Daniel Vanhove
OPINION :
Quelqu’un finira-t-il par dresser un jour le bilan du  désastre humain qu’a constitué l’implantation de l’entité sioniste en  région arabe, comme règlement au problème strictement européen après la  deuxième guerre mondiale, avec tous les désastres en cascade que l’on  connaît depuis ?
Faut-il rappeler l’absolue  désolation de 20 ans d’embargo, trois guerres et des millions de  victimes d’un Irak totalement détruit et en proie à des attentats  quotidiens depuis l’illégale intervention américano-britannique en  2003 ; rappeler aussi les bombardements continus sur l’Afghanistan qui  après 10 ans de résistance contre l’invasion par URSS en est bientôt à  10 ans de résistance contre l’invasion par les USA et l’OTAN ; rappeler  encore l’interminable calvaire de la Palestine sous la botte  israélienne, et cela depuis plus de 62 ans d’une partition brutale et  injuste suivie d’une occupation humiliante et meurtrière ; ainsi que les  bavures régulières que s’autorisent les « forces de la coalition » au  Pakistan, tuant régulièrement tant d’innocents dans un décompte  probablement minimaliste ; et les incessantes provocations de l’armée  sioniste aux frontières du Liban, après leurs nombreuses et sanglantes  interventions armées dans ce pays occupé pendant 20 ans ; les pressions  constantes exercées sur la Syrie accusée à tort dans l’assassinat du 1er  ministre libanais R. Hariri, amputée d’une partie de son territoire  dans le Golan, et toujours dans l’œil du cyclone ?...
Faut-il rappeler les incalculables victimes civiles de  tous ces conflits dans une région déchirée, démantelée, dépecée par les  appétits néocoloniaux d’une poignée de puissances occidentales, les  qualifiant de manière méprisante de « dommages collatéraux » ?...
Faut-il donc rappeler tous ces crimes, ces meurtres, ces  assassinats, ces innombrables blessés et handicapés, ces familles  décimées et inconsolables à vie, cette immense désolation que nos pays  dits « civilisés » perpétuent en notre nom ( !), la plupart du temps  sous de faux prétextes… pour espérer que nous n’oubliions pas !?
En ces temps d’intenses manœuvres diplomatiques aussi  bien que militaires, dans un Moyen-Orient tellement dévasté par des  années de sanctions, d’embargos, de blocus et de guerres multiples, il  ne s’agit évidemment pas d’ « en rajouter une couche » ! Mais plutôt de  garder notre sens critique en éveil afin de ne pas nous laisser berner  une fois de plus par la propagande mensongère qui s’évertue à nous  préparer à la prochaine. Ainsi, le livre Le lobby pro-israélien et la  politique étrangère américaine de John Mearsheimer et Stephen Walt paru  en 2007 aux Ed. La Découverte, ne devrait-il pas être oublié. Je  voudrais tout au contraire en rappeler certains passages éloquents, afin  de bien comprendre la stratégie déployée par de puissants lobbies qui  tentent d’influencer les décisions de la politique américaine – et  européenne par rebond – ainsi que leurs opinions publiques.
Dans un chapitre consacré à l’Irak on peut y lire :  « (…) au cours de la période qui précéda la guerre, les Etats-Unis  étaient à la fois puissants, confiants dans leur supériorité militaire,  et profondément inquiets au sujet de leur sécurité – un cocktail  dangereux.
Ces différents éléments forment le contexte stratégique  de la décision d’entrer en guerre, et nous aident à comprendre ce qui a  sous-tendu et facilité ce choix. Mais l’équation comportait aussi une  autre variable, sans laquelle la guerre n’aurait jamais eu lieu. Cet  élément est le lobby pro-israélien, et notamment un groupe de  politiciens et de leaders d’opinion néoconservateurs qui pressaient les  Etats-Unis d’attaquer l’Irak depuis bien avant le 11 septembre. La  faction pro-guerre pensait que le renversement de Saddam améliorerait la  position stratégique des Etats-Unis et d’Israël, et inaugurerait un  processus de transformation régionale dont profiteraient les deux  nations.
