Patrick Cockburn  - CounterPunch
Habituellement, les rencontres entre présidents américains et premiers  ministres israéliens sont précédées de spéculations autour de la  question de savoir si le dirigeant US finira par se résoudre à exiger  qu’Israël mette un terme à l’expansion de ses colonies en Cisjordanie,  ainsi qu’au déplacement des Palestiniens de Jérusalem Est et  qu’il  arrête de mettre les Etats-Unis dans l’embarras avec ses actions  militaires à la noix.          
Avant la rencontre  d’hier, à la Maison Blanche, des critiques particulièrement virulentes  contre Israël se faisaient entendre, émanant de l’establishment  américain de la défense. Un commentateur influent, le Dr Anthony  Cordesman, du Centre des Etudes Stratégiques et Internationales a  notamment dit que l’engagement américain vis-à-vis de la sécurité  d’Israël « ne justifie ni n’excuse des actions décidées par un  gouvernement israélien qui transforme de manière regrettable Israël en  handicap stratégique, alors qu’Israël devrait rester un atout ».
Il a ajouté qu’Israël devrait se montrer plus prudent  quant aux limites auxquelles il entend pousser, pour les tester, les  limites de patience américaine, et exploiter le soutien que lui  apportent les juifs américains. Il a mis Israël en garde contre toute  idée de lancer une attaque armée contre l’Iran en grillant délibérément  ce qu’il a appelé le « feu rouge des Etats-Unis »
Si les Etats-Unis sont aussi chatouilleux en matière de  retombées négatives des (ex)actions israéliennes au Moyen-Orient, c’est  parce que la force de l’Amérique dans cette région du monde est d’ores  et déjà réduite en raison de l’échec de son intervention militaire en  Afghanistan et en Irak, qui n’a pas rempli ses objectifs. Par-dessus le  marché, Israël est lui-même en train de s’affaiblir tant politiquement  que militairement. L’apex de l’influence israélienne au Moyen-Orient  avait été atteint après l’accord de paix signé en 1979 avec l’Egypte,  qui lui avait donné les mains libres pour envahir le Liban en 1982. Mais  cette intervention au Liban avait viré à une interminable guerre de  guérilla qui prit fin avec le retrait israélien du Liban en 2000. Les  opérations militaires (israéliennes) au Liban et à Gaza durant les dix  années consécutives ont toute échoué, de manière lancinante. Pendant ce  temps-là, le chef du Mossad, Meir Dagan, indiquait que l’Amérique a  moins besoin d’Israël, maintenant que la Guerre Froide est bel et bien  terminée.
Il en irait sans doute de l’intérêt des Etats-Unis de  raccourcir la laisse de son rottweiler israélien, mais cela n’arrivera  pas. La raison en est donnée par cette étrange  [http://www.counterpunch.org/leupp07062010.html] tentative du général  David Petraeus, actuel commandant-en-chef en Afghanistan et précédemment  chef du Commandement Central et plus prestigieux de tous les généraux  américains, de faire inscrire dans les annales de l’histoire le fait que  le soutien des Etats-Unis aux agissements israéliens au Moyen-Orient  mettait en danger la sécurité des armées américaines. Il a repiqué au  truc au mois de mars, en lisant une déclaration écrite devant le  Congrès.
Mais à peine le général Petraeus eut-il renouvelé son  témoignage qu’il fit promptement machine arrière. L’explication de ce  retournement de veste à vue du général Petraeus pourrait être qu’il veut  maintenir ouverte l’option de sa candidature aux élections  présidentielles de 2012 et qu’il n’a pas l’intention de se mettre à dos  les électeurs juifs ou les idéologues néocons.
Reste que cet épisode illustre les contraintes  intérieures qui empêchent tout dirigeant politique ou militaire  américain de contrôler Israël, voire simplement de le critiquer. Il se  peut que le président Obama ait été ferme face à Netanyahu, lors de sa  visite officielle d’hier, mais il est improbable qu’il prenne des  mesures effectives tendant à mettre la pression sur Israël, de crainte  d’aggraver les pertes du parti démocratique lors des élections de  mi-mandat [mid-term elections]. Donc il n’y aura sans doute aucune crise  dans les relations américano-israéliennes, même si cette absence de  crise est précisément une des rares choses qui pourraient inciter les  électeurs israéliens à rejeter Netanyahu...
* Patrick Cockburn est  l’auteur de l’ouvrage Muqtada : Muqtada Al-Sadr, the Shia Revival and the  Struggle for Iraq (Muqtada : Muqtada Al-Sadr, la Renaissance chiite  et le combat pour l’Irak)].
                                  7 juillet 2010 - Counterpunch - Vous pouvez consulter cet  article à : 
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Traduit de l’anglais par Marcel Charbonnier
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