Khaled Amayreh
          En termes directs ou voilés, les Palestiniens disent à  Washington qu’aucun progrès n’est possible dans les pourparlers de la  paix avec Israël écrit Khaled Amayreh en Cisjordanie         
          Un ouvrier palestinien collecte du  gravier dans un aéroport abandonné que des frappes aériennes  israéliennes ont endommagé à Rafah (photo : Reuters)
En dehors des plaisanteries habituelles et la répétition  de platitudes, la dernière visite de Mahmoud Abbas,  président de  l’Autorité palestinienne, semble avoir échoué à faire bouger les choses  dans la capitale états-unienne.
Abbas a demandé instamment au président Obama de faire  pression sur Israël pour qu’il se montre plus sérieux dans les  entretiens actuels de proximité - indirects - avec les Palestiniens.  Obama s’est toutefois contenté de réaffirmer son engagement général  envers la création d’un État palestinien viable, territorialement  contigu.
Il a aussi répété que les « deux côtés » auront des  sacrifices à faire pour la paix, ce qui, a-t-il dit, est dans l’intérêt  aussi bien des Palestiniens que des Israéliens.
Abbas a été peu satisfait d’entendre la répétition de  vieilles platitudes, rabâchées ad nauseam par les  présidents états-uniens qui se sont succédé ces dernières années,  notamment George W. Bush, sans qu’il en sorte quoi que ce soit de  concret sur le terrain. Il a averti que la solution à deux États  devenait difficile, voire impossible, à mettre en oeuvre. Il a déclaré  aux journalistes à Washington que si la création d’un État palestinien  continuait à correspondre à « notre stratégie », ils sont nombreux à  avoir conclu, à l’intérieur et en dehors de la région, que cette  stratégie était impraticable.
Abbas a demandé instamment à Washington de faire plus  d’efforts pour qu’Israël lève le siège paralysant de Gaza.  Parlant sur  un ton plus ferme que d’habitude, le dirigeant palestinien a caractérisé  le blocus, qui dure depuis trois ans, de « illégal et immoral ». Il a  donné l’assurance que l’AP était prête à assumer ses responsabilités  dans la surveillance du mouvement des personnes et des marchandises dans  les deux sens au point de passage de la frontière entre Gaza et le  monde extérieur.
Le Hamas n’a pas d’objection à ce que des agents de l’AP  soient en poste au point de passage de Rafah,  mais il ne veut  absolument pas que ce soit Israël qui décide de l’ouverture et de la  fermeture des points de passage. Israël avait retenu ce privilège - qui  selon les Palestiniens avait rendu leur liberté de mouvement tributaire  de ses caprices - en contrôlant étroitement l’accès au terminal des  inspecteurs européens qui vivent en Israël.
Avant l’affrontement violent entre le Fatah et le Hamas  en juillet 2007, Israël avait l’habitude de décréter que la route menant  au passage de Rafah était une « zone militaire fermée » empêchant donc  les inspecteurs européens de rejoindre leur poste au terminal.
Selon le protocole de 2005 régissant le fonctionnement  du passage de Rafah, celui-ci ne peut fonctionner qu’en présence des  inspecteurs. Le Hamas veut donc modifier les règles, affirmant qu’il est  injuste de laisser les Palestiniens - 1,6 millions de Gazaouis - à la  merci d’Israël, spécialement après des années de souffrance immense, de  siège et de guerre.
De façon très circonspecte, l’administration Obama a  demandé d’assouplir le siège de Gaza,  sans utiliser un langage ferme  apparemment par crainte de s’aliéner Israël ou de fâcher le puissant  lobby juif à Washington. Selon des sources états-uniennes et  israéliennes, l’administration cherche une « formule » permettant de  satisfaire les besoins de consommation de la population de Gaza,  spécialement en marchandise et en produits essentiels, sans pour autant  renforcer le Hamas.
En fait, cela correspond à l’actuelle attitude  israélienne, et il s’ensuit que les USA se contenteront d’un léger mieux  dans l’actuelle situation humanitaire de Gaza.
