08/06/2010
BÉTHLÉEM - L'étau international se resserre sur Israël. Et le jeu  d'échec au Moyen-Orient continue après l'intervention armée des forces  spéciales israéliennes sur le Mavi-Marmarra. 
Les neuf militants turcs de la flottille  internationale tués le lundi 31 mai ont fortement ému les opinions publiques à travers le monde, et les meilleurs  soutiens d'Israël se sont vus contraints de questionner le mode  opératoire de sa politique sécuritaire.  
 La Turquie d'abord, qui sort indéniablement grandie après l'épisode de  la flottille. Rappelons-le, après la Révolution islamique iranienne en  1979, la Turquie était devenue le principal et seul allié d'Israël dans  la région. Ce statut est en train de changer. 
 La Turquie a rappelé son ambassadeur en Israël puis menacé de rompre les  relations diplomatiques, à moins qu'Israël n'accepte une commission  d'enquête internationale et indépendante sous l'égide de l'ONU sur le  raid israélien contre la flottille d'aide à Gaza, comme l'a déclaré  Ahmet Davutoglu, le ministre des Affaires Etrangères turques. Selon ses  propos, Tel-Aviv doit "donner le feu vert à la création de la  commission prévue par les Nations-Unies", auquel cas "les  relations (bilatérales) prendraient une autre direction". 
 Cette recommandation est à replacer dans le contexte de ces derniers  mois qui ont vu le rôle de la Turquie changer de dimension sur la scène  régionale et internationale. Tout en étant membre de l'OTAN et candidate  à l'adhésion à l'Union Européenne, Ankara s'est placé en médiateur pour  les négociations israélo-syriennes, entretient de bonnes relations avec  l'Iran de Mahmoud Ahmadinejad et s'émancipe de la tutelle américaine en  se posant avec Brasilia en médiateur sur le dossier nucléaire iranien.  Ainsi, la Turquie tente de mettre à profit sa position géographique et  stratégique de liant entre deux mondes.
Rejet israélien de l'enquête internationale
Rejet israélien de l'enquête internationale
 La France et la Grande-Bretagne ont suivi l'ONU et les États-Unis sur le  projet d'une "enquête crédible, impartiale, transparente",  insistant sur la nécessité qu'elle soit également "internationale".  Nicolas Sarkozy a "invité" le premier ministre israélien Benyamin  Netanyahu à l'accepter, précisant que la France est prête à y  participer. 
 Le secrétaire général des Nations Unies, Ban Ki-Moon, s'est entretenu  samedi avec M. Netanyahu sur ce projet de commission d'enquête. Elle  serait présidée par l'ancien premier ministre néo-zélandais Geoffrey  Palmer et composée de représentants d'Israël, de la Turquie et des  États-Unis. 
 Cependant dès dimanche soir, l'ambassadeur d'Israël aux États-Unis,  Micheal Oren, a affirmé que l'État hébreux rejetterait cette proposition  : "Israël est un Etat démocratique. Israël a la capacité et le  droit d'enquêter par lui-même, de n'être un objet d'enquête pour aucune  commission internationale". 
 B. Netanyahu a répondu à Ban Ki-Moon qu' "une enquête devait être  menée de façon responsable et objective", comme l'a rapporté le  quotidien Yedioth Aharonoth. "Je cherche d'autres solutions",  aurait-il ajouté. Devrait donc l'emporter l'option d'une enquête  nationale, comme celle conduite par le juge Winograd après la guerre  israélo-libanaise de 2006. 
 L'Iran monde au créneau  
 Selon le journal Haaretz, M. Netanyahu a également déclaré que des  discussions étaient déjà en cours à propos de l'assouplissement du  blocus mais a répété qu'Israël "ne permettrait pas la création d'un  'port iranien" à Gaza". 
 Dans le même temps, l'agence de presse officielle iranienne Irna affirme  que l'Iran va tenter d'envoyer par navires de l'aide à Gaza, navires  que les Gardiens de la révolution, fer de lance du régime islamique,  escorteraient. "Si le Guide Suprême nous en donne l'ordre, les  forces navales des Gardiens de la révolution feront tout ce qui est en  leur pouvoir pour protéger ces navires, a annoncé un responsable  des Pasdarans. Il est du devoir de l'Iran de défendre le peuple  innocent de la bande de Gaza". 
 Alors qu'Israël tente désespérément de garder les mains libres au  Proche-Orient, le théâtre palestinien sert de tremplin aux ambitions  régionales de deux acteurs, le Turc et l'Iranien.