publié le              dimanche 23 mai 2010            
Stéphane Bussard
Stéphane Bussard
Un échec de la Conférence de suivi du TNP,  qui s’achève le 28 mai prochain au siège des Nations unies, n’est pas  exclu
Le sort de la Conférence de  suivi du Traité de non-prolifération nucléaire (TNP) pourrait tenir à  deux pays : l’Egypte et les Etats-Unis. Réunis à l’ONU à New York depuis  début mai, près de 150 Etats sur les 189 qui ont ratifié le TNP, vont  entamer leur dernière semaine de négociations pour tenter de s’entendre  sur une déclaration finale censée renforcer le traité et par là le  régime de non-prolifération nucléaire. Des messages contradictoires se  dégagent de New York, certains annonçant déjà l’échec de la conférence,  d’autres laissant entendre que les derniers jours de pourparlers seront  décisifs.
Moyen-Orient dénucléarisé ?
Le contexte international n’a pas facilité les travaux à  New York. Lundi, le Brésil et la Turquie, deux membres non permanents  du Conseil de sécurité, concluaient un accord avec l’Iran pour un  transfert d’uranium en Turquie contre du combustible enrichi. Mardi, la  secrétaire d’Etat américaine, Hillary Clinton, déclarait qu’un accord  avait été trouvé au sein des cinq membres permanents du Conseil de  sécurité pour imposer un quatrième train de sanctions à l’Iran. Enfin  une enquête internationale vient de révéler que la Corée du Nord, qu’on  soupçonne de fabriquer la bombe, aurait torpillé une corvette  sud-coréenne en mer Jaune.
Les nouvelles sanctions ont hérissé plusieurs pays non  alignés qui « poussent à considérer l’accord turco-brésilien avec l’Iran  comme un bon accord », relève un expert de la non-prolifération qui  souhaite garder l’anonymat. Ils aimeraient le faire figurer dans la  déclaration finale dont un projet circule, prévoyant un plan d’action en  26 points.
De fait, le dossier qui pourrait faire capoter la  conférence est la question de la création d’une zone exempte d’armes  nucléaires au Moyen-Orient. En 2005, l’Egypte, qui juge la création  d’une telle zone indispensable avait précipité l’échec de la conférence  de révision du TNP qui se tient tous les cinq ans. Les Etats-Unis ont  intérêt à ne pas rejeter d’un revers de main la proposition égyptienne.  Washington a besoin du Caire et des autres capitales arabes pour contrer  les ambitions nucléaires iraniennes. L’Egypte n’entend pas non plus  apparaître à nouveau comme un rabat-joie. Fait nouveau : ces dernières  semaines, la presse israélienne a ouvert le débat sur la posture  nucléaire du pays alors qu’Israël est toujours resté muet sur son  arsenal nucléaire non déclaré. « Un changement est dans l’air »,  souligne-t-on alors que Tel-Aviv semble apparemment inflexible sur la  question.
L’Egypte a dès lors proposé d’organiser en 2011 déjà une  conférence sur l’éradication des armes nucléaires du Moyen-Orient avec  la participation de tous les Etats de la région. Les Etats-Unis  proposent de la convoquer pour 2013, mais précisent qu’une interdiction  de l’arme nucléaire incluant Israël serait impossible sans que la paix  règne sur le Moyen-Orient.
Echecs successifs
Qu’est-ce qui fera de la conférence de New York un  succès ou un échec ? Pour Keith Krause, professeur à l’Institut de  hautes études internationales à Genève, « une feuille de route indiquant  comment maintenir et renforcer le régime de non-prolifération ces  prochaines années serait un succès. Rappelons que quatre conférences de  suivi ont été des échecs. Un échec en soi ne serait pas une surprise. »  Un engagement des puissances nucléaires à aller plus loin dans le  désarmement serait aussi un pas positif, comme l’acceptation, par les  Etats non nucléaires, d’agir en toute transparence en coopération  étroite avec l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA).
publié par le Temps