Pour le moment, Israël n’autorise l’entrée à Gaza de pas  plus de 70 ou 80 produits de consommation sur les milliers auparavant  disponibles. Israël avait espéré que les sanctions draconiennes  forceraient la population de Gaza à se révolter contre le Hamas et à le  remplacer par l’AP plus modérée qui, pense Israël, serait plus disposée à  faire des concessions en ce qui concerne les questions capitales du  statut final, telles que le statut de Jérusalem et le droit au retour  des millions de réfugiés palestiniens et de leurs descendants expulsés  de leurs maisons lors de la création d’Israël il y a 62 ans.
Le lundi 14 juin, un ministre de cabinet israélien a  admis que le siège de Gaza avait totalement échoué à déloger le Hamas ou  à inciter les masses gazaouies à se retourner contre le mouvement  islamiste.
Selon des sources palestiniennes, Obama a demandé à  Abbas d’accélérer le rythme des entretiens avec Israël et de passer dès  que possible aux pourparlers directs. Abbas a toutefois répondu à Obama  que le passage aux entretiens directs serait futile en l’absence d’un  accord solide sur la question des frontières et de la sécurité.
Israël refuse de se retirer aux frontières du 4 juin  1967, prétendant que la Cisjordanie est un territoire « contesté » et  non pas « occupé ». Israël refuse aussi de démanteler les colonies juives construites en  Cisjordanie, spécialement celles qui se trouvent à l’ouest du prétendu  « mur de séparation ». En outre, Israël refuse de céder Jérusalem-Est  qui selon lui fait partie de sa « capital éternelle et indivise ».
Entre-temps, le premier ministre israélien, qui devrait  se rendre à Washington à la fin du mois de juin ou au début de juillet, a  fait pression sur Washington pour qu’il incite Abbas à accepter des  entretiens bilatéraux directs avec Israël. Selon les officiels  palestiniens ces entretiens sont une ruse dont le but est  diluer tout  le processus de paix, de gagner du temps pour construire plus de  colonies juives et pour décourager l’administration Obama de faire  pression sur Israël.
Néanmoins, on présume largement qu’Abbas serait disposé à  passer aux entretiens directs, ne fût ce que pour prouver à Washington  que le problème ne réside pas dans la nature des entretiens - directs ou  indirects - mais bien plutôt dans le refus israélien de renoncer à son  butin de guerre de 1967.
L’échec du processus de médiation états-unien à obtenir  des progrès sensibles, affaiblit le leadership palestinien. La semaine  dernière, le leadership de l’AP a brusquement annulé les élections  municipales qui devaient avoir lieu à la mi-juillet. L’AP n’a pas  expliqué sa décision, mais beaucoup d’observateurs prétendent que  celle-ci est imputable au manque d’unité au sein du Fatah et à sa  crainte d’obtenir des résultats médiocres.
La position actuelle du Fatah contraste fortement avec  celle du Hamas dont la popularité a encore augmenté à la suite de  l’attaque israélienne sanglante contre la flottille de la liberté et des  appels croissants de la communauté internationale pour la levée du  siège de Gaza. La récente visite à Gaza du secrétaire général de la  Ligue arabe, Amr Moussa, a aussi boosté le Hamas, du moins sur le plan  psychologique.
Le Hamas espère que les efforts concertés visant à lever  le siège, et la reprise d’un mouvement vers une réconciliation avec le  Fatah, améliorera sa position de négociation par rapport à la branche  principale de l’Organisation de libération de la Palestine (OLP). Une  délégation de haut niveau, incluant des officiels de l’OLP, devrait se  rendre à Gaza dans les prochaines semaines afin de poursuivre les  entretiens avec les dirigeants du Hamas sur la réconciliation nationale.  Le Hamas a dit que la délégation est la bienvenue.
                Cet article peut être consulté ici : 
http://intifada-palestine.com/2010/...
Traduction : Anne-Marie Goossens
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