Publié le 1er-09-2010 
                   Lettre ouverte de Jacques  Muller à ses collègues sénateurs pour soutenir les cinq militants  assignés devant le tribunal de Mulhouse, le 13 septembre prochain, en  raison de leur action de boycott des produits israéliens.                      
 Cher collègue,
Vous trouverez  ci-jointe une "lettre-pétition" au sujet du procès qui se déroulera  lundi 13 septembre à Mulhouse, au cours duquel comparaitront cinq  militants assignés devant le tribunal correctionnel de Mulhouse pour une  action d’information des consommateurs du magasin Carrefour de Mulhouse  le 26 septembre 2009 les appelant au boycott des produits exportés par  Israël.
L’action qu’ils ont  menée en vue de faire respecter le Droit International s’inscrit dans  la campagne internationale « Boycott/Désinvestissement/Sanctions »  initiée à la demande de la société civile palestinienne afin de faire  cesser l’impunité dont jouit l’Etat d’Israël. Depuis des années,  celui-ci viole systématiquement le Droit International (Résolution du  conseil de sécurité de l’ONU), le Droit Humanitaire (Conventions de  Genève interdisant la colonisation, la spoliation et le déplacement de  populations en  territoire occupé, le siège et bombardements de la bande  de Gaza) et les Droits de l’Homme (pratique de discrimination selon  l’origine des citoyens, emprisonnements massifs de résistants).
Il faut également  relever que les autorités israéliennes violent au vu et au su de tous le  Droit Commercial français et celui de l’Union Européenne  en pratiquant  une fraude systématique quant à l’origine de leurs produits, ceux issus  des colonies en territoire palestinien occupé étant abusivement  estampillés « made in Israël ».
C’est pourquoi  j’estime qu’il est particulièrement choquant de voir mis en accusation,  des concitoyens qui s’engagent pour ouvrir une possibilité de  contraindre pacifiquement les autorités actuelles d’Israël afin qu’elles  cessent d’appliquer une politique inacceptable au regard du Droit  International...et source de toutes les violences. En effet, il n’y a  pas de symétrie dans ce conflit, de violences qui viendraient tout  simplement d’extrémistes des deux camps : à la suite de mon séjour en  Israël cet été, avec quelques courtes incursions en territoire  palestinien, je suis intimement convaincu que tant que la politique  d’oppression de l’Etat d’Israël - une violence structurelle, que l’on a  du mal à imaginer ici en Europe - n’aura pas cessé, la spirale de la  violence continuera ses effets dévastateurs dans les deux camps,  notamment à Gaza assiégé, coupé du monde et bombardé régulièrement, et  sur le territoire d’Israël sous la forme des attentats-suicides de  kamikazes palestiniens.
En réalité la  situation s’apparente à celle de l’Afrique du Sud, à l’époque où toute  la politique était fondée sur le racisme, et où les territoires dits  "autonomes" s’appelaient des bantoustans, morcelés et enclavés... comme  en Palestine aujourd’hui : le fameux mur en est la parfaite  l’illustration.
Les pressions  internationales, notamment le boycott économique de l’économie  sud-africaine, avaient contraint les autorités de l’époque de  reconnaître enfin les Droits fondamentaux des noirs. C’est pourquoi le  boycott me parait aujourd’hui le seul moyen, parfaitement non-violent,  pour contraindre l’Etat d’Israël à respecter le Droit des peuples, en  l’occurrence celui  des Palestiniens... et assurer de manière durable sa  légitime sécurité : la paix ne peut pas se construire sur l’injustice,  surtout lorsqu’elle prend de telles proportions.
Je souligne enfin  que lors de cette action de sensibilisation il n’y a eu aucune violence,  ni la moindre dégradation, ni de pression sur les personnes... Ainsi  vous comprendrez que cette comparution est incompréhensible, notamment  au regard des valeurs de notre République dont nous sommes les élus.
Je vous propose ainsi d’apporter votre soutien à ces cinq concitoyens qui méritent plutôt le respect que l’inculpation.
Cordialement,  
Jacques MULLER
CAPJPO-EuroPalestoine