Hmida Ben Romdhane
Il semble que les Israéliens se sont  finalement rendus compte que leur image s’est beaucoup ternie, que cela  ne peut plus durer et qu’il est temps d’agir en lançant une grande  opération de relations publiques dans le monde.
Les concepteurs de cette  campagne sont loin d’être à court d’idées. Des idées pour redorer le  blason du pays, ils en ont à revendre. Et tout d’abord, tout Israélien  en voyage d’affaires à l’étranger ou pour faire du tourisme doit se  transformer en diplomate pour promouvoir l’image de son pays avec les  interlocuteurs étranger qui ont « une fausse idée » d’Israël.
La « fausse idée » est qu’Israël est un pays qui aime  faire la guerre alors que la réalité qui crève les yeux est qu’il est un  « pays pacifique », il a donné à l’humanité « les tomates-cerises », il  a « remporté le prix de la meilleure chanson au concours de  l’eurovision de 1998 » et il aime tout le monde, même si tout le monde  le déteste. Voici l’image que les hommes d’affaires-diplomates et les  touristes-diplomates titulaires du passeport israélien sont appelés de  toute urgence à faire circuler dans le monde.
Certains pourraient être tentés par un ouf de  soulagement à l’idée que les Israéliens se sont enfin rendus compte que  l’image de leur pays est gravement ternie et que, nonobstant le  caractère risible de leur campagne de relations publiques, ils ont tout  de même pris l’initiative de tenter de gagner la sympathie du monde.
Mais quelle est la raison qui, pour les Israéliens,  explique le ternissement de la réputation de leur pays ? Leur politique  de répression des Palestiniens et d’occupation de leurs terres ? La  colonisation incessante ? Leur mépris du droit international ? Leurs  guerres contre des peuples plus faibles ou désarmés ? Non, pour les  Israéliens, aucune de ces raisons ne peut être derrière la mauvaise  réputation de leur pays. Sans doute ont-ils vaguement entendu parler de  ces raisons, mais elles n’expliquent rien du tout, puisqu’elles relèvent  des calomnies dont sont coutumiers les ennemis d’Israël.
La vraie raison qui explique l’image négative dont  souffre Israël est ailleurs. Les brillants stratèges israéliens des  relations publiques expliquent à qui veut bien entendre que cette vraie  raison se trouve dans la perception, apparemment universelle,  qu’« Israël est un pays arriéré ». Pour mieux comprendre, il faut voir  le spot publicitaire que se relaient les différentes chaînes de  télévision israéliennes. Un personnage guide un chameau en plein désert  en le tirant par la bride. Le spot nous informe que « le chameau est  l’animal israélien typique qui sert à transporter eau, marchandise et  munition » à travers le désert du Néguev. Une voix off s’adresse en  hébreu aux téléspectateurs : « Malades d’être vus ainsi dans le monde ?  Changez l’image ! »
En psychologie, cela s’appelle une ruse de l’esprit.  C’est-à-dire que quand on refuse une situation, ou quand on est montré  du doigt suite à un comportement répréhensible, on tente de se disculper  en rejetant la responsabilité sur les autres qui, du moment où ils nous  en veulent, ont forcément de faux jugements ou des idées préconçues sur  nous et sur nos comportements. Israël souffre précisément de cet état  pathologique et son « esprit » n’hésite pas à inventer les raisons les  plus débiles pour tenter de camoufler la réalité politique hideuse du  pays.
Mais, comme par un fait exprès, plus Israël s’efforce de  camoufler sa réalité politique hideuse, plus cette réalité est étalée  au grand jour sur la scène planétaire. Car, Israël a un peu le réflexe  du scorpion qui, à force d’utiliser son dard venimeux contre tout ce qui  bouge, n’avait pu s’empêcher de piquer la tortue qui l’aidait à  traverser la rivière et avait sombré avec elle. A force de tirer sur  ceux qu’il considère comme ses ennemis, Israël a fini par se tirer dans  les pattes. C’est ce réflexe de scorpion qui a poussé les responsables  israéliens à envoyer à l’étranger, au lieu des « touristes-diplomates »  censés redorer son blason, des touristes-tueurs qui ont donné le coup de  grâce à la réputation chancelante du pays.
L’affaire de l’assassinat d’un responsable du Hamas à  Dubaï par les touristes-tueurs a mis Israël dans le pétrin. Mais elle a  aussi mis à nu l’incroyable inhumanité de ce que l’on nomme communément  la communauté internationale. Il y a eu mort d’homme à Dubaï. Ce qui est  incroyable est que ce crime n’a été évoqué par aucun des vociférateurs  européens, émus seulement par le délit de falsification des passeports  des tueurs. La Grande- Bretagne, la France, l’Allemagne et l’Irlande ont  réagi vivement non pas parce que, avant tout, un homme a été tué, mais  parce que leurs passeports ont été utilisés par les tueurs. Israël est  pris à partie dans ces pays, non pas parce que, comme d’habitude, il tue  impunément qui il veut, mais parce que le Mossad a falsifié quelques  documents de voyage. Certes des responsables européens ont « condamné  sans appel » hier le crime de Dubaï, mais n’ont pas expliqué pourquoi  cette condamnation intervient avec plusieurs semaines de retard. Il est  vrai que le mort est un Arabe et les tueurs-falsificateurs sont des  Israéliens. Le contraire aurait mis le monde sens dessus-dessous.
publié par la Presse de Tunisie