Kharroubi Habib
Les indignations et dénonciations qui se sont exprimées  dans les chancelleries occidentales suite à l’arraisonnement sanglant  par la marine israélienne de la flottille de la paix pour l’empêcher de  briser le blocus de la bande de Gaza n’ont duré que le temps qu’Israël  prenne pour annoncer « l’allègement » de celui-ci. Il a donc suffi de ce  « geste humanitaire » pour que ces milieux officiels occidentaux  oublient qu’ils ont qualifié ce blocus d’illégal au plan du droit,  d’insoutenable et d’inacceptable moralement.
Donc, à leurs yeux, pour peu  qu’Israël « allège » un tant soit peu ce blocus, il n’est plus question  d’en exiger la levée pure et simple. Et de fait, les pressions sur  l’Etat sioniste dans ce sens sont devenues moins pressantes qu’elles ne  l’ont été avant qu’il annonce sa décision « d’allègement ».
Se satisfaire de la mesure israélienne équivaut à  accepter que Tel-Aviv maintienne le blocus. Ce que les amis du peuple  palestinien ne peuvent cautionner en mettant fin à leurs actions pour le  briser. Au contraire, ils devraient coûte que coûte les poursuivre et  les multiplier. D’autres flottilles humanitaires doivent prendre le cap  de Gaza, porteuses du message que l’aide à la population gazaouie ne  doit pas être conditionnée au bon vouloir de l’Etat sioniste. Car cette  conditionnalité, si elle est admise, fera elle aussi que le fait  accompli du blocus israélien en deviendra un acte toléré.
Le recul des autorités sionistes, s’il en est un, de  permettre l’entrée à Gaza sous leur contrôle de l’aide humanitaire  internationale est un stratagème destiné à dévier l’attention et les  exigences internationales de l’essentiel, à savoir la levée immédiate et  inconditionnelle du barbare et infâme blocus qu’elles imposent à la  population gazaouie. C’est la stratégie pérenne des gouvernants  israéliens, quand ils sont acculés par les protestations internationales  contre leurs atteintes récurrentes aux droits de l’homme et aux règles  qui fondent les relations internationales, de faire semblant d’être  accessibles aux concessions pour faire oublier que leurs actes relèvent  tout simplement de l’inacceptable.
En se contentant de « l’allègement » du blocus promis  par l’Etat sioniste, la communauté internationale fait prime à son  arrogance et à son mépris de la légalité. C’est en effet lui signifier  qu’il peut poursuivre impunément sa politique d’enfermement de la  population gazaouie, mais en y mettant « des formes » susceptibles  d’atténuer l’indignation de l’opinion internationale.
C’est cette hypocrisie officielle qui a cours sur le  blocus inhumain dont sont victimes les Palestiniens qu’il faut mettre à  nu. C’est, dans un premier temps, le rôle et la mission des initiatives  humanitaires en faveur de ces Palestiniens.
Il ne s’agit pas pour les flottilles de la paix d’aller  provoquer l’armada israélienne, mais de démontrer que son blocus n’est  pas une opération purement sécuritaire. Qu’il est destiné à mettre à  genoux une population qui a le tort de refuser la « pax israélienne »  qui nie leur cause nationale et refuse le principe de la solution des  deux Etats.