardaient avec des sourires narquois les Palestiniens  chercher désespérément à se frayer un passage dans la cohue. Bien que  les autorités [israéliennes] aient été responsables du chaos, elles ne  bougeaient pas le petit doigt pour améliorer la situation, et ce sont de  jeunes Palestiniens qui ont dû sortir de leurs voitures pour essayer de  faire la circulation.
Ce n’est pas seulement la circulation et les barrages  qu’Israël contrôle. Les Palestiniens partout en Cisjordanie souffrent du  manque d’eau. Dans mon quartier de Ramallah, l’eau est coupée quatre  jours sur sept. Les familles doivent se rationner en eau parce que quand  leurs réservoirs sont vides, il n’y a aucun moyen de les remplir avant  que l’eau ne revienne. Ce n’est pas parce qu’il n’y a pas d’eau en  Cisjordanie contrairement à ce qu’on croit. Selon un rapport des  l’organisation israélienne des droits de l’homme B’Tselem, Israël  contrôle et exploite pour son propre compte 80% de l’eau des nappes  aquifères de la Montagne qui représentent la réserve d’eau la plus  importante de la région. La population palestinienne se partage les 20%  qui restent.
Un rapport de 2008 de l’Organisation Mondiale pour la  Santé permet de se faire une idée plus précise de la manière dont Israël  contrôle les ressources en eau pour la distribuer à ses propres  habitants. Selon cet organisme, la consommation minimale quotidienne par  habitant devrait être de 100 litres. En Israël la consommation  individuelle atteint 242 litres pendant que les Palestiniens ne  disposent que de 73 litres en moyenne par jour et par personne. Dans  certains endroits selon le WHO, ils ne disposent que de 37 litres.
Les colons illégalement installés en terre palestinienne  ne manquent pas d’eau. Si vous passez près d’une colonie juive vous  verrez des pelouses vertes et une piscine et il est plus qu’évident que  les colons n’ont pas besoin de se demander s’ils auront assez d’eau pour  se doucher ou pas. Les rapports indiquent que dans des endroits comme  la vallée du Jourdain, les colons utilisent jusqu’à six fois plus d’eau  que les Palestiniens qui habitent au même endroit.
Aussi quand les Palestiniens disent qu’ils cesseront de  participer aux négociations de paix si Israël continue de construire des  colonies, on ne peut pas considérer cela comme excessif, au contraire  l’arrêt de la construction est l’exigence minimale qu’ils puissent avoir  quand on voit à quel point l’existence des colonies a détruit et  continue de détruire la vie des Palestiniens.
En ce moment même, alors que les deux camps se préparent  à se rencontrer à Sharm Al Sheikh pour le second tour des pourparlers  lancés à Washington le 2 septembre, Israël est déjà en train d’accuser  l’autre camp. Il a qualifié la demande qu’Israël prolonge le gel de la  construction dans les colonies (déjà bien entaché de violations) une  stratégie du" tout ou rien" qui pourrait faire dérailler le processus de  paix. Israël accuse les Palestiniens d’être intransigeants alors que la  demande de geler les constructions dans les colonies est on ne peut  plus légitime. De nombreux Palestiniens pensent même que c’est beaucoup  trop peu et beaucoup trop tard et disent que les dirigeants palestiniens  devraient exiger au moins un arrêt total des constructions dans les  colonies et le démantèlement des installations coloniales en accord avec  le droit international.
Cependant Israël n’a aucune intention de mettre fin à  l’entreprise coloniale en Cisjordanie pour la bonne raison que c’est le  seul moyen de contrôler la terre et par voie de conséquence le peuple  opprimé qui y habite. Depuis le début de l’occupation de la Cisjordanie  en 1967, tous les gouvernements israéliens ont encouragé le  développement des colonies en offrant des avantages économiques comme  des maisons subventionnées et des réductions du coût des services  publics. Sous le prétexte de veiller à sa propre sécurité, Israël garde  un contrôle total de la population palestinienne en maintenant une  présence en Cisjordanie à travers les colonies, les routes réservées aux  Israéliens qui la sillonnent, le mur de séparation et les barrages  comme celui de Qalandiya.
Tandis qu’Israël continue de déblatérer sur le fait que  les Palestiniens ne sont pas raisonnables et font obstacle à la paix, il  faut rappeler au monde ce que c’est que de vivre sous occupation. Le  contrôle et l’oppression ont de multiples facettes. La présence  militaire et les heurts avec l’armée d’occupation sont des  caractéristiques importantes de l’occupation israélienne de la  Cisjordanie, mais ils ne sont pas les seuls. Le contrôle général que les  Israéliens exercent sur la vie des Palestiniens est étouffant parce que  rien n’y échappe. Entrer et sortir du pays, aller à Jérusalem,  travailler à l’intérieur de la Ligne Verte, importer ou exporter des  marchandises, construire une maison, cultiver sa terre (en admettant que  vous pouvez y accéder), et même la quantité d’eau dont vous pouvez  disposer, tout est sous le contrôle de la puissante poigne d’Israël, le  pouvoir occupant.
Et donc, avant que le monde ne nous accuse de quoi que  ce soit ou ne s’adonne à des jugements expéditifs, tâchons tous de ne  pas oublier les raisons essentielles pour lesquelles nous négocions.  Puis après que l’occupation soit dûment mentionnée, tâchez de seulement  vous représenter ce que c’est que de passer quatre heures sur un trajet  de normalement 45mn pour réussir à rentrer chez soi et de ne même pas  pouvoir prendre une douche en arrivant car il n’y a pas d’eau.
Johara Backer
* Joharah Baker est écrivain au Media and Information Department at the Initiative for the Promotion of Global Dialogue and Democracy (MIFTAH). Elle peut être contactée à mid@miftah.org
                17 septembre 2010 - Uruknet - Pour consulter l’original : 
http://ww.uruknet.info?p=m69874
Traduction de l’anglais : Dominique Muselet
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Traduction de l’anglais : Dominique Muselet
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