BEIT LAHIYA, Bande de Gaza – Habiter et travailler près de la frontière avec Israël signifie vivre sous la menace permanente des agressions des forces Israéliennes.
- Septembre 2014 - Une femme palestinienne est assise dans sa maison détruite dans un raid aérien israélien au cours de sept semaines de l’agression israélienne de cet été dans l’est de Khan Younis dans le sud de la bande de Gaza - Photo : APA/Abed Rahim Khatib
Muslimi, qui possède plus de 40 dounams (10 acres) plantés en fruits et légumes, a confié à Al-Monitor que les agriculteurs qui sont dans toute la zone agricole limitrophe à la frontière assistent presque quotidiennement aux tirs Israéliens.
« Depuis la fin de la guerre Israélienne contre Gaza et la signature d’un accord de trêve, nous n’avons senti aucune forme de sécurité dans notre territoire. Chaque fois que nous sommes là, nous avons comme l’impression d’attendre une mort causée à n’importe quel moment par une balle ou un obus Israélien. Ce dernier nous tire dessus dans le but de nous faire peur pour nous pousser à quitter notre territoire et à vider ces régions de tout Palestinien, » raconte Muslimi.
Le 24 novembre dernier, Israël a fermé ses postes frontaliers avec Gaza afin d’empêcher l’exportation des légumes produits dans la Bande vers la Cisjordanie et quelques pays Arabes. Cette mesure est une violation manifeste de l’accord de trêve signé entre les factions palestiniennes et Israël sous les auspices de l’Égypte. Ouvrir les passages et donner les garanties pour la levée du blocus sur Gaza était l’un des points les plus essentiels du cessez-le-feu.
Le directeur général de marketing et des passages au Ministère de l’Agriculture de Gaza, Tahseen al-Sakka, a déclaré àAl-Monitor que l’occupation Israélienne n’a pas respecté son engagement quant à l’ouverture des passages pour l’exportation. Israël s’est conformé à l’accord durant trois semaines seulement.
Al-Sakka souligne : « Depuis le début des exportations à travers les passages israéliens jusqu’à l’entrée en vigueur de l’interdiction, nous avions exporté environ 250 tonnes de divers légumes. Toutefois, nous avons été surpris lorsqu’en date du 17 novembre, Israël a empêché les agriculteurs d’exporter leurs légumes en refusant le passage à des dizaines de camions supposés acheminer la marchandise jusqu’en Cisjordanie et un nombre de pays Arabes en prétextant qu’elle était dangereuse et non conforme aux spécifications. En conséquent, les agriculteurs ont subi de lourdes pertes. »
Et ce n’est pas tout. Israël s’attaque aussi aux pêcheurs palestiniens en leur interdisant l’accès jusqu’aux six miles nautiques au large de Gaza convenus dans l’accord de trêve. Résultat, les pêcheurs sont soit attaqués à coup de balles, soit arrêtés au large, soit témoins de la destruction de leurs bateaux.
Rashad Farhat est un pêcheur originaire de la ville de Rafah. Il s’est plaint de la fréquence des attaques maritimes Israéliennes à l’intérieur d’une zone aussi réduite et qui elle-même fait partie des 20 miles nautiques consentis dans les Accords d’Oslo de 1993. Farhat accuse Israël de violer leurs droits.
Il a confié à Al-Monitor : « Aucun des pêcheurs n’a franchi les six miles, mais le navire de guerre Israélien, la Corvette, est toujours là à nous hanter, à nous tirer dessus, à nous faire peur et à nous obliger à reculer jusqu’à la plage. Ces derniers deux à trois mois ont enregistré un nombre élevé des opérations de destruction des bateaux, tandis que plusieurs pêcheurs ont été arrêtés et de nombreux bateaux confisqués et remorqués au port d’Ashdod. »
Farhat a ajouté que l’accord permettant aux pêcheurs de naviguer jusqu’à six miles nautiques n’est que des paroles vides car Israël continue de limiter la distance autorisée à trois ou quatre miles au maximum.
Le harcèlement des agriculteurs et des pêcheurs n’est qu’une partie des violations israéliennes continues de l’accord de cessez-le-feu qui a permis la fin de la guerre contre Gaza. Selon un rapport obtenu du PCHR, dans la matinée du 23 novembre, Israël a tué un chasseur palestinien près de la frontière avec Israël, à l’Est de la ville de Jabaliya située au nord de Gaza. Ce soir-là, Israël a grièvement blessé un enfant dans le village de al-Shawka, au Sud-Est de Rafah.
Un porte-parole du Ministère de l’Intérieur à Gaza, Iyad al-Bozom, a déclaré que depuis la signature de l’accord de trêve avec la partie palestinienne le 26 août dernier, Israël n’a pas cessé de violer son engagement. En octobre seulement, il y a eu plus de 15 cas de fusillades de la part d’Israël, principalement contre des pêcheurs, en plus de trois blessures et cinq cas d’arrestations en mer.
Bozom a ajouté : « Il a été convenu dans l’accord que le blocus soit levé, les passages ouverts et les matériaux de construction autorisés à entrer dans Gaza contre un cessez-le-feu entre les Palestiniens et les Israéliens. Cependant, malheureusement, depuis le premier jour de la signature de l’accord, l’occupation n’a pas respecté les conditions consenties et jusqu’à ce moment même, les matériaux de construction dont il a été question dans l’accord n’ont pas été autorisés à entrer dans la Bande. »
Et d’ajouter : « Les violations de l’occupation sont nombreuses. Elle attaque fréquemment les pêcheurs et tente d’imposer une zone de pêche spécifique comme un fait accompli. Les opérations de tirs touchent également et assez souvent les régions frontalières et les agriculteurs. »
Par ailleurs, Bozom a prévenu que compte tenu des violations commises par Israël et son non-respect des termes de l’accord, les circonstances risquent de déclencher une explosion, à n’importe moment. »
Les dernières violations israéliennes du nouvel accord de trêve ainsi que les tentatives israéliennes de se soustraire à plusieurs de ses dispositions semblent conduire à une tournure rapide des évènements où la porte de la trêve sera fermée par la cessation de l’accord, tout en ouvrant la voie à la préparation d’une nouvelle guerre.
* Mohammed Othman est un journaliste de la bande de Gaza. Il est diplômé de la Faculté des médias au département de la Radio et de la Télévision à Université Al-Aqsa, à Gaza en 2009.