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vendredi 28 novembre 2014

Les missiles iraniens donnent l’avantage au Hezbollah dans la guerre de dissuasion contre Israël

En annonçant avoir fourni au Hezbollah des missiles sol-sol Fateh-110 de pointe, Téhéran a donné encore plus de « cauchemars à l’armée israélienne » comme l’a écrit le quotidien israélien Yediot Ahronoth samedi. De quel type de missiles s’agit-il et quel est leur impact sur ce que les Israéliens appellent la « rupture de l’équilibre » ?

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Document publié le 25 août 2010 par le ministère iranien de la Défense, montrant le tir d’essai d’un missile sol-sol Fateh 110 - Photo : AFP/Ministère iranien de la Défense/Vahid Reza Alaei
Le modèle le plus avancé des missiles Fateh-110, le Fateh-110-D1 est un missile de quatrième génération qui a été dévoilé en 2012. Le Fateh-110-D1 est remarquable de vitesse et de précision. Il a une portée de 300 km, est équipé d’une ogive de 500 kilos et on peut augmenter sa portée en lui adaptant une ogive plus légère. Le missile est aussi équipé d’un nouveau système de ciblage qui lui donne une précision sans faille.
La quatrième génération de Fateh-110 est plus puissante et plus avancée que les trois précédentes. Elle carbure au combustible solide ce qui permet un lancement rapide qui nécessite peu de préparation. Elle a un système de ciblage d’une grande précision et elle ne dévie pas de sa route quelles que soient les conditions atmosphériques. En d’autres termes, cette génération de missiles est caractérisée par un tir rapide et moins de préparatifs avant le tir.
Le missile peut attendre la vitesse de Mach 3,7, soit 4,533 km à l’heure. Cela signifie qu’un missile équipé d’une ogive de 500 kilos peut atteindre le Ministère de la Guerre et le Quartier Général israélien de HaKirya, à Tel Aviv, en deux minutes et en moins d’une minute, s’il est équipé d’une ogive de 300 kilos.
Sept missiles Fateh-110-D1 rendraient inopérant tout le système de défense anti-missiles de Tel Aviv en moins d’une minute. Un missile de la nouvelle génération est capable d’atteindre l’installation électrique israélienne la plus importante, celle de al-Khudaira (Hadera) au nord de la Palestine occupée, en moins d’une minute, en riposte à une attaque israélienne sur des installations électriques libanaises. Pour reprendre une expression chère aux Israéliens, cela renverrait Israël et ses citoyens à « l’âge de pierre ».
Du point de vue d’Israël, le fait que le Liban possède de tels missiles « rompt l’équilibre ». Ces missiles garantissent au Liban une capacité de destruction égale à celle d’Israël en temps de guerre et représentent une force de dissuasion qui empêche Israël de mener des attaques de grande ampleur contre le Liban en dehors des périodes de guerre. Les règles qui régissent les hostilités entre deux guerres ne sont pas claires. Mais cela ne fait pas de doute que la présence de ces missiles aux mains du Hezbollah, ajouté à ses autres atouts, donne l’avantage à celui-ci et oblige Israël a réfléchir à deux fois avant d’attaquer le Liban.
Le système de quatrième génération Fateh-110 n’est qu’un des nombreux moyens de dissuasion que le Hezbollah a opposé à Israël pour le dissuader d’attaquer le Liban toutes ces dernières années. Même une attaque limitée entraînerait une confrontation d’envergure. Cette arme, ajoutée aux autres, a protégé le Liban, son peuple et ses infrastructures. Sans elle, Israël n’aurait pas épargné le pays.
Cela signifie-t-il pour autant que Tel Aviv n’attaquera pas le Liban ? Pas du tout. La dissuasion mutuelle n’empêche pas les guerres, elle diminue simplement leur probabilité. Israël n’attaquera pas le Hezbollah tant que sa puissance militaire et sa détermination sont suffisantes pour l’en dissuader. Mais si le Hezbollah montrait le moindre signe de faiblesse, Israël n’hésiterait pas à l’attaquer aussitôt. C’est ce qui est arrivé dernièrement, quand Israël a cru que le Hezbollah était trop occupé avec la Syrie pour pouvoir riposter à ses attaques. C’est le problème de la dissuasion mutuelle, on peut faire des « erreurs de calculs ».
Alors, un conflit de grande envergure est-il peu probable ? Je suis tenté de répondre : oui... mais... « Oui » parce que la dissuasion mutuelle fonctionne par le fait même que chaque camp étant capable de détruire l’autre, aucun des deux n’a envie de déclencher une guerre qui l’anéantirait aussi. Et « mais » parce que la situation est explosive et que chaque camp a ses lignes rouges et est décidé à riposter si ses lignes rouges sont violées. Israël va-t-il faire une autre erreur de calcul ? La balle est dans son camp.
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Traduction : Info-Palestine.eu - Dominique Muselet