Harcèlement constant des colons  et police de l’Autorité Palestienne : de nouvelles formes de violence à  l’encontre des Palestiniens de Cisjordanie. Une vie intenable, témoigne  MSF
Territoires  palestiniens - Naplouse : une nouvelle forme de violenceAprès la seconde Intifada de septembre 2000, Naplouse,  l’une des villes les plus peuplées de Cisjordanie, s’est retrouvée  isolée, enfermée sur elle-même. Aujourd’hui, une nouvelle forme de  tension s’exerce : la cohabitation forcée avec des colonies israéliennes  - de plus en plus nombreuses et de plus en plus proches. Un problème  qui s’est récemment intensifié et qui occasionne de nouvelles  souffrances psychologiques auxquelles MSF répond.
Naplouse - Juillet 2009 : carcasse de taxi palestinien à  quelques pas du mur d’enceinte d’une colonie israélienne.
Il ya quelques années, de nombreux barrages militaires  entouraient la ville de Naplouse, empêchant ses habitants de circuler  librement. Depuis la mi-2009, des droits d’entrée et de sortie plus  fluides aux barrages militaires ont permis aux Palestiniens de circuler  plus librement ; grandes villes, villages et centres économiques sont  désormais plus accessibles, ce qui facilite le commerce et la  consommation.
Désormais, c’est à l’Autorité Palestinienne (AP)  d’assurer le maintien de l’ordre, un rôle tenu auparavant par l’armée  israélienne. Ce sont les nouvelles forces de sécurité de l’AP qui se  chargent d’arrêter et d’interroger la plupart des personnes suspectées  de mener des activités contre Israël ou contre le parti palestinien au  pouvoir en Cisjordanie.
Mais une nouvelle forme de tension s’exerce  et  s’intensifie : la cohabitation forcée avec des colonies israéliennes -  de plus en plus nombreuses et de plus en plus proches - source de  nouvelles souffrances psychologiques.
La violence change de visage. S’il y a aujourd’hui, à  Naplouse, moins d’incursions de l’armée israélienne (dans les localités  et camps palestiniens de la zone) et moins de morts liés au conflit  israélo-palestinien, les tensions n’ont pas pour autant disparu.
En effet, les colonies continuent, elles, une expansion,  justifiée par leur « croissance naturelle ». On compterait 300 000  colons au total en Cisjordanie, dont une dizaine de colonies rien que  sur la zone de Naplouse. Protégés par l’armée israélienne, les plus  radicaux des colons intensifient leur harcèlement sur les habitants de  la ville et des villages alentours. Agissant en toute impunité, ils  imposent la violence comme étant le « prix à payer », par les  Palestiniens, pour toute décision du gouvernement israélien qui tendrait  à ralentir le développement des colonies en Cisjordanie.
De nouvelles souffrances psychologiques émergent. Depuis  quelques mois, au cours de leurs consultations, nos équipes constatent  que la souffrance psychologique de certains de nos patients a une  nouvelle origine. Ces derniers, essentiellement des femmes et des  enfants, vivent à proximité de colonies fortement idéologisées,  souffrent de troubles psychologiques graves liés aux exactions répétées  des colons (intimidations, jets de pierres, tirs sur les maisons,  destructions des champs et plantations, incendies des mosquées etc.)
A Hébron
A Hébron, la section espagnole de MSF vient également en  aide aux victimes de harcèlement par les colons. Un phénomène qui n’est  pas récent : depuis 1967, un nombre important de colonies se sont en  effet établies au cœur de la ville (dans une zone connue sous le nom de  « H2 » où 800 colons israéliens vivent parmi 40 000 Palestiniens et où  le maintien de l’ordre dépend de l’armée israélienne). De nouvelles  habitations ont été construites, au détriment des Palestiniens, obligés  de quitter leurs maisons. Une situation qui vaut aussi pour d’autres  zones plus rurales du district.
Harcelés par les colons et par les soldats israéliens,  nos patients en subissent les conséquences psychologiques. A l’image de  M, de F et de leurs trois enfants. En 2008 et 2009, MSF leur a apporté  une assistance psychologique, médicale et sociale étalée sur plusieurs  mois. En mars 2008, ils ont été expulsés par l’armée israélienne ;  jusqu’à ce qu’une décision de justice les autorise à revenir chez eux.  Depuis, ils subissent le harcèlement constant de la part des colons  vivant dans les immeubles adjacents.
Isabelle Merny / MSF
Article intégral sur http://www.msf.fr/2010/04/06/1685/territoires-palestiniens-naplouse-une-nouvelle-forme-de-violence/
CAPJPO-EuroPalestine