(…) Les pressions exercées par l’Etat hébreu et le lobby  pro-israélien n’expliquent pas à elles seules la décision prise par  l’administration Bush d’attaquer l’Irak en mars 2003, mais elles en  constituaient un élément déterminant.
(…) nous affirmons que la guerre était largement motivée  par le désir de renforcer la sécurité d’Israël. Il s’agissait déjà  d’une affirmation controversée avant que la guerre ne débute, mais elle  l’est plus encore maintenant que l’Irak est un devenu un désastre  stratégique.
(…) Affirmer cela ne revient pas à dire qu’Israël ou le  lobby « contrôlent » la politique étrangère des Etats-Unis. Cela veut  tout simplement dire qu’ils ont appelé avec succès à la mise en œuvre de  certaines politiques, et que, dans un contexte spécifique, ils ont  atteint cet objectif. Si les circonstances avaient été différentes, ils  n’y seraient pas parvenus. Mais sans leurs efforts, l’Amérique ne serait  probablement pas en Irak aujourd’hui.
(…) Tout au long des mois précédant l’entrée en guerre,  les dirigeants israéliens craignaient en effet que Bush décide  finalement de ne pas y aller, et ils firent tout ce qui était en leur  pouvoir pour s’assurer qu’il ne change pas d’avis à la dernière minute.
Pourquoi un tel détour ? Parce qu’aujourd’hui, alors que  l’une des plus anciennes civilisations du monde est dévastée et en  proie à une guerre civile qui risque bien de s’éterniser, les  informations qui nous sont pernicieusement distillées en provenance  d’Iran sont du même ordre. Le refrain est le même, seul le couplet a  changé : il n’est plus question d’ADM, mais de bombe nucléaire. Eh  oui !, pour tenter de masquer un tant soit peu l’échec absolu de  l’entreprise irakienne – sans parler de celle d’Afghanistan – il faut  trouver un moyen d’effrayer plus encore les populations dans le monde  pour qu’elles soutiennent l’éventualité d’une option militaire, en  utilisant ce qui produira un impact plus fort sur les esprits que les  ADM : la bombe atomique ! Tout le monde sait que la simple allusion à  l’arme atomique provoque l’effroi le plus total au sein des populations.  Les images des gigantesques champignons nucléaires sur Hiroshima et  Nagasaki nous sont rappelées régulièrement. La dévastation instantanée  et totale de ces deux villes a marqué les mémoires. Imaginer  qu’aujourd’hui, un pays puisse envisager le recours à une telle  technologie suffit à en provoquer le rejet immédiat et sa mise au ban de  la société par l’ensemble des Nations. Les « experts » en communication  le savent bien, qui manipulent l’information et tentent de nous  terrifier à la seule idée qu’un gouvernement, ostracisé pour sa culture,  ses méthodes et présenté comme l’ennemi public n°1, serait sur le point  de l’utiliser.
