Stéphane Bussard
Le  raid meurtrier mené par Israël sur la « flottille de la liberté », qui  visait à faire sauter le blocus de Gaza, donne lieu à deux enquêtes  onusiennes parallèles
A quoi jouent les Nations  unies ? Le président du Conseil des droits de l’homme (CDH) de l’ONU à  Genève, Sihasak Phuangketkeow, a précisé mercredi au Palais des Nations  les objectifs de la mission d’enquête sur l’abordage meurtrier, le 31  mai, par les forces israéliennes, de la « flottille de la liberté », qui  souhaitait faire sauter le blocus de Gaza. Une mission créée par le CDH  le 2 juin dernier. « Il s’agit d’établir les faits, les violations du  droit humanitaire et des droits de l’homme », a insisté l’ambassadeur  thaïlandais.
A cette fin, trois experts ont été nommés : Karl  Hudson-Philips, qui a officié comme juge à la Cour pénale  internationale, Desmond de Silva, un avocat qui fut procureur général du  Tribunal spécial pour le Sierra Leone, et enfin Mary Shanthi Dairiam,  qui a été membre du Comité pour l’élimination de la discrimination à  l’égard des femmes. Israël a déjà manifesté sa désapprobation. Sihasak  Phuangketkeow croit néanmoins possible une coopération israélienne.
Panel de quatre experts
Fait étonnant : le CDH n’est pas la seule institution,  au sein de l’ONU, à lancer une mission d’enquête sur l’abordage de la  « flottille de la liberté » [1].  Le secrétaire général des Nations unies, Ban Ki-moon, a annoncé lundi  la constitution d’un panel de quatre experts qui bénéficieront de l’aide  surprenante du président colombien sortant, Alvaro Uribe [2]. Israël a d’ailleurs accepté pour la première fois de coopérer avec ces experts [3].  Mais ceux-ci ne risquent-ils pas de marcher sur les plates-bandes du  Conseil des droits de l’homme ? Sihasak Phuangketkeow s’en défend et  estime que la mission instituée à New York lundi aura un mandat « plus  large ». [4]
A Genève, certaines voix s’élèvent et estiment que, si  l’on avait voulu discréditer davantage le Conseil des droits de l’homme,  on ne s’y serait pas pris autrement. La mission d’enquête du CDH  remettra ses conclusions lors de sa prochaine session, en septembre.