Chris Marsden - WSWS
Mardi, le président Barack Obama a louangé le premier ministre israélien  Benjamin Netanyahou pour être un homme qui « veut la paix » et qui est  « prêt à prendre des risques pour la paix ».  
Obama a fait ces  commentaires suite à une rencontre à la Maison-Blanche, cinq semaines  après l’attaque du 31 mai contre le Mavi Marmara, un navire amenant de  l’aide humanitaire à Gaza, lors de laquelle les forces israéliennes  avaient tué huit activistes turcs et une autre personne à la double  citoyenneté turque et américaine. La rencontre à la Maison-Blanche a eu  lieu à la veille de l’établissement d’une nouvelle série de colonies  israéliennes en Cisjordanie.
Le jour de la réunion, un rapport d’un organisme des  droits de l’homme B’Tselem soutenait que les colonies juives contrôlent  plus de 42 pour cent de toutes les terres en Cisjordanie, y compris 21  pour cent des toutes les terres palestiniennes privées, avec 300.000  colons.
En mars, Obama avait fait savoir qu’il refusait de faire  une conférence de presse avec Netanyahou après l’annonce d’Israël de la  construction de 1600 résidences juives supplémentaires pendant que le  vice-président Joseph Biden visitait Jérusalem. Un « arrêt partiel » de  la construction arrivera à terme en septembre et Israël a clairement  démontré son intérêt à construire davantage.
Netanyahou a aussi refusé de présenter ses excuses à la  Turquie pour l’attaque du Mavi Marmara et s’est opposé à toute enquête  internationale. Avec l’appui de Washington, Israël mène sa propre  enquête, qui est dirigée par un juge à la retraite de la Cour suprême  israélienne. La commission d’enquête israélienne n’a même pas  l’importance d’une commission d’enquête nationale.
Malgré des tensions qui ont temporairement refroidi les  relations israélo-américaines, Obama a une fois de plus démontré  clairement la continuité avec l’administration républicaine de Bush dans  la politique au Moyen-Orient et a souligné le caractère bipartisan du  soutien des Etats-Unis pour Israël. Obama a décrit la relation entre les  Etats-Unis et Israël comme étant « inaltérable » et permanente. « Elle  englobe nos intérêts stratégiques et de sécurité nationale », a-t-il  dit, et elle « devient de plus en plus étroite avec le temps ».
Obama s’est donné beaucoup de mal à tenter de  réhabiliter Netanyahou et Israël face à la colère populaire  internationale devant le blocus de la bande de Gaza et les souffrances  que cela inflige aux Palestiniens. Il n’a fait aucune mention de la  construction de colonies juives à Jérusalem-Est et n’a pas demandé de  prolongation à l’« arrêt partiel » des constructions.
Il a plutôt acclamé la levée partielle du blocus de  Gaza, pour permettre l’arrivée d’une quantité limitée de biens de  consommation dans la foulée de l’attaque du Mavi Marmara, présentant ce  geste comme un exemple « de la retenue démontrée par Israël dans les  derniers mois qui, d’après moi, est propice à la reprise de pourparlers  directs entre nous ».
Obama a réfuté les questions de la presse au sujet de la  rebuffade que Netanyahou aurait précédemment essuyée de sa part. « La  prémisse de votre question était fausse, et je suis totalement en  désaccord avec elle », aurait affirmé Obama, selon Haaretz. « Si vous  regardez chaque déclaration publique que j’ai faite depuis un an et  demi, elles étaient toutes la réaffirmation continuelle de la relation  spéciale existant entre les Etats-Unis et Israël ; que notre engagement  envers la sécurité d’Israël est inébranlable. Il n’y a en fait aucune  politique concrète que vous pourriez mentionner qui viendrait le  contredire. »
Il a ajouté, « j’ai eu confiance au premier ministre  Netanyahou dès que je l’ai rencontré, avant que je sois élu président.  Il fait face à une situation très complexe dans un voisinage très dur. »
La presse israélienne a souligné, en particulier,  qu’Obama défendait la dissuasion nucléaire par Israël. Obama a rejeté  que l’on désigne le programme nucléaire non-déclaré d’Israël comme une  menace à la conférence nucléaire régionale du Moyen-Orient qui aura lieu  en 2012.