Mais, un peu plus loin dans le livre, on peut lire :  « (…) Certains articles de presse affirmaient que « des membres des  services de renseignement israéliens disposent d’éléments indiquant que  l’Irak redouble d’efforts pour produire des armes biologiques et  chimiques ». Sur CNN, Perès déclara « penser et savoir qu’il [S.  Hussein] cherche à acquérir une option nucléaire ». Selon le quotidien  hébreu Ha’aretz, Saddam avait donné « ordre (…) à la Commission  irakienne pour l’énergie d’accélérer le rythme de son travail ». Israël  alimentait Washington en rapports alarmistes concernant les programmes  irakiens d’ADM à un moment où, selon les termes mêmes de Sharon, « la  coordination stratégique entre Israël et les Etats-Unis a atteint un  niveau sans précédent ». Au lendemain de l’invasion et après les  révélations concernant l’absence d’ADM en Irak, le comité du Sénat en  charge des Relations avec les services de renseignement ainsi que la  Knesset publièrent séparément des rapports révélant que l’essentiel des  informations transmises à l’administration Bush par Israël étaient  fausses. »
Or, comme l’affirmaient en son temps Saddam Hussein et  ses proches collaborateurs démentant  le fait de posséder des ADM, le  président Ahmadinejad et l’ensemble de son gouvernement ne cessent de  dire et de répéter que l’objectif poursuivi par leur technologie  nucléaire est de l’ordre du civil et non de l’armement. Parallèlement,  de nombreuses voix – que l’on tente d’étouffer – se sont déjà faites  entendre pour signaler qu’au stade actuel, l’Iran ne possédait aucune  arme atomique, et qu’il faudrait plusieurs années avant de pouvoir  « éventuellement » en fabriquer. Propos non démentis par les inspecteurs  de l’AIEA (Agence Internationale de l’Energie Atomique) qui, soit dit  en passant, ont accès à certains sites nucléaires iraniens, mais se  voient refuser tout accès aux sites israéliens !
Par ailleurs, d’après des informations en provenance  d’Al Manar – le silence de nos médias est éloquent sur la question – il  semble que des ex-agents de la CIA viennent d’adresser une lettre au  président Obama, le mettant en garde contre une attaque surprise de la  part d’Israël qui déclencherait ce mois-ci des bombardements sur l’Iran,  contraignant ainsi les USA à leur venir en aide, puisque l’Iran a  prévenu qu’en cas de violation de son territoire tant aérien, maritime  que terrestre, il réagirait. Info ou intox ? Sans vouloir jouer les  Cassandre, les signataires d’une telle lettre paraissent bien placés que  pour prendre leur initiative suffisamment au sérieux. La perspective  des négociations qui se profilent en septembre entre le régime iranien  et Washington, après l’accord tripartite avec le Brésil et la Turquie à  propos de la question nucléaire, indispose Tel-Aviv qui craint que  s’éloigne ainsi la possibilité d’une intervention armée. L’on voit  clairement qu’après la guerre en Irak, celle en Iran servirait  prioritairement les intérêts israéliens. De même, des « experts » russes  voient inévitable une guerre prochaine avec l’Iran, déclenchée vers  l’automne, au travers un Etat tiers comme le Liban – dont la résistance  armée du Hezbollah insupporte Israël – qui servirait d’appât et d’excuse  pour étendre le conflit à d’autres pays voisins. L’accrochage autour  d’un arbre à déraciner la semaine dernière a démontré que la provocation  israélienne n’hésite pas à utiliser tout et n’importe quoi pour  provoquer un incident majeur. Fort heureusement, le Hezbollah – objectif  que l’armée israélienne a manqué lors de sa sanglante intervention en  2006 – n’est pas tombé dans ce piège grossier et s’est abstenu  d’intervenir.
Dans la foulée, il semble aussi que le président  français en vacances dans le Var ait reçu la visite éclair de Saad  Hariri, l’actuel 1er ministre libanais, auquel il aurait dit que « tout  devait être fait pour éviter de nouvelles tensions… » A entendre les  conseils avisés d’un tel « expert » en termes sécuritaire, au moins le  ministre libanais pourra se dire qu’il n’aura pas fait le déplacement  pour rien !
