Le Quartette, qui se réunit aujourd’hui (vendredi 20/03) à Moscou a  été créé en 2002, à l’initiative du gouvernement espagnol, pour  coordonner les efforts internationaux face à l’escalade du conflit au  Proche-Orient. Il comprend les Etats-Unis, les Nations Unies, l’Union  européenne, et la Russie, qui seront représentés à Moscou par la  secrétaire d’Etat américaine Hillary Clinton, le secrétaire général des  Nations Unies, Ban Ki-moon, le haut-représentant de l’Union européenne  pour les Affaires étrangères, Catherine Ashton et le ministre russe des  affaires étrangères Serguei Lavrov.
Depuis avril 2003, le Quartette est chargé de  veiller à l’application d’un document présenté par les Etats-Unis et  destiné à acheminer la région à la paix en trois ans par phases  successives. Baptisé Feuille de route, par ses promoteurs américains, ce  plan comporte selon son préambule « des étapes claires, un calendrier,  des dates limites et des critères destinés à encourager les progrès par  des mesures réciproques des deux parties dans les domaines politique,  sécuritaire, économique, humanitaire et de création des institutions ».  Officiellement endossé par les nations Unies, le 19 novembre 2003, sous  la forme de la résolution 1515 du Conseil de sécurité, ce plan, qui se  fondait sur les travaux de la Conférence de Madrid de 1991, sur les  résolutions 242, 338 et 1397 du Conseil de sécurité, sur les accords  conclus antérieurement par les parties et sur l’initiative arabe de  Beyrouth de mars 2002,  prévoyait à l’origine de déboucher sur un  « règlement final complet du conflit israélo-palestinien en 2005 ».
 La paix en trois étapes
Acceptée par l’Autorité palestinienne, la Feuille  de route avait été adoptée par le gouvernement israélien en mai 2003,  par 12 voix contre 7 mais avec 14 « réserves » qui ne figurent ni dans  le texte officiel du Quartette ni dans celui qui a été endossé par les  Nations Unies. La plupart portaient sur des questions de sécurité. La  partie israélienne formulait également certaines revendications que  l’administration Netanyahou considère aujourd’hui comme des conditions  nécessaires à la tenue d’une négociation.
Il était ainsi demandé que soit reconnu  explicitement le droit d’Israël à exister en tant qu’Etat juif, que  l’Etat palestinien soit démilitarisé, qu’Israël ait le contrôle sur les  entrées et sorties de personnes et de marchandises ainsi que sur  l’espace aérien et le spectre électromagnétique.
Le calendrier, comme on le  sait n’a pas été respecté, il comportait trois phases.
La phase I, qui devait durer  quelques mois, prévoit de « mettre fin au terrorisme et à la violence,  normaliser la vie des palestiniens et mettre en place les institutions  palestiniennes ». Pendant cette phase initiale il était notamment  demandé aux Palestiniens de « déclarer clairement la cessation des actes  de violence et de terrorisme et d’entreprendre des efforts visibles   sur le terrain en vue d’entraver et d’empêcher l’action des individus et  des groupes qui préparent et lancent des attaques contre des Israéliens  en quelque lieu que ce soit ».
Israël, de son côté, devait « démanteler  immédiatement toutes les colonies  érigées depuis 2001, geler toutes ses  activités quant à la création de colonies de peuplement, même lorsqu’il  s’agit de l’expansion naturelle des colonies » et ne « prendre aucune  mesure susceptible de saper la confiance notamment les expulsions, les  attaques dirigées contre les civils, la saisie ou la destruction  d’habitations et de biens palestiniens en tant que mesure punitive ou  mesure destinée à faciliter la construction de bâtiments israéliens, la  destruction d’institutions et de l’infrastructure palestiniennes [...].
La phase II organisait une  période de transition de six  mois (juin 2003- décembre 2003) pendant  laquelle les efforts étaient concentrés sur la création d’un Etat  palestinien indépendant aux frontières provisoires, doté des attributs  de la souveraineté et fondé sur la nouvelle constitution. La phase II  devait s’achever par la mise sur pied d’une conférence internationale,  convoquée par le Quartette, avec pour objet de soutenir  la relance  économique palestinienne et de mettre en œuvre le processus conduisant  à  la création d’un Etat palestinien indépendant.
La phase III, qui devait  s’étaler sur 2004 et 2005, devait comprendre une deuxième conférence  internationale convoquée par le Quartette, destinée à avaliser l’accord  initial et à préparer la résolution portant sur le statut final où  seraient réglées les questions des frontières, de Jerusalem, des  réfugiés et des colonies. La conférence devait aussi « déboucher le plus  rapidement possible sur un accord général au Proche-Orient entre  Israël, le Liban et la Syrie.
« Dans le contexte d’un accord de paix général  entre Israël et la Palestine, les pays arabes acceptent le principe de  la normalisation de leurs relations avec Israël et de la sécurité pour  tous les Etats de la région » concluait la Feuille de route.
Un nouveau rôle pour le  Quartette ?
Avec le recul on mesure la dimension utopique de ce  plan de paix mis a mal par le développement du terrorisme islamiste, la  poursuite et l’intensification de la colonisation, la construction du  mur de séparation, la victoire électorale du Hamas aux législatives de  janvier 2006, l’affrontement entre le Hamas et le Fatah, la séparation  entre la bande de Gaza et la Cisjordanie, puis la victoire de Benjamin  Netanyahou à la tête d’une coalition dominée par les colons et les  extrêmistes de droite, religieux ou non.
On mesure aussi l’efficacité discutable du  Quartette, capable d’initiatives utiles notamment en matière de  développement économique ou de sécurité, mais dépourvu de conviction  commune claire et de capacité d’action autant que de moyens de  pressions. L’une des questions qui se posent aujourd’hui est de savoir  s’il est enfin en mesure d’assumer, avec retard ses responsabilités et  si la Feuille de route peut être recyclée pour servir de cadre à une  nouvelle négociation. Où si l’heure est venue de tourner cette page et  de mettre en œuvre une autre stratégie. Une stratégie qui pourrait  reposer, comme le proposent déjà de nombreuses voix, chez les  Palestiniens et à l’étranger, sur la proclamation et la reconnaissance  internationale d’un Etat palestinien dans des frontières provisoires.
publié sur le blog du NouvelObs