Caroline Venaille
A  Jérusalem, les usagers du tram du consortium City Pass, dont font  partie Alstom et Veolia, ont été interrogés sur les Palestiniens.
Tandis que les rames toutes  neuves du tramway de Jérusalem -conçu par un consortium  franco-israélien- sillonnent la ville pour une période test, une enquête  de terrain auprès des futurs usagers vient raviver la polémique sur ce  moyen de transport reliant Jérusalem-Ouest à des colonies israéliennes.
La semaine dernière, des enquêteurs de City Pass Limited  -le consortium de cinq compagnies dont Alstom et Connex, filiale de  Veolia transport- ont interrogé leurs futurs clients, notamment sur les  passagers palestiniens :
1. « Les passagers, juifs comme arabes, peuvent monter  librement à bord du tramway sans passer de contrôle de sécurité, cela  vous dérange-t-il ? »    2. « Le tramway dessert trois stations à Shua’fat [quartier  palestinien de Jérusalem-Est ndlr [1] ], cela vous dérange-t-il ? »
Vendredi, le directeur général de la municipalité, Yair  Maayan, a réagi en envoyant un courrier au président de la compagnie,  Avraham Shohat. Il s’indigne de tels propos, d’autant plus de la part  d’une entreprise privée. Le quotidien israélien Haaretz, de centre  gauche, cite ses propos :
« Nous sommes sidérés d’apprendre qu’une compagnie  privée se permet de poser ce genre de questions, qui ne sont en aucune  façon liées à ses activités.
Ces questions sont de nature raciste et ne font qu’attiser les tensions à Jérusalem. »
Selon le journal Haaretz, City Pass se serait excusé. La  société affirme que ce questionnaire n’avait pour objectif que de  répondre au mieux aux besoins de ses futurs usagers.
Chez Alstom, contacté à Paris, et à la mission économique de Tel-Aviv, on déclare que l’affaire est passée inaperçue. Etonnant.
Procès en cours contre Veolia et Alstom
La première ligne de tramway, qui devrait ouvrir en  avril 2011, a fait l’objet de vives critiques. Depuis l’appel d’offre en  2000, ce projet divise en France et au sein de la communauté  internationale.
Le 17 juillet 2005, Alstom, Veolia, les entreprises  israélienne Polar et Ashtrom et les banques Lemi et Hapoalim signaient  un contrat dans le bureau d’Ariel Sharon, pour la construction et  l’exploitation de la ligne de tramway.
Sur près de quatorze kilomètres, l’itinéraire relie  Jérusalem-Ouest (israélienne) aux colonies juives de Jérusalem-Est  (Palestinienne) qui font partie des territoires occupés au titre des  résoutions ds Nations Unies depuis 1967. L’annexion de la partie  orientale de jérusalem n’a jamais été reconnue par la communauté  internationale.
Dans son magazine mensuel, Amnesty International réagit :
« Jugeant que le tramway va entériner “des mesures  illégales d’annexion et de colonisation adoptées préalablement par le  gouvernement israélien”, l’organisation estime que la conclusion de ce  contrat soulève des questions de violation du droit international. »
En France, un procès intenté par des associations pro-palestiniennes est en cours contre Veolia et Alstom, auprès du tribunal de Nanterre [2]. L’image des deux entreprises françaises a été ternie par ce marché.
Suite à ce contrat, les deux entreprises françaises  auraient perdu des marchés à l’étranger, notamment en Suède et en  Grande-Bretagne.
[1] Il s’agit en fait d’un camp de réfugiés palestiniens
[2] procès intenté par l’AFPS et l’OLP, voir Tramway colonial