Ainsi, dans ce monde profondément malade, aurions-nous  donc la mémoire trop courte que pour tirer les leçons de l’actuel  désastre irakien, afghan, palestinien, pakistanais, libanais sans voir  dans quel enfer une nouvelle aventure iranienne risquerait de nous  précipiter ? L’Iran n’est ni l’Irak, ni l’Afghanistan.ni encore moins le  Liban. Ni par la taille, qui fait quatre fois celle de l’Irak, deux  fois et demi celle de l’Afghanistan, (trois fois celle de la France)… et  quatre-vingt fois celle d’Israël. Ni par sa population près de trois  fois supérieure à celle de l’Irak et plus de dix fois supérieure à celle  d’Israël. Ni par ses possibilités de riposte. Ni par sa farouche  détermination à ne pas se laisser dicter sa politique de développement.  Ni par sa culture, ignorée voire inconnue de la plupart des Occidentaux  qui la confondent bien souvent avec un pays arabe, dans les amalgames  paresseux et méprisants que beaucoup de ces « spécialistes » affichent  dans leur approche de tout ce qui n’est pas européo-centré. Et après des  années de déversement de tonnes de bombes dans les pays visés, avec  l’objectif de « sécuriser » la région, d’y apporter la « liberté » et la  « démocratie » et toutes ces fariboles du même ordre, le résultat est  exactement l’inverse de ces fumeuses théories développées par tous ces  « experts » venus nous vendre leurs sales guerres ! Le pouvoir irakien  est dans l’impossibilité de former un gouvernement d’union nationale  entre kurdes, sunnites et chiites et les attentats se multiplient ; le  Hezbollah n’a jamais été aussi puissant au Liban ; les Taliban  reprennent du poil de la bête et dament le pion à la « coalition » ; le  Hamas loin d’être discrédité reste très populaire en Palestine et ce  serait plutôt le Fatah et M. Abbas qui seraient affaiblis, etc… Dans les  faits, ces pays envahis n’ont jamais été aussi déstabilisés que depuis  l’incursion de forces étrangères sur leur sol. Après la colonisation,  puis la décolonisation ratée, les nouvelles politiques étrangères de  l’Occident continuent d’être de lamentables échecs tant elles sont  animées de cette notion tenace de supériorité et de condescendance dans  ses rapports à l’autre. Elles ne sont qu’une néo-colonisation mal  ficelée, masquée, entretenant de la sorte le désordre et alimentant la  haine entre les différentes cultures. Un peu facile de déclarer alors  que nous sommes face à un choc de civilisations ! Dès lors, dans ce monde qui n’a de cesse de s’enfoncer dans les  ténèbres, saurons-nous nous mobiliser pour empêcher qu’une telle folie  ne vienne s’ajouter à tant d’autres avec le risque réel d’un embrasement  généralisé de la région, puis de ses alentours, pour nous atteindre  rapidement à notre tour ? Saurons-nous nous mobiliser pour faire barrage  à ces lobbies et dénoncer leurs puissantes et fallacieuses stratégies  de communication ? Saurons-nous nous mobiliser pour alerter nos  décideurs politiques et les mettre en garde de s’embarquer dans un  suivisme atlantiste dont l’issue les dépasserait ? Saurons-nous nous  mobiliser pour alerter les opinions publiques qu’un tel nouveau conflit  ne ferait qu’attiser plus encore les fractures déjà nombreuses au sein  même de nos sociétés métissées ? Saurons-nous nous mobiliser autant que  lors de manifestations sportives mondiales, pour éviter le pire ? Ou  devrons-nous constater notre incapacité à faire désormais la différence  entre l’essentiel et l’accessoire ? Entre le hasard et la nécessité ?  Entre le vrai et le faux ? Entre la réalité et le virtuel ? Devrons-nous  constater notre impuissance à agir devant l’inévitable ? Devant le  désir de toute puissance de quelques uns, risquant d’entraîner tous les  autres et nous avec, dans des affres que nous ne pouvons même pas  imaginer ?
Avons-nous encore assez de lucidité pour comprendre ce  qu’une guerre actuelle représente, en-dehors de celles que nous  regardons de manière virtuelle à travers des fictions de mauvais goût ou  des reportages lointains, confortablement installés dans nos fauteuils,  avec cette certitude erronée que nous serions à l’abri de tout ?