Une déclaration de la Maison-Blanche explique : « Le  président a souligné que la conférence n’aura lieu que si tous les pays  se sentent confiants qu’ils peuvent y assister, et que tout effort pour  montrer Israël du doigt rendra la perspective de convoquer une telle  conférence peu probable. »
Ayant fait un extraordinaire lapsus, Obama a déclaré aux  journalistes, « Nous croyons fortement qu’étant donné sa taille, son  histoire, la région dans laquelle il se trouve, et les menaces que nous  confrontons - qu’il confronte, Israël a des besoins de sécurité uniques  particuliers. Il a besoin d’être en mesure de répondre aux menaces ou  n’importe quelle combinaison de menaces dans la région. Et c’est pour  cela que nous restons inébranlables dans notre engagement envers la  sécurité d’Israël. » (Nous soulignons)
YNet a rapporté que « des responsables israéliens ont  dit qu’aucun autre président n’avait jamais fait une déclaration aussi  claire par rapport à l’ambiguïté nucléaire d’Israël », alors que la  correspondante de Haaretz, Natasha Mozgovaya a appelé cette déclaration  « du vrai bonbon » pour Israël.
Le vibrant hommage d’Obama à Netanyahou et  l’amélioration des rapports avec Israël sont motivés, dans un premier  temps, par son désir d’assurer la collaboration israélienne contre  l’Iran, chacun des dirigeants ayant mentionné qu’ils ont discuté des  efforts pour négocier avec l’Iran quant à ses intentions nucléaires  suite à l’imposition de sanctions additionnelles par le Conseil de  sécurité des Nations unies.
Quelques heures à peine avant la rencontre entre Obama  et Natanyahou, durant une visite en Finlande, le ministre des Affaires  étrangères israélien Avigdor Lieberman a averti que « si les Iraniens  obtiennent l’arme nucléaire, nous verrons une course folle à l’armement  nucléaire dans tout le Moyen-Orient, avec des conséquences auxquelles je  ne veux même penser ». C’est, dit-il, « la plus grande menace pour les  pays du Golfe, c’est la plus grande menace pour le Moyen-Orient ».
Obama peut soutenir Israël si ouvertement seulement  parce qu’il a l’appui des régimes arabes, tout comme celui de la  Turquie. Les États-Unis ont été inquiets que les actions provocatrices  d’Israël et le traitement des Palestiniens puissent rendre impossible la  collaboration des États arabes avec son plan visant à assurer sa  domination du Moyen-Orient. Mais les gouvernements bourgeois arabes ont  démontré une volonté remarquable à collaborer.
Le président palestinien Mahmoud Abbas offre des  concessions sans précédent à Tel Aviv afin d’assurer la continuité de  l’appui financier de Washington pour son régime fantoche. Le journal de  langue arabe basé à Londres Al Ahram a indiqué qu’Abbas a soumis des  propositions écrites à l’envoyé spécial américain George Mitchell par  rapport aux problèmes de fond, y compris les frontières d’un État  palestinien et Jérusalem. Le rapport indique que le Fatah d’Abbas  examinera un échange de terres qui permettrait à Israël de conserver les  principales colonies juives en retour d’un contrôle palestinien de  Jérusalem Est, à l’exception du quartier juif de la Vieille Ville et du  Mur des Lamentations. Si cette offre devait être rejetée, comme elle le sera inévitablement,  la seule alternative serait de demander aux pays de la Ligue arabe  d’endosser de nouveau l’initiative de paix arabe de 2002 et de supplier  le Conseil de sécurité de l’ONU de reconnaître un État palestinien basé  sur les frontières d’avant 1967.
