Nathan Guttman - JDF
          C’était une plume dans le chapeau des militants pro-boycott,  mais pour les Israéliens, ce fut un revers majeur.         
Parmi d’autres, Gil Scott-Heron a rejoint le  mouvement des artistes pour le boycott
Avec des lignes de front passant par salles de concerts  et stades accueillant des groupes de rock, la décision de la méga-star  Elvis Costello d’annuler ses concerts prévus en Israël est vue comme un  changement de partie.
Dans une déclaration mise sur son site, Costello a  décrit sa décision comme une « question d’instinct et de conscience ».  Le Ministre de la culture Limor Livnat a répondu en disant que Costello  « n’est pas digne » de jouer en Israël.
Le mouvement pour un boycott culturel d’Israël a  augmenté ses activités ces dernières années, ciblant stratégiquement des  artistes prévus pour s’y produire. Jusqu’à peu, la campagne a eu un  succès limité. Elle n’a pu empêcher Paul Mc Cartney et Leonard Cohen de  donner des concerts en Israël, mais a été fière des réponses positives  de plusieurs auteurs et poètes.
Bien d’autres stars, comme Madonna, sont restées de  marbre devant la campagne de boycott culturel, jouant avec succès en  Israël jusqu’à récemment.
Mais l’action de Costello est le premier ralliement au  mouvement de boycott par un artiste de 1ere classe en protestation à la  politique d’Israël en Cisjordanie et à son siège de Gaza. Dans une  déclaration détaillée, l’artiste a argumenté qu’il ne pouvait pas se  produire en Israël parce qu’en y allant « on pourrait considérer qu’on  ne se soucie pas de la souffrance de l’innocent .
« On vit dans l’espoir que la musique est plus qu’un  simple bruit, remplissant le temps vide, que ce soit pour réjouir ou  pleurer », écrit Costello dans sa déclaration.
Il a suggéré que sa décision avait été complexe et  difficile. « Je dois croire que l’audience des concerts à venir aurait  compris bien des gens qui s’interrogent sur la politique de leur  gouvernement dans les colonies et qui déplorent les conditions qui  causent intimidation, humiliation et bien pire aux civils Palestiniens  au nom de la sécurité nationale », écrit-il. « Je suis aussi très  conscient de la sensibilité sur ces thèmes à la suite de tant d’actes  méprisables de violence perpétrés au nom de la libération .
« J’offre des sincères excuses pour toute déception des  détenteurs de billets ainsi qu’aux organisateurs ».
En réaction, un initié de l’industrie musicale a  confirmé que les vents pouvaient bien tourner. Le producteur musical,  qui a demandé l’anonymat en raison de ses liens d’affaire avec les  artistes, a dit que ces mois derniers il avait contacté plus de 15  artistes en activité avec des propositions pour donner des concerts en  Israël. Aucun n’avait accepté. Les contrats offraient des cachets  élevés. Il les a appelé « des chiffres extrêmement gros qui pouvaient  comparer avec n’importe quel autre concert de rock ».
Une autre campagne de boycott réussie a été dirigée vers  le poète et chanteur Gil Scott-Heron. Peu après avoir annoncé son plan  de jouer à Tel Aviv le 25 mai, Scott-Heron, dont l’activisme politique  est connu, a été harcelé par les supporters du mouvement de boycott, qui  l’ont appelé à annuler sa visite. Le concert de Scott-Heron du 24 avril  à Londres a été interrompu par des protestataires pro-palestiniens et à  la fin du show, il a annoncé son annulation de la tournée à Tel-Aviv.
Une lettre envoyée à Scott-Heron par plus de 50 groupes  et artistes pro-boycott a félicité la décision comme morale. « Vous avez  choisi de vous tenir du bon côté de l’Histoire », dit la lettre.
Les vues progressistes de Scott-Heron et ses positions  politiques publiques ont fait de lui une cible prioritaire du mouvement  de boycott. Les organisateurs ont expliqué qu’ils avaient focalisé sur  des artistes dont ils croyaient qu’ils pouvaient être ouverts à l’idée  de boycotter culturellement Israël. « Bien sûr, nous ne pouvons pas  viser tout le monde, alors nous distinguons ceux dont nous pensons  qu’ils seront plus réceptifs et ouverts sur la question », dit Hannah  Mermelstein, une porte parole d’Adalah-New York, la campagne de New York  pour le boycott d’Israël.
Mais les groupes s’adressent aussi à des artistes dont  les concerts en Israël sont prévus pour des ventes de dizaines de  milliers de billets.