Quelques pages plus loin, dans le même livre, les  professeurs Mearsheimer et Walt continuent à expliquer : « Destinée à  faire apparaître Saddam Hussein comme une menace imminente, la  manipulation des informations fournies pas les services de renseignement  fut un élément crucial de la campagne en faveur de l’invasion de  l’Irak. Scooter Libby joua un rôle de premier plan dans cette opération,  en se rendant plusieurs fois à la CIA pour faire pression sur les  analystes et les exhorter à produire des éléments qui viendraient étayer  le dossier en faveur de la guerre. »
Ainsi, malgré les déconvenues que les forces  occidentales essuient sur tous les fronts dans la région, tout indique  que nous risquons de prendre exactement le même chemin qu’avec l’Irak, à  savoir : une manipulation de l’information par la répétition à travers  les médias de mensonges sur la nature du régime iranien – ce qui a déjà  commencé depuis plusieurs années – ; sur la nature de ses recherches en  matière nucléaire – en dépit des démentis systématiques des autorités  iraniennes – ; sur la nature des intentions du président Ahmadinejad –  dont nombre de « journaleux » déforment les propos par une traduction  malhonnête – ; sur la nature d’un danger qui est largement exagéré alors  qu’il n’est que virtuel – la fabrication d’armes nucléaires – tout en  présentant systématiquement et comme toujours, Israël comme la future  victime désignée, et qui bien sûr… « a le droit de se défendre », sauf  que dans la région c’est le seul Etat qui n’a de cesse d’entrer en  guerre avec tous ses voisins, avec la cruauté et la brutalité que l’on  connaît !…
Toujours dans le même livre, un plus loin encore, mais à  propos de l’Iran cette fois : « L’allant avec lequel Bush définit  l’Iran comme une menace mortelle pour Israël mais pas pour les  Etats-Unis, ainsi que son engagement explicite à entrer en guerre contre  l’Iran au profit d’Israël, ont commencé à alarmer sérieusement certains  secteurs du lobby. C’est ce que signalait Forward au printemps 2006 :  ‘Des dirigeants de la communauté juive ont instamment prié la Maison  Blanche d’éviter d’annoncer publiquement son désir de défendre Israël  contre de possibles agressions iraniennes’. Ce n’est pas que ces  dirigeants soient opposés au recours à une intervention américaine pour  protéger Israël, mais plutôt qu’ils ont peur que les déclarations  publiques de Bush ‘ne créent l’impression que les Etats-Unis envisagent  une action militaire contre l’Iran au seul profit d’Israël – ce qui  pourrait amener l’opinion à attribuer aux Juifs américains la  responsabilité des conséquences négatives d’une frappe américaine contre  l’Iran’ ».
Et pour en terminer avec ce qu’écrivent les professeurs  américains : « En fait, Israël est le seul pays au monde où l’opinion  publique soutient majoritairement l’option militaire : près de 71% de la  population israélienne, si l’on en croit un sondage de mai 2007. De  même, aux Etats-Unis, les principaux groupes du lobby sont les seules  organisations importantes à prôner l’entrée en guerre contre la  République islamique. Début 2007, quand un journaliste demanda au  général en retraite Wesley Clark pourquoi l’administration Bush semblait  s’engager sur la voie d’un conflit avec l’Iran, celui-ci répondit : ‘Il  suffit de lire la presse israélienne. La communauté juive est divisée  sur la question, mais la pression exercée sur les politiciens par les  milieux d’affaires de New York est énorme.’ Clark fut aussitôt taxé  d’antisémitisme pour avoir laissé entendre qu’Israël et certains Juifs  américains inciteraient les Etats-Unis à entrer en guerre avec l’Iran,  mais, comme le souligne le journaliste Matthew Iglesias : ‘Tout ce que  dit Clark est vrai. Mieux encore, tout le monde sait que c’est vrai.’  Et, pour mettre les points sur les i, dans un ouvrage publié en 2006 et  intitulé ‘Cible : l’Iran’, l’ancien inspecteur des Nations Unies en Irak  Scott Ritter écrivait : ‘Qu’il n’y a aucun doute là-dessus : si demain  les Américains font la guerre à l’Iran, ce sera une guerre made in  Israël, et nulle part ailleurs.’ En d’autres termes, sans la campagne  d’Israël et du lobby, il n’y aurait pas grand monde à Washington pour  envisager sérieusement une attaque contre l’Iran. »