Derrière le paravent de leurs déclarations vides de  soutien à la cause palestinienne, les États de la Ligue arabe  travaillent encore plus étroitement avec Washington et Tel-Aviv. Le jour  avant la rencontre entre Obama et Netanyahou, l’administration  américaine a approuvé la vente de 500 millions de livres en matériel  militaire à trois États de la Ligue arabe : l’Égypte, Oman et la  Tunisie. Cette entente comprenait un rehausement de systèmes de défense  aérien, l’entretien d’avions et de navires militaires ainsi que des  hélicoptères. Washington considère également une requête de l’Arabie  saoudite pour des 75 avions F-15 et la modernisation d’autres avions  qu’elle possède déjà pour une valeur de 10 milliards. Washington aurait  déjà prétendument répondu favorablement à cette requête lors de la  visite du roi saoudien Abdullah le mois dernier.
L’an dernier, les Etats-Unis ont approuvé pour près de  13 milliards en vente d’armement à des États arabes. De tels  arrangements militaires et commerciaux, auxquels il faut ajouter le  désir commun de restreindre le pouvoir de l’Iran dans la région, sont le  facteur déterminant l’attitude de la Ligue arabe envers Israël et les  Palestiniens.
Le conseiller adjoint à la sécurité nationale, Ben  Rhodes, a insisté que de telles ententes ne contreviennent pas à  l’accroissement de la coopération militaire et sécuritaire avec Israël  et au maintien de « sa supériorité militaire... au moyen de programmes  comme le « dôme de fer » [un programme de défense anti-missiles] et de  contacts très étroits avec nos équipes de sécurité nationale ».
 « Nous croyons qu’il y a plusieurs cas où la menace  iranienne nous oblige à renforcer la capacité des États de la région à  se défendre eux-mêmes », a-t-il ajouté.
Les Etats-Unis ont aussi accepté de vendre près de 10  milliards de dollars en armement à la Turquie.
Le président de la Syrie, Bashar al-Assad, a lancé un  appel à la Turquie pour qu’elle fasse preuve de retenue sur la question  du Mavi Marmara. Il a donné l’avertissement lors d’une visite officielle  en Espagne lundi le 5 juillet que « Si la relation entre la Turquie et  Israël ne se renouvelle pas, alors il sera très difficile pour la  Turquie d’avoir un rôle à jouer dans les négociations » sur le processus  de paix au Moyen-Orient, qui « affectera la stabilité de la région ».
Ankara a été forcée devant la colère populaire de  protester contre son allié traditionnel, Israël, après que plusieurs  citoyens turcs aient été tués lors du raid sur le Mavi Marmara, y  compris le gel d’au moins 16 ententes de vente d’armes d’une valeur  totale de 56 millions de dollars, le rappel de son ambassadeur et  l’interdiction du survol de la Turquie aux avions militaires israéliens.
Il a été rapporté que le weekend dernier, le ministre  des Affaires étrangères, Ahmet Davutoglu, a déclaré devant un petit  groupe de journalistes voyageant avec lui au Kyrgyzstan que la Turquie  couperait ses liens avec Israël si ce dernier ne s’excusait pas pour  l’assaut sur le Mavi Marmara. Mais le milieu officiel turc a rapidement  renier cette déclaration, de hauts responsables turcs déclarant à  Reuters que le ministre avait simplement indiqué que les relations ne  s’amélioreraient pas tant que les demandes d’Ankara ne seraient pas  satisfaites.
Le commerce entre la Turquie et Israël ont atteint un  sommet de 3,3 milliards en 2008. En 2002, lors de l’arrivée au pouvoir  du Parti pour la justice et le développement, les échanges commerciaux  entre les deux pays valaient 1,4 milliard. L’an dernier, malgré la  récession, les échanges entre les deux pays avaient atteint 2,5  milliards de dollars.
De hauts responsables israéliens ont déclaré au  Jerusalem Post qu’ils ne croyaient pas très probable qu’Ankara coupe ses  liens avec Israël parce que « Les Etats-Unis ne croient pas que cela  est dans l’intérêt de la stabilité au Moyen-Orient. »
 « Si allaient de l’avant dans cette direction, ils  connaîtraient la colère des Etats-Unis », ont dit les hauts  responsables. De plus, l’Union européenne s’opposerait à un tel geste  qui « enterrerait » les chances de la Turquie de rejoindre l’Union  européenne.
Chris Marsden
                15 juillet 2010 - World Socialist Web Site - Vous pouvez  consulter cet article à : 
http://www.wsws.org/francais/News/2...
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