Actuellement, l’accent est sur Elton John, qui est prévu  pour un concert à Tel Aviv le 17 juin. Un clip  [http://www.youtube.com/watch ?v=9HSClZbhB5g, ndt] qui circule sur le  Web montre une séquence du hit d’Elton John de 1976 « Sorry Seems to Be  the Hardest Word ». La parodie remplace les paroles originelles de la  chanson par un appel à annuler le show prévu « Always seems to me that  boycott seems to be the hardest word » [Il me semble toujours que  boycott semble être le mot le plus dur].
D’autres artistes à haut profil visés sont Bob Dylan,  qui prévoit un concert en Israël fin mai, et Joan Armatrading, engagée  pour deux shows la première semaine de juin. La chanson critique Elton  John pour avoir joué en Afrique du Sud à l’époque de l’apartheid et dit  que le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahou utilise le  tourisme gay en Israël dans le cadre de la campagne de réhabilitation du  pays. Le clip appelle John à ne pas permettre à « Bibi de vous utiliser  comme son Band-Aid gay ». [Band-Aid : marque de pansement adhésif très  utilisé aux USA, ndt].
Mais dans la bataille de l’opinion publique, bien  d’autres noms ont été jetés dans le débat. Ils incluent des artistes qui  ont planifié des concerts en Israël ou indiqué leur souhait d’y aller,  mais qui se sont retirés ensuite sans donner les raisons de leurs  décisions.
C’est le cas du légendaire guitariste Carlos Santana,  qui avait prévu un arrêt en Israël dans le cadre d’une tournée en Europe  et au Moyen-Orient. Des milliers de billets pour le concert prévu pour  avoir lieu dans un grand stade de foot de Jaffa avaient déjà été vendus  avant que Santana et son groupe n’annoncent que le concert était annulé  en raison de « conflits de programmation imprévus ». Le quotidien  israélien Yediot Aharonot cita des sources anonymes de la société de  production israélienne disant que Santana avait été sous « la pression  de personnalités anti-israéliennes » pour annuler la visite.
Une autre absence a été le rappeur Snoop Sogg, qui s’est  retiré d’une performance prévue en Israël a cause de « difficultés  contractuelles ». Dans ce cas il n’est pas clair si la décision fut une  réponse à la pression à boycotter Israël ou à une vente lente de  billets.
Les militants du Boycott, Désinvestissements et  Sanctions, cependant, ont inclus ces artistes dans une liste de  musiciens qui ont refusé de se produire en Israël, laissant entendre que  leur décision d’annuler était mue par des considérations politiques.
Mermelstein, la porte parole d’Adalah, a dit que même  quand des artistes citent officiellement des raisons logistiques à leur  annulation, ce pourrait être un signe qu’ils répondent aux appels au  boycott. « La plupart des artistes célèbres ne font pas encore de  déclaration publique en soutien au BDS, mais le mouvement commence à  être pris en compte, et les artistes y pensent à deux fois avant d’y  jouer », dit-elle.
Certains artistes ont déclaré clairement leur soutien au  boycott d’Israël et ont déclaré leur refus d’apparaître en Israël. Ce  sont plutôt des poètes, des auteurs et des érudits que des artistes sur  scène. L’écrivain indienne Arundhati Roy, l’écrivain britannique John  Berger, la poétesse Adrienne Rich, le réalisateur Ken Loach, and  l’auteur et militante Naomi Klein sont parmi eux.
Les militants BDS des Etats-Unis soulignent qu’en  appelant les artistes à boycotter Israël, ils suivent les demandes des  Palestiniens sur le terrain qui croient que c’est un moyen efficace de  faire pression sur Israël. Ofer Neiman, un militant de Jérusalem, dit  que le but est de montrer que l’occupation « a une étiquette de prix  attachée ». Il rejette la notion qu’avoir des artistes connus venant en  Israël pour y exprimer leur désaccord avec la politique du gouvernement  serait plus efficace que le boycott. « Combien de gens ont pris les  déclarations anti-occupation de Roger Waters [musicien de rock] à cœur  quand il est venu jouer ici en 2006 ? Ce dont se souviennent surtout les  gens c’est qu’il est venu jouer ici », dit Neiman.
Malgré les récents succès du mouvement de boycott, les  Israéliens sont toujours face à un agenda chargé de concerts et de  performances cet été : Elton John, Rod Stewart, Rihanna et les Pixies  sont parmi ceux confirmés pour jouer en Israël. Aussi en préparation il y  a le plan d’accueillir le rassemblement annuel de MTV, une des  productions majeures des chaines musicales, à Tel Aviv.
19 mai 2010 - The Jewish daily Forward - Vous pouvez consulter cet  article à : 
http://www.forward.com/articles/128185/
Traduction : Jean-Pierre Bouché
http://www.forward.com/articles/128185/
Traduction : Jean-Pierre Bouché