Publié le 26-07-2010 
                   Du fond de sa prison  israélienne, le jeune franco-palestinien Salah Hamouri a rédigé, le 14  juillet dernier — date symbolique— une lettre destinée aux autorités  françaises, qui ont eu l’impudence de lui mettre ce marché honteux en  main : exprimer des regrets* face aux tribunaux militaires israéliens  afin de bénéficier d’une aide de la France !
Dans l’un de ces bureaux, ma mère a été finalement reçue afin de discuter des moyens pour obtenir ma libération.
Nous savons tous  que la démocratie fonde le respect de la diversité des êtres humains.  Elle définit les bases légales qui accordent à chacun des droits et des  devoirs. Elle prône l’égalité des droits humains et refuse absolument  d’établir des différences négatives et ségrégatives selon la couleur de  la peau, l’origine, la religion, etc.
Comme citoyen  franco-palestinien, je pensais que les autorités françaises se devaient  de me protéger (comme elles le font pour tous nos compatriotes français  injustement en difficulté dans le monde) alors que je vis dans un pays  sous occupation militaire décidée par un gouvernement qui refuse  obstinément de reconnaître et d’appliquer le droit international.
Il semblerait que  ce gouvernement, le gouvernement israélien, vous ait convaincu que le  seul moyen pour moi de retrouver la liberté n’était pas que, lui, fasse,  ce qu’il devrait faire pour cela mais qu’en plus de l’injustice que je  subis que, moi, je fasse un acte d’humiliation supplémentaire : que je  présente des « regrets » devant un tribunal militaire d’occupation.
Je voudrais vous  poser une seule question : aurait-il été acceptable pour vous que les  résistants français, pendant la seconde guerre mondiale, « regrettent »  leurs actes devant des tribunaux d’occupation ou de collaboration ?
Si on ne peut  comparer terme à terme les deux situations, il n’en reste pas moins que  la Palestine vit aussi sous occupation étrangère depuis maintenant 62  ans. Une occupation brutale qui multiplie les meurtres, qui construit  des murs, qui assiège et colonise, qui expulse le plus possible de  Palestiniens de leur terre ou de leurs maisons, surtout à Jérusalem-Est  où je vis avec ma famille.
Devant cette  occupation que vit mon peuple, je ne peux rester ni indifférent ni me  taire. Je suis né et j’ai grandi dans un pays occupé et, parce que je ne  peux pas me taire, je suis depuis plus de 5 ans en prison. Comment  pourrais-je accepter cette occupation que vous-même avez condamnée ?  C’est mon droit que de la refuser.
Dans ces conditions  il n’est pas pensable une seule minute, qu’en plus de tout cela que je  subis, j’en vienne à « regretter » ou à « m’excuser » de quoi que ce  soit devant un tribunal militaire d’occupation.
Je soutiens la résistance légitime de mon peuple qui bénéficie de la solidarité des gens libres à travers le monde.
Bien à vous,   
Salah Hamouri
Prison de Guilboa
Section 4
Le 14 juillet 2010 "
* Des "regrets" pour quoi au demeurant ? Pour avoir eu  de "mauvaises pensées" an passant devant le domicile d’un rabbin  d’extrême-droite, d’une de ces personnalités qui appellent à tuer un  maximum de Palestiniens ? Car nous le rappelons, Salah Hamouri a été  kidnappé par l’armée israélienne et condamné à 7 ans de prison pour  "délit d’intention", étant donné que son seul crime est de vivre à  Jérusalem Est, d’avoir le culot de poursuivre des études, et d’être  solidaire de tous les Palestiniens persécutés depuis si longtemps par  Israël (ndlr).
CAPJPO-EuroPalestine