Israël a       décidé de mener sa propre enquête sur l’arraisonnement de la       flottille de la Liberté. Une décision qui ne risque pas de       satisfaire les protagonistes qui réclamaient une enquête       internationale.
Sous       forte pression internationale, Israël a annoncé, dimanche       dernier, la création d’une « commission publique       indépendante », avec la participation de deux observateurs       étrangers, pour enquêter sur l’affrontement meurtrier       israélien de la flottille de la Liberté. Une décision       insuffisante pour les Palestiniens et une partie de la       communauté internationale. Cette commission aura pour       mission d’« enquêter sur les aspects relatifs à l’action       entreprise par l’Etat d’Israël pour empêcher des navires       d’atteindre la côte de Gaza », selon un communiqué du bureau       du premier ministre Benyamin Netanyahu. En plus, cette       commission publique, qui pourra auditionner n’importe quelle       personne ou organisation, se penchera sur « les raisons       sécuritaires à l’origine de l’imposition du blocus maritime       de Gaza et la conformité de ce dernier au droit       international », explique le communiqué. Elle sera dirigée       par un juge en retraite de la Cour Suprême israélienne,       Yaakov Tirkel. Les deux observateurs étrangers sont l’ancien       prix Nobel de la paix nord-irlandais David Trimble, ancien       chef du Parti unioniste d’Ulster, et un ex-avocat général de       l’armée canadienne, Ken Watkin. « Etant donné les aspects       internationaux uniques de l’incident, il a été décidé de       nommer deux observateurs étrangers de stature internationale       dans les domaines du droit militaire et des droits de       l’homme », stipule le communiqué.      
      Autant       de précisions qui prouvent qu’il ne faut pas s’attendre à       grand-chose de cette commission, loin d’être neutre. En       effet, Israël a catégoriquement rejeté le principe d’une       mission d’enquête internationale. Attendue depuis plusieurs       jours, la décision annoncée survient après des négociations       apparemment ardues avec l’administration des Etats-Unis. Ce       sont, en effet, les Etats-Unis, éternels alliés d’Israël       qui, semble-t-il, n’ont pas insisté pour que la commission       d’enquête soit internationale. Washington s’est contenté de       favoriser une présence internationale au sein de la       commission, présence qui conforterait la crédibilité de       l’enquête. « Nous espérons fortement, et nous pensons que       c’est ce que nous sommes en droit d’attendre, que ce sera       une procédure qui sera considérée à la fin comme crédible et       impartiale », a toutefois plaidé l’ambassadeur des       Etats-Unis à l’Onu, Susan Rice. « Bien qu’Israël doive se       voir accorder le temps d’achever le processus, nous nous       attendons à ce que les investigations de la commission et de       l’armée israéliennes soient menées à bien rapidement », a       également affirmé le porte-parole de la Maison Blanche,       Robert Gibbs. « Nous nous attendons aussi à ce qu’après leur       achèvement, leurs conclusions soient présentées publiquement       et soient présentées à la communauté internationale »,       ajoute la Maison Blanche.
      Moussa,       pour une levée du blocus
      Outre       les pressions pour mener une enquête, la communauté       internationale fait aussi pression pour une levée du blocus       contre Gaza, jugé « inacceptable » et « contre-productif »       par l’Union européenne. Sur place, c’est le secrétaire       général de la Ligue arabe, Amr Moussa, qui a plaidé pour la       levée du blocus imposé par Israël depuis quatre ans, lors de       sa visite dimanche dernier à Gaza. « Il faut briser ce       blocus », a plaidé M. Moussa, après avoir traversé la       frontière entre l’Egypte et le territoire palestinien. « Non       seulement les Arabes, mais le monde entier doit soutenir le       peuple palestinien contre le blocus de Gaza et face à ce qui       se passe dans les territoires occupés, en particulier à       Jérusalem-Est (annexée) », a affirmé le haut diplomate       égyptien. C’est la première fois qu’un chef de la Ligue       arabe se rend dans la bande de Gaza, au moment où la       communauté internationale fait pression sur Israël pour       alléger le blocus qui frappe 1,5 million de Gazaouis, dont       la plupart dépend de l’aide étrangère. M. Moussa a été       accueilli par les dirigeants du mouvement islamiste Hamas,       qui a pris le contrôle de Gaza en juin 2007, ainsi que par       des représentants d’autres factions palestiniennes. En       première réaction de cette visite, le Hamas est satisfait de       ce pas officiel arabe vers la levée du blocus. « Nous       espérons que cette visite produira des résultats concrets »,       a dit le premier ministre du Hamas, Ismaïl Haniyeh, après un       entretien avec M. Moussa. Ce dernier a découvert des zones       dévastées par l’offensive de l’armée israélienne il y a 18       mois qui a endommagé ou détruit des milliers d’habitations.       Plus de 1 400 Palestiniens et 13 Israéliens avaient été tués.      
      Après       une rencontre avec les leaders des principaux mouvements       palestiniens, Amr Moussa a insisté sur la réconciliation       interpalestinienne. « La réconciliation (entre factions       palestiniennes) est fondamentale, c’est une question de       volonté et pas simplement de signature », a estimé M. Moussa.       « Il s’agit d’une décision politique. C’est une position qui       doit se traduire par un accord sur toutes les questions.       L’Histoire ne s’arrête pas à une phrase là ou à un       paragraphe ici », a-t-il souligné. Le Hamas et le Fatah du       président palestinien Mahmoud Abbass sont à couteaux tirés       depuis que le mouvement islamiste a délogé les forces       loyales à M. Abbass de Gaza il y a trois ans. Négocié depuis       des mois sous l’égide de l’Egypte, l’accord de       réconciliation a été reporté à trois reprises en raison de       profondes divergences. Le Hamas refuse de signer le document       paraphé par Le Caire et le Fatah.
Maha       Salem