A la lumière de ces différents éléments, arrêtons donc  de nous tromper nous-mêmes et regardons la réalité en face : nous  échouons partout où nous posons le pied ! Quelqu’un finira-t-il par  dresser un jour le bilan du désastre humain qu’a constitué  l’implantation de l’entité sioniste en région arabe, comme règlement au  problème strictement européen après la deuxième guerre mondiale, avec  tous les désastres en cascade que l’on connaît depuis ? Cela risque bien  d’être vertigineux ! Sans parler de l’aspect financier, social,  économique, sanitaire, écologique,… Enfin, les récentes confirmations du retrait des forces militaires  américaines de l’Irak planifiées pour le mois de septembre par le  président Obama auraient peut-être de quoi réjouir… si elles n’étaient  le prélude à une réorganisation éventuelle des forces pour les maintenir  disponibles en vue d’une riposte sur l’Iran… Tout comme le retrait  annoncé des premières troupes polonaises, australiennes et néerlandaises  d’Afghanistan…  Dans le même temps, que penser de la traversée du canal  de Suez il y a quelques semaines, de bâtiments de guerre américains et  israéliens en direction du golfe… ainsi que de la livraison récente à  Israël de bombes spéciales, les BLU-117 ayant la capacité de percer les  bunkers de béton enfouis à plusieurs mètres dans le sol… et du soudain  réchauffement entre Tel-Aviv et Washington lors de la dernière visite de  Netanyahu, alors que celui-ci continue d’ignorer les injonctions  d’Obama et poursuit sa politique de colonisation à Jérusalem-Est et en  Cisjordanie, rase les villages bédouins du Néguev, et maintient  l’asphyxie méthodique de la Bande de Gaza… et que l’administration  américaine vient d’annoncer que ses plans pour attaquer l’Iran étaient  prêts ?
Avec les arsenaux en présence, ne pas prendre réellement  conscience de la menace qui pèse sur le Moyen-Orient risque de nous  faire basculer dans la pire crise que le monde ait à traverser… sans  savoir si son issue ne sera pas une apocalypse planétaire ! Bien que  certains illuminés souhaitent cette confrontation dans leur vision  idéologique et infantile d’une fin des temps qui verrait leur « Messie »  revenir sur terre, l’heure est grave. Bien plus qu’elle ne l’a sans  doute jamais été. La déflagration d’une telle guerre n’aura rien de  virtuel, et personne ne sait quelles terrifiantes conséquences en  découleraient et pour combien de décennies. Si nous pensons que la crise  que nous traversons aujourd’hui est pénible, longue et difficile, il y a  tout lieu de croire que ce n’est qu’une partie de plaisir par rapport à  ce qui déferlerait sur nous dans l’hypothèse d’un tel scénario. Nous ne  pouvons pas rester les bras croisés et penser que cela ne nous concerne  pas. Nous devons tout faire – à commencer par nous informer  correctement – chacun avec nos moyens si humbles soient-ils, pour  empêcher qu’une telle guerre soit lancée, parce que si ce conflit est  déclenché, nous n’aurons alors plus le choix entre le chaos de cette  nouvelle « préventive » ou la patience de négocier un accord équilibré  entre parties. C’est sans aucun doute l’un des défis les plus urgents à  relever dans l’immédiat pour la société civile, les ONG et chacun  d’entre nous. Même si une partie de l’administration américaine, les  néoconservateurs et le lobby israélien sont puissants, ils restent  minoritaires en nombre. Et quoi qu’en disent certains, le président  Obama n’est pas le président Bush. À un trimestre des élections de  mi-mandat aux Etats-Unis, pourra-t-il contenir les va-t’en- guerre qui  le pressent de toutes parts ? Il faut vraiment espérer que oui, et il  nous reste donc peut-être une petite lueur d’espoir pour agir : ne la  laissons pas passer…